CHRONIQUE DE MAREME
Malick : le Retour
Je suis très ému de revenir à la maison après quatre mois d’absence. Je tiens à peine debout car, je ne me suis pas complétement remis de l’accident. Je suis retombé dans le coma, le jour de notre arrivé en ville. Comme l’avait prédit Jean (le docteur), le voyage a été un vrai parcours de combattant, un risque qui m’a encore une fois presque ôté la vie. On m’a hospitalisé dans une clinique de la place ou j’ai fait plus de deux semaines. Jean a été pour moi, plus qu’un sauveur, mais un ange gardien tombé du ciel.
Dix jours après mon réveil, j’ai contacté Suzanne. Elle m’a raccroché au nez plus que choqué, j’en ai même ri. Je l’ai rappelé et elle pleurait comme une madeleine. Comme j’étais à l’hôpital, je lui ai demandé de ne pas avertir ma famille pour ne pas les inquiéter et surtout que je voulais leur faire la surprise. Elle me raconta tout ce qui s’était passé après ma disparition. Qu’on avait mis à la tête de mon cabinet un avocat venue de la France et que ce dernier peinait à trouver ses marques. Chez moi, ma mère est en train de vilipender tous mes biens et que même un oncle était déjà venue avec un avocat se renseigner sur mes actions du cabinet entre autre. J’étais abasourdi. Kou dé dale niake (qui meurt perd tout).
Aussi, j’ai été très ému d’apprendre qu’Aicha avait été hospitalisé deux fois de suite. Et qu’elle était dans un état si dépressif qu’elle n’a pas pu assister à mon soit disant deuil. Je savais qu’elle m’aimait mais, pas à ce point et le meilleure est que c’était réciproque. Au fond de moi, je sais que si j’ai réussi à survivre c’est grâce à elle, grâce cet amour fou et inexplicable que je ressens pour elle.
Suzanne m’a rejoint trois jours après avoir eu son passeport et tout ce qu’il fallait pour payer la clinique. L’argent que je devais a Jean et les autres dépenses fictives. Avant mon départ du Congo, j’ai pris les contacts de Jean, me promettant de l’aider dans la discrétion tout en finançant intégralité de son séjour et ses recherches à Congo.
J’ai quitté l’aéroport direction l’agence ou Aicha travail maintenant, d’après les dire de Suzanne. On m’a appris que cela fait deux jours qu’elle n’est pas venue. Alors je suis allé à son appartement mais j’ai frappé en vain personne n’a répondu. Finalement je suis allé chez Abi, pensant qu’elle y était. Quand la domestique vint m’ouvrir avec mon bébé Fatima dans ses bras, je fus très ému. Je l’ai prise doucement dans mes bras pour ne pas la réveiller et l’ai embrassé très fort. Elle avait grandi et ressemble un peu plus à sa mère. Ensuite, j’ai couru comme un fou dans l’appartenant où j’ai trouvé Abi. J’étais sûr qu’elle allait s’évanouir, lol. Après l’avoir déposé au lit, je m’empresse d’entrer dans la douche où, je croyais trouver ma raison de vivre. Là encore, rien. Enervé j’en sors avec un peu d’eau à la main que j’asperge sur le visage d’Abi. Elle a sursauté avant de s’assoir complétement paniquée. On aurait dit que j’étais un fantôme. Je l’ai pris dans mes bras et elle a fondu en larmes en s’agrippant à moi comme une bouée de sauvetage. Ne pouvant plus attendre, je lui demande entre deux sanglots où est Aicha. Au lieu de me répondre, elle pleure encore plus fort. Je soulève sa tête, en le regardant droit dans les yeux.
– je lui demandai encore une fois Où est Aicha, un peu inquiet.
– Je, je….Elle se tait et regarde en bas. Je suis son regard et vois un papier que je m’empresse de prendre. Plus je le lis, plus mon cœur bat plus vite. Je regarde Abi qui était horrifiée avant de relire le papier.
C’est quoi cette histoire, écris-je. C’est une blague – j’en haussant le ton.
– Je n’en sais pas plus que toi, je viens à peine de revenir chez ta mère et j’ai trouvé la bonne avec le bébé et le papier qu’Aicha a laissé.
