Le continent perd environ 50 milliards de dollars par an du fait de la corruption, annonce un rapport de la Commission économique des Nations-Unies pour l’Afrique. Et la présence des banques et des sociétés multinationales n’arrange pas la lutte contre la corruption. A en croire la publication, «la corruption des sociétés multinationales» coûte probablement beaucoup plus cher à l’Afrique que la corruption des innombrables petites et moyennes entreprises locales.
Le rapport de la commission économique des Nations-Unies pour l’Afrique révèle que les banques multinationales restent les principaux points de passage de la corruption. Car, relève le document, le problème des flux financiers illicites en Afrique a été rendu plus complexe par l’existence de juridictions pratiquant l’opacité financière. Selon le rapport du Groupe de haut niveau sur les flux financiers illicites en provenance d’Afrique, les juridictions pratiquant le secret bancaire «sont des entités telles que des villes, des Etats, des pays dont les lois permettent de garder secrète l’information bancaire ou financière dans toutes ou presque toutes les circonstances». Ainsi, renseigne la note, ces juridictions créent des structures et des facilités juridiques qui permettent à des personnes ou entités d’échapper plus facilement aux lois et règlements d’autres juridictions grâce à l’opacité financière. Il ressort du rapport que les paradis fiscaux que sont la Suisse et les Iles vierges britanniques, les pays comme les Etats-Unis et le Royaume-Uni comptent parmi les principales destinations des sorties illicites de capitaux en provenance d’Afrique. Environ 45 % des flux illicites atterrissent dans des centres financiers offshore et 55 % dans les pays développés. «La corruption est en effet l’un des principaux obstacles à la transformation structurelle en Afrique. La prise en compte de la dimension extérieure et transnationale de la corruption en Afrique facilite la prise de décision stratégique qui est globale et aide à s’attaquer au problème de la corruption à la racine», indique le document. Les entreprises multinationales profitent souvent de la faiblesse des dispositifs institutionnels pour corrompre les agents publics et bénéficier d’avantages indus pour payer très peu ou pas du tout de taxes, d’exploiter le partage inéquitable des rentes et obtenir des privilèges politiques dans les politiques de l’État. Les pays riches en ressources naturelles, principalement le Nigéria, l’Algérie et la Zambie, restent les principales sources de ces mouvements illicites de capitaux.
WALF