Diviser, pour mieux régner. Cet art des hommes politiques, Macky Sall ne le fait pas sien. Au contraire, il a réussi l’exploit de rassembler autour d’une cause commune les deux rivaux historiques: les libéraux et les socialistes.
Il y avait certes Mansour Sy Djamil, le fondateur de Bess du Niak, et des autres leaders de partis politiques, mais c’est la présence côte à côte des libéraux et des socialistes qui a marqué les esprits lors de cette manifestation. En effet, c’est à l’unisson, la main dans la main que les socialistes Khalifa Sall, Barthélemy Dias, etc et les libéraux Doudou Wade, Ndiouga Sakho, Farba Senghor ont arpenté les ruelles de Biscuiterie, de Niary Tally pour la victoire du «Non» le 20 mars. Et le moins qu’on peut dire, c’est que cette unité entre ennemis historiques a drainé du monde.
Cette caravane du «Non» dirigée par le maire de Dakar a fait sensation. «C’est normal qu’il ait du monde. C’est une union beaucoup plus large qui dépasse le Ps et le Pds. C’est quinze formations politiques avec la société civile qui se sont réunies pour dire non», affirme le libéral Ndiouga Sakho qui est conseiller municipal à la ville de Dakar. Avant de poursuivre: «Nous refusons le fait accompli, nous voulons des échanges pour nous entendre sur l’essentiel, parce que tout le monde est intéressé par les réformes, mais nous disons ‘Non’ à cause de la manière dont elles sont faites». Une forte mobilisation que le maire socialiste de la capitale, très probable candidat à la prochaine élection apprécie. «C’est une communion entre tous ceux qui prônent le ‘Non’, c’est-à-dire la préservation de nos valeurs, de nos références. Toutes ces populations disent ‘Non’. Il faut qu’on les rassure sur le fait que le Sénégal reste constamment ancré en ce qu’il croit de bon et de bien pour lui-même», dit-il, ajoutant que c’est la leçon que les populations donnent aujourd’hui aux hommes politiques, afin qu’il n’y ait plus jamais de reniement. «Tous nous disent ‘Non’ pour que les hommes politiques ne se croient pas tout permis. Tous nous disent non pour une culture de citoyenneté», poursuit-il, indiquant que la conséquence politique d’une victoire du «Non» serait d’abord que les Sénégalais auront montré leur attachement à leurs valeurs. Le maire socialiste de Dakar estime qu’en matière de texte, il n’y a rien dont on ne peut prendre connaissance et corriger en cas de nécessité. Ce qui importe d’après lui, c’est que le peuple, dans une démarche participative, soit le maître de sa destinée, qu’il soit associé à tout ce qui lui est destiné. Et, ce qui n’est pas le cas dans cette situation précise, selon lui.
Charles Gaiky DIENE