– Donne-moi ton portable s’il te plaît.
– J’ai essayé et je tombe sur sa boite vocale, de même que sa mère. Je l’écoute à peine et lance l’appelle. Je manque de plus en plus de respiration et ma poitrine se compresse quand je n’arrive pas à la joindre. Mes mains tremblent et la panique commence à me gagner. A tel point que j’ai eu un moment de blanc interrompu par Abi qui vient se blottir contre moi.
– Je n’arrive pas à croire que tu es vivant. Merci mon Dieu dit – elle en continuant de pleurer. Je réponds à son accolade cinq secondes avant de me détacher d’elle.-
– Il faut que j’y aille dis – je la voix tremblante.
– Bien sûr et s’il te plaît ne sois pas dur avec elle. Je ne sais pas ce qui se passe mais, s’il y a une chose dont j’en suis sûre c’est que ta disparition l’a complétement détruite.
– Je sais. Ça n’a pas de sens qu’elle se remarie si vite. Je vais aller chez ses parents. Avertit Oumi et ma mère. J’irais les voire après, là, il y a plus urgent.
J’ai quitté la maison, presque en courant. Mon Dieu Aicha, c’est quoi cette histoire ?
Menoumbé : de la parole à l’acte
Cela fait trois jours que je ne dors pas. Depuis ce fameux soir où Aicha est venue nous voir pour nous annoncer son envie de se remarier avec ce monstre. Vu la manière dont elle nous l’avait annoncé, j’ai tout de suite devinée que s’était sous contrainte. Mais malgré nos supplications, elle n’a rien voulu entendre. Papa a fini par lui raconté l’histoire avec Niangue et même là, elle est resté campé sur sa décision. Mon père est allé jusqu’à la menacer de la renier comme étant sa fille mais rien. Ma mère a pleuré toutes les larmes de son corps, n’empêche cela ne l’a pas attendrie. J’avais l’impression d’être en face d’un robot et sa froideur me glaçait. Bref, malgré toutes nos tentatives pour la ramener à la raison, elle est restée de marbre. Nous étions désespérés.
Finalement mon père refusa de donner la main de sa fille à ce salaud. Quant à ma mère, elle est partie tôt ce matin en Mauritanie. Il y avait un grand érudit qui vivait là-bas et dont – on connaissait son don de voyance et les prières coraniques presque miraculeux qu’il prodiguait. Ma mère était sûre et certaine qu’il y avait une raison noire à la vie chaotique d’Aicha. J’espère qu’elle a raison mais, même si c’était le cas, c’est trop tard car Aicha se marie aujourd’hui, sans notre accord. Nous sommes si tristes que nous n’avons pas eu le courage d’ouvrir la boutique. Je me sens si impuissant. Peut – être que je peux l’appeler pour lui dire que finalement papa avait changé d’avis et dès qu’elle sera là, je la kidnappe et la cache quelque part.
J’étais dans ces réflexions quand on frappa très fort à la porte d’entrée. Comme un fou, je m’y suis précipité espérant qu’elle avait changé d’avis suivi de près par mon père. Grande fut notre surprise en voyant debout en chair et en os Malick. Pour la première fois de ma vie, j’ai perdu la parole.
– Où est Aicha demande – t – il avec appréhension. Papa me prend brusquement le bras en titubant. Nous nous précipitons vers lui et l’amenons au salon. Le stress de ces derniers jours a eu raison sur lui et voir Malick vivant l’a achevé. Je suis allé lui chercher de l’eau à boire et nous avons essayé tant bien que mal de gérer son malaise. Je regardais Malick de temps en temps, ne croyant toujours pas à ce que je voyais.
– S’il te plait dis-moi où est Aicha et c’est quoi cette histoire de mariage. Je vais devenir fou si vous ne me dites pas ce qui ce passe, finit – il en nous regardant tous les deux. Je le fais éloigner un peu, le temps que mon père se ressaisisse pour parler à Malick
– Je suis content de voir que tu es vivant Malick. L’heure est grave. Aicha va se marier avec Wilane. Il fronce les cils. Oui, le violeur et bandit là sur qui elle avait tiré. Aujourd’hui je peux te le dire. C’est à cause de lui que nous avons fui Fatick et je lui racontai tout ce que j’avais appris il y a un mois. Plus je parlais, plus le visage de Malick se décomposait. A la fin, il était vert de colère.
