Les Législatives devaient sonner comme une petite bouffée d’oxygène pour La Poste. Le juteux marché de distribution du matériel électoral qui tournerait autour de 500 millions de frs devait être une opportunité pour La Poste à travers sa filiale de renflouer ses caisses. Malheureusement, les services du Général Jean Baptiste TINE, notamment la Direction générale des Elections ont mis de côté La Poste, à travers sa filiale EMS Sénégal, pour offrir le marché à des filiales concurrentes d’entreprises étrangères comme DHL et FeedEx.
« Or, une telle attitude des autorités nationales du ministère de l’Intérieur et de la Direction générale des élections est incompréhensible. C’est inacceptable de léser une entreprise nationale qui emploie plus de 3000 pères de familles sénégalaises au détriment de la concurrence étrangère. La Poste dispose d’une très bonne expérience en matière de matériel électoral. Elle a un vaste réseau national de 300 postes de distribution du courrier, un hub à l’aéroport de Diass pour le courrier international, sous-régional et international de distribution du matériel électoral. Elle maitrise parfaitement le courrier international » souligne Gorgui Yacine Boye SG du Syndicat libre des travailleurs du Groupe La Poste (SLGTP).
Absence d’appels à concurrence
Le marché a été attribué sans un appel à concurrence. Au niveau de La Poste, ce qui fait encore mal, c’est qu’ils ont eu l’information de l’attribution de ce marché du matériel électoral sur la place publique. Amath DIOUF SG du Syndicat national des travailleurs des postes et télécommunications (SNTP) estime que « ce marché, s’il y avait appel à concurrence, EMS l’aurait certainement remporté parce que mieux-disant. EMS aurait assuré dans les délais impartis toutes les livraisons. La Poste est tout à fait capable de rivaliser avec DHL et FedEx en matière de qualité de service ».
« EMS est à même de distribuer tout le matériel dans les meilleurs délais et à moindre coût. Comment l’Etat peut déclarer soutenir la Poste en ignorant totalement EMS de ce marché ratant ainsi une occasion de soutenir l’essor de cette société. C’est inacceptable et rien ne le justifie. C’est dommage que La Poste, avec son expérience dans le traitement, l’acheminement et la distribution soit laissée en rade par rapport au matériel électoral qu’on va mettre en place pour la prochaine législative du 17 novembre. Malgré les difficultés financières auxquelles la Poste fait face, EMS Sénégal continue de fonctionner de manière optimale, assurant ses missions dans les temps impartis » précise le SG du SNTP.
Un responsable d’EMS Poste Sénégal sous l’anonymat ne confirme pas le montant de la perte de 500 millions de frs. « Ceux qui gèrent l’organisation du scrutin sont les mieux placés pour avoir une idée exacte du montant actuel de ce marché d’acheminement et de distribution du courrier électoral à travers le monde. Mais je vous assure que lorsque le Groupe la Poste avait géré ce marché entre 2009 et 2010, nous avions encaissé environ 200 millions de frs. Et aujourd’hui on peut bien penser que ce marché pourrait atteindre la taille de 500 millions de frs » indique ce directeur du Groupe de La Poste.
Gorgui Yacine BOYE révèle une aberration. Lors de la dernière présidentielle française, les autorités françaises avaient confié à La Poste sénégalaise, la distribution et l’acheminement du courrier électoral français à travers le réseau national et international de la sous-région notamment en Gambie, en Guinée-Bissau et dans d’autres pays africains de la sous-région. L’autre aberration, c’est que même gérant ce marché, DHL et FedEx vont sous-traiter avec La Poste.
Au niveau de la Poste, syndicalistes, tout comme travailleurs confrontés à des problèmes inextricables menaçant la survie de leur entreprise sont très en colère contre les autorités du ministère de l’Intérieur et la Direction générale des élections. « Nous souhaitons dénoncer vivement et décrier le fait que La Poste soit mise de côté pour l’acheminement du matériel électoral » conclut Gorgui Yacine BOYE.
Le Témoin