Souleymane Faye est un artiste au talent unanimement reconnu. Mais, derrière ce parcours, se cache un homme qui est passé par plusieurs épreuves aussi laborieuses qu’instructives qui ont fini de façonner un homme hors du commun. Diego, le nostalgique parlant de sa naissance, de ses premiers pas dans la musique, du décès de son père alors qu’il n’y avait que deux ans, son passage à Xalam… l’homme qui indique avoir marché du Canada aux Etats-Unis pendant 4 jours a un parcours riche, celui d’un véritable combattant.
Quand on évoque Souleymane FAYE, nombreux sont ceux qui pensent à sa musique et à ses accoutrements bizarres. Avant de s’arrêter à cette dernière considération et porter un jugement définitif sur l’homme, un regard rétrospectif sur sa vie permet de mieux comprendre sa façon de faire. Comme beaucoup de jeunes sénégalais, le jeune Jules, comme l’appellent certains de ses fans, a allié études et apprentissage d’un métier. «C’est mon oncle qui m’a éduqué comme le veut la tradition sérère et c’est lui qui m’a appris le métier de menuisier», renseigne-t-il. Seulement, explique Jules, cet apprentissage ne lui a guère empêché de poursuivre ses études.
En écoutant sa musique, on s’aperçoit vite de la richesse de ses paroles. On pourrait alors penser qu’il a fait des études, tellement ses messages ont parfois une portée philosophique. Pourtant, ce talentueux musicien-compositeur n’est pas un homme bardé de diplômes. Mais non, il n’a eu que le Certificat de fin d’études élémentaires (CFEE). Diego est souvent vu comme une personne atypique qui ne fait jamais les choses comme les autres. Cependant, il récuse cette idée qu’ont les autres sur sa personne qualifiée à tort comme inculte disciple de Bacchus. Mieux, Souleymane FAYE avoir appris le Saint-Coran. «Je connais quelques versets du coran qui me permettent de faire la prière. Je fais aussi recours à ces versets en cas de soucis afin que des solutions s’ouvrent à moi», note-t-il.
Toujours concernant son parcours, l’artiste révèle que la vie ne lui a jamais fait de cadeau. «J’ai travaillé à NOVOTEL (un hôtel dakarois) pendant 4 ans comme chanteur. J’ai été payé 25 000 F CFA le mois. Cette somme était dérisoire et ne pouvait pas couvrir mes dépenses», se remémore-t-il. Orphelin de père alors qu’il n’avait que 2 ans, Souleymane FAYE affirme pourtant avoir des souvenirs de son géniteur qui était chef de service dans une station Total. Pour ses débuts dans la musique, l’artiste renseigne qu’il a fait ses premiers pas à Rufisque. «Je suis parti à Rufisque à l’âge de 19 ans. J’y ai appris la musique aux côtés d’Alias Mana», se rappelle-t-il. A Rufisque, Souleymane rencontra une femme qui sera sa femme. «Kane SARR a été ma première femme. Je l’ai connue alors que j’étais à Rufisque. Elle est la mère de mes deux grandes filles aujourd’hui mariées », explique-t-il.
L’artiste se singularise à travers ses paroles à la fois crues et abruptes reprises par une voix aussi aiguë que rauque. Il se souvient de sa première chanson: « sa digg doolé». Des duos, Jules en a connu très tôt. Et cela lui a permis, aux côtés de grands paroliers, de s’améliorer. «Il m’arrivait aussi de reprendre comme ça des chansons de Laye MBOUP, Ndiaga MBAYE, Mangoné etc.», informe-t-il. Les thèmes de Souleymane FAYE sont riches et variés. Et, quand on lui demande sa source d’inspiration, il déclare «la plupart de mes chansons racontent ma vie». Dans une de ses chansons «deggou», il traite le maraboutage et se dit victime de ça. Diego était l’un des membres du groupe Xalam. Il dit connaitre ce groupe par l’intermédiaire d’un ami, alors qu’il était en Italie. «Quand j’ai connu Xalam, j’étais en Italie. C’est un ami toubab qui m’avait fait écouter leur disque. J’ai tout de suite apprécié la musique. Et, quand je suis rentré au pays en 1982, on me présenta à Prosper NIANG. C’est comme ça que j’ai intégré le groupe», informe-t-il. Evoquant toujours ses souvenirs avec le mythique Xalam, il se souvient de Prosper NIANG qui est, selon lui, celui qui l’a le plus marqué à Xalam. «C’était un ami. Il était très ambitieux et avait beaucoup de projets pour le groupe», se rappelle Jules. Sur les raisons de son divorce avec le groupe, Souleymane FAYE explique que le principal problème c’était sa famille. «J’avais ma famille au Sénégal et je ne pouvais pas la déplacer en France. J’avais alors décidé de quitter Xalam pour revenir vivre auprès de ma famille», observe-t-il.
Dans sa vie, Diego a fait des choses qu’il regrette. Il avoue s’être trompé sur beaucoup de choses. «En Europe, je m’amusais avec les filles dans les boites, je faisais la fête. A l’époque, j’étais encore jeune. Mais après, je me suis souvenu que j’ai laissé une famille et j’ai commencé à changer», confesse-t-il. Aussi incroyable que cela puisse être, Souleymane FAYE avoue avoir marché du Canada aux Etats-Unis. «Après un concert, le groupe avait refusé de me donner mon cachet. Alors, j’ai marché 800 km, du Canada à New-York, sans argent. J’ai failli mourir. On m’a menacé par à quatre reprises avec des armes à feu» explique Jules qui n’a pas expliqué cette aventure dans une de ses chansons. Souleymane FAYE peut passer pour quelqu’un d’insensible. Mais, il n’en est rien. «A la mort de ma mère, je voulais me suicider. C’était atroce parce que je n’ai pas fait pour elle ce que j’avais réellement envie de faire», raconte-t-il. L’artiste a aussi un côté très généreux, même s’il donne l’air d’être démuni. Ainsi, il « offert à Ablaye MBAYE (musicien) une jolie Mercédès qu’il aurait vendue par la suite», renseigne celui qui est considéré par beaucoup comme un anticonformiste.
Fallou MBAYE (WALFNET)
Souleymane Faye était dans “Den Kumpa” du Dimanche 12 Juin 2016 avec Ismaila Diop – RTS1