– Je vous tiendrais responsable s’il lui arrive malheur car, j’estime que vous auriez dû nous en parler. Il donna un coup violant à la porte avant de faire une grimace et de se tenir le côté.
– Ça va ?
– C’est ma blessure de l’accident mais, ce n’est pas important. Tu sais qu’elle numéro la joindre ?
– Non. Elle est passée avant-hier et nous a annoncé qu’elle allait se marier aujourd’hui. Mon père est allé jusqu’à la menacer mais rien. Je te jure Malick et j’en suis sûr qu’elle agit sous le coup du chantage. Elle est comme une mort-vivante, tu aurais dû la voir.
– Je sais mon frère mais, ne t’inquiète pas, il va le payer.
– C’est un homme dangereux Malick, il…
– Je préfère mourir que de rester ici à ne rien faire. Elle ne sera jamais à lui. Jamais.
– Qu’est-ce que tu vas faire ?
– D’abord récupérer ma femme, ensuite le détruire.
– Comment ?
– Tu ne sais pas de quoi je suis capable quand on réveille le lion qui dort en moi. Il tourne les talons et sort de l’appartement en dévalant les marches. Je le regarde admiratif un moment avant de le suivre en courant. Cette fois je ne resterais pas passif. Wilane on arrive…
Fusille : le bouclier
Je regarde encore une fois ma montre, il est presque midi et patron n’est toujours pas réveillé. Il voulait faire une grande fête pour le mariage de la mosquée mais, Aicha l’a convaincu lui disant qu’elle venait à peine d’enlever son voile. Il lui a accordé cela sans problème mais, le plus ahurissant c’est qu’il n’a pas dormi hier dans la même chambre qu’elle. Monsieur veut jouer les maris attentionnés et amoureux. Si l’amour rend bête comme ça, je ne veux pas tomber amoureux. Malheureusement pour le personnel, il a déversé sa frustration sur eux. Vu comment son mariage était triste et sans consommation. Wilane a surement dû se consoler avec sa drogue qu’il consomme chaque jour un peu plus.
Mais la mauvaise nouvelle que je viens de recevoir me pousse à aller le réveiller. Comment cet homme a pu survivre dans ce crash ? Est – ce un démon ou un béni de Dieu ? Je monte rapidement les escaliers et m’en vais frapper à la porte. J’insiste encore une minute avant qu’il ne vienne l’ouvrir et me donner une belle gifle comme je l’attendais.
– J’espère que c’est une affaire de la plus haute importance dit – il en grinçant les dents.
– On vient de m’apprendre que l’avocat Malick Kane est de retour en ville.
– Comment est – ce possible qu’il soit vivant ?
– Je ne sais pas monsieur mais, d’après mes renseignements, il s’apprête à venir ici récupérer sa femme. Il recule d’un pas avant d’éclater de rire et d’aller s’assoir dans son lit.
– Je te jure que s’il franchit les grilles de ma maison, je vais le tuer de mes propres mains.
– Il ne faut pas le sous – estimer Patron. Mon indique à la police dit qu’il est en train de remuer toute la police et la justice. À l’heure où je vous parle une armée est en train d’être mobilisé pour lui.
– Il n’osera jamais m’attaquer sans un mandat.
– Il a ce mandat patron, c’est le grand juge même qui l’a signé. Je ne sais pas comment il a fait en si peu de temps mais, il a toute les cartes en main.
– Et qu’est – ce que tu me conseilles ? demande – t – il paniqué.
– Lui rendre sa femme ou fuir ? Ces yeux sont rouges de colère.
– Pour reprendre Aicha, il faudra me passer sur le corps. Aicha est à moi….il arrête de parler et marche comme un fou dans la chambre.
– Pourquoi se donne autant de mal pour une…. Je me tais vu le regard de haine qu’il me lance.
