Malgré la poursuite des travaux de construction de la centrale à charbon de Bargny, les populations continuent de s’opposer au projet. Elles l’ont encore manifesté aux techniciens de la Senelec, mardi, lors d’un atelier de partage.
Le comité consultatif communal de Bargny a encore manifesté son désaccord au projet de construction d’une centrale à charbon dans ladite localité. Il l’a réitéré mardi dernier lors d’un atelier de partage organisé par la Société nationale d’électricité (Senelec). Pour Daouda Guèye, porte-parole de ce comité consultatif, il y a des non-dits dans le projet d’érection de la centrale au charbon de Bargny. «On a l’impression qu’on veut faire disparaître Bargny de la carte du pays. Si les normes environnementales ne sont pas respectées, on va vers des problèmes. Bargny fait partie des quatre coins du Sénégal les plus menacés. Une étude a été faite récemment. Et on a constaté que les maladies pulmonaires sont devenues très fréquentes dans les centres de santé de Bargny. Donc, construire ce central à charbon ici, c’est vouloir tuer les populations», déclare Daouda Guèye, au nom de la société civile rufisquoise.
Dans son réquisitoire, le comité consultatif communal de Bargny souligne que le projet cache des zones d’ombres. «S’il avait reconnu le lotissement de Minam qui est à 200m, ce projet ne devait pas avoir lieu. La centrale est très nocif, car rejetant 1 tonne de CO2. Il y a également que les centrales à charbon sont dépassées, le gouvernement devrait plutôt s’appesantir sur le gaz. Cette centrale n’est même compatible avec le Pôle urbain de Diamniadio», indique Daouda Guéye.
Le projet, jadis porté par la société suédoise Nykomn synergétics, avait été lancé en 2008 par l’ancien président Abdoulaye Wade. La Senelec, qui agit au nom des Suédois, s’était vu attribuer par l’Etat du Sénégal 120 ha dans la zone de Bragny Minam, initialement affectée au relogement des populations de 1 443 familles victimes de l’érosion côtière.
La centrale financée à hauteur de 118 milliards de francs Cfa pose toujours problème. Et malgré le démarrage des travaux, le projet fait toujours l’objet d’un rejet des populations. La concertation initiée par la Senelec a suscité beaucoup d’interrogations de la part des populations.
Pour Issa Diène, le directeur des grands projets de la Senelec, la centrale de Bargny va couvrir le quart du besoin énergétique du pays. «Ce qui fait que le mix énergétique du Sénégal sera un mix économique», indique M. Diène. «Le type de charbon qui sera chauffé ici n’existe pas au Sénégal. Elle sera acheminé par des bateaux de l’Afrique ou des autres pays qui disposent de ce type de charbon», dira le directeur des grands projets de la Senelec.
Najib SAGNA