Arroser les entreprises de l’Hexagone avec des marchés publics ne suffit plus à l’Etat. Il décide désormais de sponsoriser l’évènementiel de promoteurs français au Sénégal.
Au week-end du 15 et 16 avril prochains, sera organisé, avec la bénédiction du château, le Marathon de Dakar du Français Sébastien Bottari. Ainsi, sur les affiches qui polluent certaines artères de la capitale, des sociétés publiques et privées se sont associées à l’événement, avec sans doute de gros chèques. Et pendant ce temps, le Meeting d’athlétisme de Dakar, censé fabriquer de futurs champions, est en train de mourir de sa belle mort.
Alors que Dakar tient déjà et gratuitement un grand marathon international, avec Eiffage, le gouvernement bénit l’organisation d’un autre par un privé. Le «Marathon de Dakar», prévu le week-end du 15 au 16 avril prochains, sera organisé par une entreprise privée. Et le gouvernement qui n’avait dépensé aucun sou sur le premier, va casquer gros pour le nouveau. L’Etat et ses démembrements sont, en effet, à pied d’œuvre pour la réussite de cet événement organisé par un privé, du nom de Sébastien Bottari, initiateur du tournoi (Dg Zénith Sports, une agence spécialisée dans le marketing, le sport et la communication). Lequel n’en est pas à son premier coup en Afrique, car il est aussi le promoteur du Meeting du Gabon depuis quelques années.
Il suffit de passer par la corniche ou sur la route de l’aéroport pour se rendre compte de la campagne d’affichage annonçant l’événement à grandes pompes. Du Port autonome de Dakar à la Senelec, presque toutes les grandes entreprises de l’Etat ont apporté leur contribution pour la réussite de ce marathon de Dakar. Sans compter des entreprises privées qui ont également casqué pour figurer sur la liste des sponsors de l’événement béni par le château qui aurait donné des instructions fermes pour «courir avec Sébastien Bottari». Et c’est le ministre des Sports, Matar Bâ en soi, qui a lancé la course par une conférence de presse le 13 mars dernier.
Au vue de tous ces soutiens financiers, la Fédération sénégalaise d’athlétisme (Fsa) qui tire le diable par la queue pour tenir son Meeting international de Dakar, doit être folle de rage. Car, elle éprouve d’énormes difficultés pour boucler son budget. N’eussent été l’appui de la Mairie de Dakar et de l’Iaaf, le président de la Fsa, Momar Mbaye et ses collaborateurs allaient sans doute perdre l’organisation de cet évènement.
Des sources dignes de foi soulignent que le ministre des Sports, Matar Bâ n’y est pour rien, puisque ce n’est qu’au dernier moment qu’il a été convoqué pour donner un coup de pouce à l’organisation. Quitte.
Sollicitée, la société Eiffage a refusé, selon une source, de mettre ses sous dans ce «business» en disant qu’elle a organisé un grand meeting où elle n’a attendu un seul sou de l’Etat du Sénégal. «Si on avait mis tout cet argent qui a servi à l’organisation du Marathon de Dakar à la disposition de la Fédération sénégalaise d’athlétisme, on fabriquerait des champions, au lieu de se faire humilier aux Jeux olympiques de Rio», se désole un sportif sénégalais.
Par ailleurs, les organisateurs disent s’engager à reverser la totalité des inscriptions à la lutte contre le cancer du sein. C’est bien. Sauf que la somme de 500 francs pour les enfants, 1 000 et 2 000 francs pour les adultes qui seront collectées, ne pèse pas lourd sur la balance par rapport au pactole que Sébastien Botarri va amasser avec le soutien de l’Etat du Sénégal qui aurait déjà casqué très fort en attendant que les autres entreprises suivent.
Seyni DIOP