– Appelle moi tout tes hommes et…
– Ils ne seront jamais à temps ici et en plus engager une guerre avec la police c’est ce mettre à dos la loi. Ce que nous avons évité jusqu’ici. Je vous l’ai dit patron soit nous fuyons soit nous lui rendons sa f…..
– Alors fuyons. On va prendre la route jusqu’en Gambie. De là-bas, on prend un avion pour le Nigéria et après l’argentine.
– Il vaut mieux que je reste pour protéger vos intérêts ici.
– Ok fait sortir la voiture dit – il en finissant de s’habiller. Je vais dire à ma femme que nous partons en lune de miel. Elle n’y verra que du feu.
– Savez-vous au moins les risques que vous prenez en faisant tout cela ?
– Ce ne sont pas tes oignons. Je vais gérer, pour l’instant, il y a plus urgent.
Je sors de la chambre, en bouillonnant de l’intérieur. Shiipp, tous les grands hommes dans ce monde sont tombés à cause d’une femme. Patron cour tout droit à l’abattoir et le pire c’est qu’il le sait mais, cette Karaba la sorcière la complétement ensorcelé. Le cartel ne lui pardonnera jamais ce petit égarement surtout en ce moment où nous somme à rude concurrence avec une nouvelle vague de drogue dure mis sur le marché par nos concurrents. Comme je reste pour surveiller ses arrières, je pourrais bien en profiter pour prendre sa place. Cette dernière pensée me fit sourire et les idées pour l’écarter définitivement commencent à jaillir de ma tête. Kéh kéh kéh…..
Quelque part en Mauritanie
Depuis que ma fille est revenue avec cet homme ce soir-là, de je ne sais où, je n’ai plus dormi. Elle n’a rien voulu me dire et elle juste entrait dans sa chambre se recroqueviller sur son lit. Les yeux hagards, elle regardait dans le vide sans faire fi de ma présence et cela pendant toute la nuit. J’ai prié de tous mon âme, de toutes mes forces pour elle. Déjà que depuis une semaine je n’arrêtais pas de faire ce rêve monstrueux de ma fille en train de courir comme une folle poursuivit par les ombres. Elle finissait toujours par tomber du haut de la montagne et de disparaitre dans les ténèbres. Je me réveiller en sueur et je fondais en larme reprenant mon chapelet pour prier. Je me disais que Dieu allait m’aider à la protéger. Alors quand, j’ai vu ce monstre avec son sourire de Satan, j’ai compris que s’était une prédilection, un avertissement et que si je ne faisais rien, elle allait mourir.
J’ai alors appelé mon père à Kaolack qui en a parlé à son marabout qui en retour m’a dit de faire ce voyage pour venir voire Cheikh Ould Kabir. J’ai quitté le pays plus tôt que possible laissant ma fille qui s’apprêtait à se remarier. Moi tout ce que je voulais c’est que ce rêve ne se réalise pas. Je suis arrivé à Nouakchoc très tôt et cela m’a pris encore une journée pour rejoindre cette terre bénite ou vivait ce grand érudit. Malgré le fait que je sois arrivée la nuit, il me reçut dans une grande tente à la mauritanienne. Moi qui croyais que j’allais avoir tous les maux de la terre pour qu’il me reçoive, j’ai vu qu’il n’avait pas trop de protocole et que les gens ici vivaient avec tout le naturel du monde. J’ai été touché par son accueil si chaleureux et le sourire de ce vieil homme avait enlevé presque la moitié de mon angoisse. Dès le premier abord on voyait que c’était un homme de Dieu. Je lui ai raconté de long en large l’histoire d’Aicha, tout ce qui lui est arrivé dans le passé et ce qui lui arrive en ce moment. Quand j’eu fini, j’étais en pleur. Je lui racontai aussi mon rêve. Durant tout le temps qu’à durée mon speech, il n’a rien dit, juste acquiescer la tête de temps en temps. A la fin, il me fit comprendre qu’il me dira ce qu’il en est et m’invita à diner. On me servit une multitude de plat les uns meilleurs que les autres. Je vois que ce n’est pas seulement le Sénégal qui a cette hospitalité légendaire. J’aurai voulu honorer leur nourriture mais, il y avait toujours cette boule au fond de ma gorge qui m’empêche de jouir des plaisirs qu’on m’offrait.
