Interdire l’utilisation et la distribution des sachets plastiques de faible micronnage, c’est contribuer à la sauvegarde de la nature, à l’amélioration de la santé humaine et animale. En effet, l’action néfaste des sachets plastiques se manifeste également à l’égard du bétail et de la faune (mammifères marins) par une mortalité plus importante par indigestion et étouffement, après ingurgitation.
Sur le plan de la santé : le brûlage des déchets plastiques entraîne la production de polluants organiques persistants (dioxines, furannes) qui provoquent le cancer, l’irritation des yeux ainsi que des maladies cardiovasculaires et respiratoires. Selon le ministre de l’Environnement et du Développement durable, Abdoulaye Bibi Baldé, qui a procédé, hier, au lancement de la semaine de ramassage des déchets en plastique (une cérémonie qui aura coïncidé avec l’entrée en vigueur de la loi initiée à cet effet), la prolifération des sachets plastiques de faible micronnage, utilisés comme emballages, dispersés dans les milieux naturels et artificiels au niveau de nos villes et de nos campagnes, offre un spectacle désolant. «La dissémination de ces déchets plastiques, qui ont une longue durée de vie – de trois à quatre siècles – dans ces différents milieux, constitue un sérieux problème environnemental. Et celui-ci affecte inéluctablement d’autres secteurs clés du développement économique et social comme la santé, l’agriculture, la pêche, l’élevage, le tourisme, etc.», explique le ministre. Abdoulaye Bibi Baldé a également tenu à souligner l’impact négatif des sachets en plastique sur le cadre de vie : «Les sachets plastiques constituent une véritable source de pollution visuelle, car leur dispersion, dans les paysages, défigure les rues de nos villes et villages. Ils peuvent aussi être à l’origine de l’encombrement des caniveaux et des égouts, contribuant ainsi à la récurrence du déversement des eaux usées ou de phénomènes d’inondations». «Sur le plan écologique, dit-il, les sachets plastiques participent à la dégradation des terres de culture entraînant ainsi une baisse des surfaces agricoles, du taux d’infiltration du sol ; et par conséquent, la réduction du rendement agricole». Et chez les végétaux, note le ministre, «les sachets plastiques peuvent inhiber la photosynthèse et la germination des graines, impactant ainsi négativement la régénération des peuplements». Une opportunité pour l’emploi vert Cependant, en plus de l’interdiction, la loi prévoit dans un de ces articles : la gestion rationnelle des sachets en plastique, avec notamment le système de recyclage. Pour le directeur de Proplast, une société qui s’active dans le recyclage du plastique, Macoumba Diagne, la mise en œuvre de cette loi ouvre les portes de l’emploi vert. Car, avec l’installation des points de collecte et d’achat des produits en plastique, c’est plus de 500 femmes et jeunes qui seront embauchés tous les ans dans le système de recyclage des ordures en plastique. «A travers cette initiative, nous comptons récupérer le plastique usagé (le stock de plastique dans la nature) et produire, grâce au rotomolage, des chaises, des seaux, des bacs, des pots de fleur, etc.», soutient M. Diagne. D’après lui, cette économie circulaire des déchets plastiques, c’est aussi de permettre à des jeunes de gagner leur vie grâce à une activité décente de récupération et de vente de déchets plastiques. Par ailleurs, le ministre de l’Environnement a mis à profit la rencontre pour informer les opérateurs, qui sont dans le secteur du plastique, qu’«il y a un grand marché qui s’ouvre à eux avec l’entrée en vigueur de la loi». Aussi, précise-t-il, «c’est à vous de satisfaire la demande des petits commerces et des populations en termes d’alternatives. La loi est claire dans ses articles. Elle rappelle dans son article 6 votre devoir de proposer aux ménages et autres utilisateurs un système de collecte ou de reprise des déchets plastiques en vue de leur valorisation, leur recyclage ou leur élimination». Paule Kadja TRAORE