La date butoir du 31 mars retenue pour le vote du budget municipal a été dépassée depuis plus de deux jours déjà.
Ce qui, au regard des dispositions prévues dans le code des collectivités, laisse libre cours à l’autorité administrative qu’est le préfet du département de décider de la définition et de la validation dudit budget du conseil municipal. Une situation que les conseillers ont vainement tenté d’éviter en usant de tous les voies légales mises à leur disposition par ledit code. Après le report de la première session pour défaut de présentation du compte administratif, ces conseillers ont effectué une sortie à travers la presse pour sommer le maire à convoquer une seconde fois pour que le budget puisse être voté. Une première tentative qui n’a rien donné. Aussi, de guerre lasse, ils ont, conformément aux textes régissant les collectivités, envoyé une correspondance en date du 20 mars au maire avec ampliation au gouverneur de la région, au préfet du département et au receveur-percepteur afin de le contraindre à convoquer la session. Ce qui, font-ils savoir, n’a servi à rien puisque le maire a continué à faire dans le dilatoire et jouer avec le temps.
La stratégie du maire semble aujourd’hui concluante. Le délai de rigueur ayant expiré, c’est au préfet du département que revient désormais, sauf extraordinaire, la charge d’élaborer et de valider le budget de la mairie ville de Thiès. Aussi les conseillers, mis devant le fait accompli, d’en tirer les conclusions. Pour Lamine Diallo qui parlait au nom de ses pairs lors d’un point de presse tenu samedi dernier au cyber Campus, la situation qui se présente à eux ne peut être perçue que sous trois formes. D’abord, une violation flagrante de l’article 145 du code des collectivités locales qui stipule qu’au cas il y a un refus catégorique du maire de convoquer son conseil municipal, le préfet peut le contraindre à le faire. A défaut, poursuit l’article, la majorité des conseillers peut contraindre le maire à convoquer. Ce qui, dit-il, a été fait. Car, même s’ils ne peuvent pas dire avec exactitude que le préfet s’est ou non exécuté, les conseillers, en ce qui les concerne, l’ont fait. Puisqu’une liste de 45 conseillers signataires a saisi le maire par correspondance pour exiger de lui qu’il convoque le conseil municipal. Une autre forme de perception, toujours selon Lamine Diallo, est qu’il y a, dans cette affaire, une agression de l’article 259 du même code qui dit qu’on ne peut pas voter un budget sans arrêter les comptes de l’année N-1. En d’autres termes, le maire ne peut pas avoir un nouveau budget sans que le conseil municipal n’arrête et ne vote le compte administratif de l’exercice précédent.
En fin, dit-il, avec cette présente situation, ce à quoi on assiste n’est autre qu’une mise tacite de la mairie ville de Thiès sous délégation spéciale par l’Etat du Sénégal. Une délégation spéciale dont le président nommé n’est autre que Talla Sylla. Surtout quand on sait qu’avec la nouvelle donne, ils ont contourné et poignardé l’organe délibérant qu’est le conseil municipal. Et qu’en conséquence, quand une collectivité locale n’a plus son organe délibérant, c’est une délégation spéciale de fait. Aussi les conseillers d’en arriver à la conclusion qu’il ne s’agit ni plus ni moins que d’une haute trahison des préoccupations des Thiessois à travers les élus qu’ils sont et à qui ils ont confié la charge d’insuffler les orientations budgétaires de leur ville. Par conséquent disent-ils, « ce budget qui sera élaboré, taillé sur mesure pour le maire Talla Sylla et approuvé par le préfet du département ne va pas nous lier. Ce budget conçu à notre insu ne nous liera pas tout comme d’ailleurs les futures délibérations du conseil municipal. Nous n’accepterons pas de cautionner ce manque de respect aux conseillers et à l’institution municipale. Ils peuvent nous contourner, faire ce qu’ils veulent mais nous, nous restons conseillers représentants des populations de la ville de Thiès ». Et de poursuivre pour se demander quel est la nébuleuse dans sa gestion que Talla Sylla veut cacher au point de refuser de présenter à son conseil municipal le compte administratif de la gestion précédente
Sidy DIENG