Le lendemain vers 10 h, le sage me rappela dans sa tente. Mon cœur battait très vite. Dès que je me suis assise en face de lui, j’ai lancé sans le saluer
– Alors ?
– Les hommes sont mauvais. Hasbounalah iwa nihmal Wakim. Vous aviez raison ma fille.
– Qu’est – ce que vous avez vu ? Demandais – je d’une voix tremblante.
– Je ne sais pas encore de quoi il en retourne mais, on a jeté à votre fille un sortilège noir comme le charbon qui est la cause de toutes ses successions de malheur dans sa vie.
– J’en étais sure et comment faire dis je ne pleurant.
– Vous devez faire réciter le Coran 313 fois mais, j’ai peur que cela ne soit trop tard.
– Pourquoi….mon cœur rate un battement
– Le sang, il y a beaucoup trop de sang autour d’elle. Je me prends la bouche d’effroi.
– Alors il n’y a pas de temps à perdre. Tant qu’il y a la vie, il y a de l’espoir.
– Vous avez raison ma fille. Je vais mobiliser tous mes hommes et inchallah, on fera tout pour finir en trois jours au plus tard.
– Pourquoi vous faites tout ça pour moi, je….mes pleurs m’empêchent de continuer.
– Dieu vous a envoyé vers moi pour que je vous aide car vous êtes une femme bonne et pieuse. C’est une mission que je me dois d’accomplir. Quand tout ça sera fini, la femme qui a fait ça sera maudite dans ce monde.
– Donc c’est une femme ?
– Oui, votre belle-sœur Soukey. Je le regarde bouche bée, hé Allah.
Aicha : prise au piège
Cela fait trois jours que je suis au Nigéria. Je ne sais pas ce qui se passe mais, j’ai l’impression que cet homme qui se dit être mon mari, fuit quelque chose. J’en ai eu la certitude quand il m’a donné ce matin un nouveau passeport avec une nouvelle identité. En plus, il est tout le temps au téléphone à chuchoter et quand je m’approche, il s’éloigne. Je ne sais pas ce qu’il cache mais, j’ai l’impression que cela à avoir avec moi. J’en ai eu la certitude quand je lui ai demandé de me prêter un téléphone pour appeler les miens. Il a refusé, prétextant que ces derniers l’ont rejeté et n’ont même pas voulu le voir. Donc pour lui, comme je suis sa femme, il est ma seule famille. Aujourd’hui en sortant, il est allé jusqu’à m’enfermer dans la chambre d’hôtel alors qu’avant il m’encourageait à sortir faire du shopping. Il savait que j’allais tout faire pour les joindre. J’ai essayé d’appeler à partir du fixe de la chambre d’hôtel mais, le réceptionniste m’a dit que ce n’est pas possible.
Là, je suis si à cran que je vais exposer. J’ai sacrifié ma vie, abandonné tous ceux qui comptaient pour moi. S’il a osé toucher à un de leurs cheveux, je le tue, wallahi. J’entends la porte s’ouvrir, je fonce vers lui.
– Qu’est-ce que tu leur as fait ? Dis le moi criais – je avec hystérie.
– Non de Dieu, de quoi tu parles ?
– Tu me crois si bête que cela ? Tu fuis le Sénégal comme un voleur sans rien emporter. Ensuite tu changes nos identités et maintenant tu refuses que je joigne ma famille ?
– Ce n’est pas ce que tu crois bébé ? Je…
– Ne m’appelle pas bébé, criais – je. Ces yeux se noircissent de colère, il prend une vase posée sur une table et le jette violemment dans un mur. Je sursaute et recule.
– Ne me provoque surtout pas, je suis bien assez gentil avec toi en ne prenant pas mon dû. J’ai juré de ne rien intenter contre ta famille si tu devenais ma femme alors je tiendrais promesse. Il ne faut jamais remettre en cause la promesse d’un caïd, c’est compris et je te préviens, dès qu’on sera installé, tu vas accomplir ton rôle de femme. Basta ? J’ai commencé à pleurer désespérée au plus haut point.
