Au nom du père, du fils et…du frère ennemi!Le Sénégal avait habitué au monde à mieux que le spectacle ubuesque qu’il lui sert dans le processus électoral. En effet, ce qui s’est passé, hier, à l’Assemblée nationale ressemble plus à un vaudeville qu’à une expression démocratique. Les députés qui se sont réunis, mercredi, ont en décidé, avec 120 voix pour contre et 24 contre, d’adopter la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire pour tenter de faire la lumière sur les «soupçons de corruption» contre deux membres du Conseil constitutionnel. Et tout cela, par la volonté d’un seul homme, Karim Meïssa Wade, qui est dans un parti – ne l’oublions quand même pas, on n’est pas amnésique -, qui était impliqué, d’après la justice de l’époque, dans l’assassinat d’un juge constitutionnel.
Ainsi, tout un pays, prêt à aller en élection après moult tumultes, est pris en otage par un petit prince du Qatar. Qui pendant sept longues années ne s’est pas occupé des Sénégalais. Qui a des conditions de vie différentes de celles des 17 millions de Sénégalais cherchant quotidiennement la queue du diable pour la tirer. Et qui aujourd’hui, alors qu’il a été éliminé de la course à la Présidentielle de février prochain, réclame une commission d’enquête parlementaire sur des accusations de corruption de membres du Conseil constitutionnel, chargé d’arbitrer le jeu politique.
D’ailleurs, on se demande même pourquoi une telle initiative ne devrait jamais être ébruitée. Tous les régimes politiques qui sont comme les nôtres le reconnaissent. Et qui plus est, quand un juge a porté plainte, il ne peut plus y avoir de commission d’enquête, comme l’expliquent d’éminents juristes.
En tout cas, cette affaire qui a mobilisé toute la classe politique sénégalaise, hier, est simplement du grand n’importe quoi. Car, selon plusieurs experts, il ne peut pas y avoir de Commission d’enquête parlementaire sur la Justice. Et Mme Aïssata Tall Sall, ministre de la Justice, Garde des Sceaux, garant du bon fonctionnement de la Justice, est muette comme une carpe sur ce précédent extrêmement dangereux pour notre pays. Néanmoins, comme le disent les férus de droit et de légalité, ce processus arrivera à son terme. Car, ce pays a connu un juge constitutionnel démissionnaire en plein processus électoral, Kéba Mbaye ou encore un vice-président du Conseil constitutionnel assassiné, Me Babacar Sèye, et cela n’avait pour autant empêché la poursuite du processus électoral.
Seyni DIOP