A peu près six mille tests de charge virale sont réalisés par an au Laboratoire de bactériologie-virologie du Chu Aristide Le Dantec de Dakar, a indiqué, hier à Dakar, Pr Ndèye Coumba Touré Kane, ajoutant que le Centre de traitement ambulatoire (Cta) en a fait presque mille l’année dernière ; de même que l’Hôpital militaire de Ouakam (Hmo) qui en a effectué 300 au même moment.
Pr Touré s’est prononcé sur cette question en marge d’une conférence de presse sur le nouvel ouvrage «Biologie appliquée de l’infection à Vih et de ses comorbidités en Afrique» d’une part ; et d’autre part sur la nouvelle accréditation du Laboratoire bactériologie-virologie du Chu de Le Dantec. Chef de l’Unité biologie moléculaire du Laboratoire bactériologie-virologie du Chu de Le Dantec, elle souligne, toutefois, que plus de 60 % des personnes infectées vivent dans les régions. D’où, selon elle, le fait que ces régions doivent être dotées d’équipements pour que tout le monde puisse bénéficier de cet outil de détection qui permet de connaître la quantité de virus qui circulent chez l’individu infecté par le Sida. Actuellement, six régions sont équipées pour pourvoir réaliser les tests de charge virale à savoir Thiès, Kaolack, Touba, Saint-Louis, Ziguinchor et Tambacounda. Déjà, à Dakar, le centre de traitement ambulatoire de Fann est opérationnel depuis un an pour la réalisation de la charge virale ; de même que l’hôpital militaire de Ouakam (Hmo). L’hôpital Roi Baudouin sera bientôt équipé. A l’en croire, la mise en place de ces machines dépend de la file active au niveau d’une région, d’où les régions prioritaires sont celles qui ont été dotées pour une prise en charge optimale de la charge virale des patients infectés. A peu près 18 mille patients sont sous traitement antirétroviral au Sénégal, d’après Pr Touré. Ce qui laisse apparaître un grand nombre de patients sous traitement Arv, mais n’ayant pas encore accès à cet offre de soins, comparé au 7 300 patients qui en bénéficient annuellement. Selon elle, ces efforts fournis par le gouvernement visent à permettre au Sénégal d’être au rendez-vous de 2020 par rapport aux trois objectifs 90 de l’Onu sida. A l’instar d’autres pays du continent, le Sénégal s’est, en effet, engagé à ce que 90 % des personnes infectées connaissent leur statut sérologique, 90 % des personnes infectées soient mises sous traitement antirétroviral et que 90 % des patients sous traitement antirétroviral aient une charge virale indétectable d’ici les 5 prochaines années. Sur ces 18 mille patients sous traitement antirétroviral au Sénégal, d’après Pr Touré, aucune donnée exacte n’est encore disponible sur le nombre de patients chez qui l’on a noté une suppression virale réelle. Elle soutient que la détection de la charge virale n’est pas coûteuse dans la mesure où les Arv sont pris en charge par le gouvernement, le bilan virologique également, de même que le bilan immunologique. Dans certaines structures publiques, les patients sont parfois obligés de payer le bilan hémato-bio-chimique qui permet d’évaluer l’état général du patient, et ce n’est pas coûteux. Et si le patient n’a pas les moyens, il y a généralement des organisations au niveau de ces structures comme les comités de santé qui prennent en charge les patients qui vivent avec l’infection à Vih. «Au Sénégal, on peut dire que la prise en charge est optimale ; ce qui a permis d’avoir nos résultats», affirme Pr Touré. Elle souligne que, dans d’autres pays, le taux de résistance flambe tandis qu’au Sénégal, le taux de résistance au niveau de la capitale est similaire aux taux de résistance retrouvés dans les pays du Nord, c’est-à-dire, entre 5 et 10 % chez les patients mis sous traitement de première ligne.
Abdoulaye SIDY