– S’il te plait, je veux juste les saluer. Si tu n’as rien à te reprocher alors permets moi de leur parlé au téléphone une minute ; s’il te plait, juste une minute sanglotais – je.
Il me regarde un instant, comme s’il était dégouté et ressort de la chambre en claquant violemment la porte. Je me suis recroquevillé sur moi-même et ai pleuré encore de plus belle. Ma vie est vraiment immonde. Dix minutes plus tard, il rentre dans la chambre et se met devant moi.
– Je t’autorise à appeler ton frère et à parler uniquement avec lui. C’est compris ? Surtout ne lui dis pas où nous sommes ni rien du tout. Je fais oui de la tête en m’asseyant. Je donne le numéro et il lance l’appelle toujours en gardant le téléphone à la main qu’il met sur haut-parleur.
– Allo ? Mon cœur bat plus vite. Je n’arrive pas à parler tellement je suis émue.
– C’est moi Aicha, dis – je à peine. Il reste silencieux une seconde avant de dire
– Salut Aicha. Comment tu vas ?
– Ca va et toi ? Comment vont papa, maman ? Tu as des nouvelles de ma fille ? Passe-moi maman s’il te plaît. A cet instant Wilane fait signe de couper alors je m’empresse de me rectifier. Non laisse tomber. Dis-moi juste si tout va bien là-bas ? Vous n’avez rien. Je l’entends respirer fortement avant de me dire ;
– Nous allons tous bien ici Aicha. Tu devrais… Il faut… il se tait encore.
– Ne t’inquiète pas, je vais bien et il me traite normalement. Je voulais juste prendre de tes nouvelles. Dis à papa et à maman que je les aime très fort…J’arrête de parler car mes larmes commençaient à couler et je ne voulais pas qu’il m’entende hoqueter.
– Nous t’aimons tous aussi très fort et prions tous les jours pour toi. Soit forte petite sœur, Dieu veille sur toi et….tint tint tint. Wilane venait de nous interrompre et jeter le portable au mur le mettant en miettes. Je me prends la bouche d’horreur.
– C’est bon là ? Tu voulais savoir s’ils vont bien et c’est fait. Maintenant fais ta valise, nous partons et il entre dans la douche. Je me lève avec peine et range le peu de bagages que nous avons. Durant les jours qu’on a passés ensemble, il m’achète tous les soirs une nouvelle robe avec chaussure et bijoux. Ensuite il dine avec moi dans un restaurant chic et essaye d’être le plus gentleman possible. Ho que je déteste cet homme. Il suffit qu’il me touche pour que j’ai envie de vomir. Il n’a encore rien tenté même quand nous nous couchons le soir. Mais, je sais qu’un jour il va me forcer à le faire. D’ailleurs il vient de le dire.
Maintenant que j’ai sauvé ma famille des griffes de cet homme, je me demande pourquoi continuer de vivre. J’ai perdu mes parents, mon enfant la prunelle de mes yeux et l’homme de ma vie, ma raison d’être. Plus rien ne me retient dans ce monde.
Wilane : le forcing
J’entre dans la douche hyper énervé. Je suis en train de prendre tous ces risques et madame commence à faire ses chichis gnagna. Il fallait que je lui passe son frère histoire de la rassurer car une femme qui commence à fouiller, finit toujours par trouver. Si elle sait que Malick est vivant, c’est foutu. Quand je suis revenu de l’hôtel, comme prévu, le réceptionniste m’a annoncé que madame les a appelé trois fois dans la journée pour qu’on l’aide à passer un appel au Sénégal. Heureusement que je les ai formellement avertis ce matin de ne pas le faire au cas où. Le fait qu’elle m’attaque si violemment dans la chambre ne me donnait plus le choix. Alors je suis descendu appeler Fusille pour qu’il me passe le numéro du frère d’Aicha. Je dois avouer qu’il est vraiment efficace. D’ailleurs ça me fait même peur, on ne sait jamais avec nos bras droits. A toujours côtoyer un prince, on finit par croire que l’on en est un.
