Une grève de 72 heures renouvelable a été décrétée à compter de ce jeudi 11 septembre 2025 par la section du Syndicat Autonome des Enseignants du Supérieur (SAES) de l’École nationale supérieure d’agriculture (ENSA) de Thiès. Ce mouvement de protestation intervient après un débrayage observé ce vendredi et fait suite à l’échec des précédentes alertes lancées par les syndicats pour résoudre la crise institutionnelle et financière que traverse l’établissement.
Déjà en juillet dernier, une intersyndicale regroupant le SAES, le STESUS et l’amicale des élèves ingénieurs avait observé 72 heures de grève pour alerter sur l’urgence de la situation. Mais face à l’immobilisme persistant des autorités, les enseignants ont décidé de durcir le ton. Le secrétaire général de la section SAES, Dr Mamadou Moustapha MBAYE déplore que 21 mois après la promulgation du décret conférant l’autonomie administrative et financière à l’ENSA, aucun dispositif structurel conforme n’ait été mis en place par le ministère de l’Enseignement supérieur (MESRI).
Parmi les dysfonctionnements pointés du doigt figure l’absence d’élections pour la direction de l’ENSA, alors que le mandat actuel est arrivé à terme depuis novembre 2024. Les mandats de tous les chefs de département sont également échus depuis le 31 juillet dernier. À cela s’ajoute la non-mise en place des organes de gouvernance, en particulier le Conseil d’administration, pourtant indispensable à une gestion autonome de l’école. Le syndicat dénonce également l’absence d’un agent comptable particulier affecté à l’ENSA, ce qui bloque depuis fin août toute possibilité d’engager des mandats et compromet la continuité du service.
La situation financière constitue une autre préoccupation majeure. L’insuffisance du budget alloué à l’école et l’absence de réponse à la demande de rallonge introduite en début d’année affectent gravement son fonctionnement. Le flou persistant autour de la passation de service entre l’Université Iba Der THIAM de Thiès et l’ENSA, notamment concernant les charges sociales, ainsi que l’omission de l’ENSA dans le décret de répartition des services de l’État, viennent compliquer davantage la situation.
Face à ce constat d’abandon, la section SAES exige l’organisation immédiate des élections, l’affectation sans délai d’un agent comptable particulier, la publication d’un erratum rectifiant la composition du Conseil d’administration, l’installation effective de cette instance, l’octroi immédiat de la rallonge budgétaire nécessaire et la publication d’un décret rectificatif. Le syndicat se dit déterminé à mettre en œuvre son plan d’actions et appelle les autorités compétentes à prendre les mesures nécessaires pour permettre à l’ENSA de remplir sa mission de formation au service de la souveraineté alimentaire nationale.
Khadydja NDIAYE