Ahmed Khalifa Niass a transmis, hier à WalfQuotidien, des documents attestant qu’il est l’acquéreur de 40 véhicules de diverses marques. Lesquelles ont été, ensuite, livrées à la présidence de la République contre 3,700 milliards de francs Cfa. Une somme qu’il continue de réclamer à l’Etat du Sénégal.
Une affaire de sous et de véhicules qui surfe sur trois régimes présidentiels. En 2008, à quelques mois du sommet de l’Organisation de la conférence islamique (Oci), l’Etat du Sénégal, dirigé à l’époque par Abdoulaye Wade, commande 40 véhicules à Africa Invest, une société au nom de Ahmed Khalifa Niass. Le marché est conclu entre les deux parties. Ahmed Khalifa Niass s’acquitte des formalités avant de faire la commande auprès de ses fournisseurs internationaux. Les véhicules arrivent au port de Dakar. «Je me suis chargé de débarquer les véhicules grâce à mes relations avec des personnalités, avec des factures à l’appui. La présidence de la République n’a jamais payé le débarquement des véhicules», rectifie, au téléphone, le marabout et homme d’affaires Ahmed Khalifa Niass qui conteste le rapport de l’Inspection générale de l’Etat. «Le rapport (de l’Ige) stipule que notre société a été incapable de fournir les factures de ses fournisseurs. Ce qui est inexact», soutient M. Niass dans une lettre adressée, en 2014, à l’ex-chef de l’Etat, Macky Sall.
Dimanche dernier, lors du magazine «Grand Jury» de la Rfm, le directeur de la Caisse des dépôts et consignations (Cdc), Fadilou Keïta, citant un rapport de l’Ige, entre 2013 et 2014, a accusé Ahmed Khalifa Niass et Samuel Sarr, ancien ministre de l’Energie, qui doivent, selon lui «3,5 milliards à l’Etat sénégalais». Ce, à travers des véhicules, «offerts au Sénégal» qu’ils auraient détournés avant de les revendre à l’Etat. «Tous les virements d’argent provenant de mes fonds, que j’ai effectués en faveur des concessionnaires pour l’acquisition des véhicules sont traçables. On peut les vérifier à partir du système Switch. Les donnés sont disponibles», se défend Ahmed Khalifa Niass qui a transmis des relevés bancaires attestant les transactions.
M. Niass affirme avoir relancé, à plusieurs reprises, par le biais de courriers et d’intermédiaires, les autorités des régimes précédents pour recouvrer ses fonds. «Nous avons écrit au ministère des Finances pour lui réclamer les sommes impayées d’un montant de 3 milliards 700 millions de francs Cfa. Ce dernier a imputé le dossier à l’Agent judiciaire de l’Etat à qui nous avons transmis tous les dossiers. Jusqu’à présent, je continue à réclamer mon argent à l’Etat du Sénégal», lance-t-il, soupçonnant une personnalité du régime de Abdoulaye Wade d’avoir trompé ce dernier «pour lui faire croire que j’ai encaissé l’argent». Même si, dans la lettre datée de 2014, citée par Ahmed Khalifa Niass, il signale un paiement de 400 millions de francs Cfa, «une somme qui ne rentre pas dans le circuit du paiement», selon ce dernier.
Vers une plainte contre Fadilou Keïta et Nafi Ngom
Ahmed Khalifa Niass est d’autant courroucé qu’il entende saisir les tribunaux pour tirer cette affaire au clair. «Mes avocats sont en train de travailler sur le dossier», précise-t-il. Pour cela, il a nommément cité Fadilou Keïta, l’actuel directeur de la Cdc et Nafi Ngom Keïta, ancienne directrice de l’Ofnac et Vérificatrice générale d’Etat. «Fadilou Keïta sera trainé devant la justice, au même titre que Nafi Ngom Keïta (Ancienne patron de l’Ige et mère du Dg de Cdc, Fadilou Keïta (Ndla)», prévient-t-il, ajoutant qu’on lui a causé un tort.
Baba MBALLO