Normalement on devait quitter ce pays demain soir car, j’avais un dernier rendez – vous important avec un des chefs de file de Boko Haram sur le contenair d’armes que j’ai réceptionné hier. J’espère qu’il ne va pas prendre cela comme un affront et qu’il acceptera de négocier avec Joseph, mon homme de main ici. Si je continue comme ça, le cartel va réagir et violemment. Pourvu que Joseph réussisse la transaction.
Quand je sors de la douche, Aicha est assisse comme une statue sur le lit. Elle ne parle jamais avec moi et fait tout avec automatisme. J’essaye d’être patient avec elle mais, je sens que je suis à bout. Je m’habille rapidement et prends nos passeports et autres. Je la vois essuyer une larme et je m’emporte.
– J’en ai marre de te voir pleurer, criais – je. Je ne veux plus voir des larmes ni que tu te comportes comme une machine devant moi. Soit tu fais semblant d’être une femme comblée soit je te tue et on en finit.
– Tue-moi alors, dit – elle d’une voix étranglée. Je recule d’un pas et la toise du regard.
– Je te dégoutte à ce point ?
– Tu ne peux même pas imaginer à quel point, articula – elle avec dédain. Le cœur serré, je l’agrippe et la soulève violemment en serrant au maximum mes points. Au lieu de crier que je lui fais mal ou quelque chose du genre, elle soutient mon regard avec haine. C’est peut – être pour ça que je l’aime autant. Elle est la seule femme qui me tient tête.
– Il y a des choses pires que la mort alors je ne te donnerais pas ce plaisir. Je l’enlace tendrement, respirant son parfum enivrant. Dès que l’on entre, je te ferais l’amour que tu le veuilles ou non. Elle se dégage violemment de moi et me crache sur le visage. Ce qui me donne encore plus envie. Je me retiens farouchement en me mordant la lèvre. Je regrette d’avoir pris un hôtel au lieu d’une maison car ici c’est facile pour elle d’ameuter les gens. Elle ne perd rien pour attendre. Rien que de penser à comment je vais m’y prendre pour l’adoucir me procure une joie immense. Dans un mois tout au plus, elle sera complétement soumise.
Finalement j’ai décidé d’aller en Suède car, c’est l’un des pays les plus corrompus au monde ou l’argent règne sur tout. Pour disparaitre des radars, il fallait que je fasse tout une fois sur place et avec mes nouvelles identités, ce sera facile. Stockholm est une belle ville. J’ai pris au hasard une agence immobilière sur internet et le même jour, il me dégotte un appartement de luxe dans l’un des immeubles les plus huppés de cette belle capitale suédoise.
Aicha se comporte bizarrement et ne veut pas manger depuis hier. Au début je n’en ai faisait pas attention mais maintenant, qu’on est installé bien au frais, il va falloir que je la force à manger. Il lui faut des forces pour ce que je m’apprête à lui faire. Je me suis arrêté au sexe – shop pour prendre tout ce qu’il faut pour ma soumise. Mais aujourd’hui je ne vais rien faire, trop fatigué après ce long voyage.
J’étais en train de déballer ma course : des paquets de corde, de rubans adhésifs, une menottes, et autres quand je surprends son regard interrogateur. Je sors mes trente-deux dents et lui lance.
– C’est au cas où, il te viendrait l’envie de te rebeller ma chère. Elle ouvre grandement les yeux avant de se prendre la bouche d’horreur. Cela me fait éclater de rire. Je sens que je vais bien m’amuser ha ha ha ha. Elle court dans la douche pour vomir. Shiipp dans un mois tout au plus, elle va me supplier de lui en redonner. Ha les femmes !
Une minute plus tard, elle sort de la douche et se dirige vers le balcon histoire de prendre l’air. J’en profite pour aller prendre une douche avant que le diner que j’ai commandé n’arrive. Avant cela, je vérifie que j’ai bien verrouillé la porte d’entrée et amène la clé avec moi. Quand je rentre dans la chambre, je constate qu’elle n’est plus sur le balcon. Le cœur en chamade, je cours vers la douche, rien. Je cours encore regarder sous le lit complétement paniqué et c’est là que j’entends des cris lointains. Tremblant, je me tourne vers le balcon vide. Non, elle n’a pas osé, murmurais – je les yeux en larmes…..
A lire chaque lundi…
Par Madame Ndèye Marème DIOP