L’ouverture de la session ordinaire de l’année, de l’Assemblée nationale a entériné le divorce entre Sonko et Khalifa Sall. Le groupe parlementaire de la mouvance présidentielle, Benno Bokk Yakaar, a profité de la scission de Yewwi askan wi, le principal groupe de l’opposition, pour renforcer sa mainmise sur l’Assemblée nationale.
L’implosion du groupe parlementaire de la coalition Yewwi-Askan Wi était sur toutes les lèvres, samedi dernier, à l’ouverture des travaux de la session ordinaire unique de l’Assemblée nationale. Mais le mystère planait sur les stratégies des deux parties, à savoir Pastef et Taxawu Seenegal, pour entériner définitivement leur séparation. Des tractations qui ont retardé les travaux. Tout était mis en place pour tromper la vigilance de l’autre. «A la veille de chaque renouvellement des instances, chaque groupe parlementaire ouvre une liste pour ceux qui veulent adhérer. C’est ce que notre groupe avait fait la veille, vendredi. Tous les 14 députés de Taxawu s’étaient inscrits», confie Ismaïla Diallo, député de Pastef. Seulement, les poulains de Khalifa Sall redoutaient que leurs rivaux de Pastef leur rendent le coup qu’ils leur avaient fait subir à la ville de Dakar avec l’éjection de Abass Fall de son poste de premier adjoint au maire.
A l’ouverture de la session, les groupes parlementaires constitués sont invités à déposer leurs listes au bureau du secrétariat de l’Assemblée nationale. Mais, d’après une source, la liste du groupe parlementaire de Yewwi a été déposée avec du retard. Ce qui a poussé Abba Mbaye et ses camarades à s’interroger sur le comportement de leurs collègues. Garderont-ils leurs postes de l’année dernière dans le bureau? Un doute, d’après toujours nos sources, qui les a poussés à se rapprocher de Birame Souleye Diop, président du groupe parlementaire. Mais en vain. «Ils sont par la suite allés se renseigner auprès du bureau de l’Assemblée nationale. C’est là qu’ils ont été informés qu’ils ne figurent pas sur la liste des membres du bureau», affirme Malick Kébé, député de Taxawu. Ce qui a été confirmé, en off, par un parlementaire de Pastef.
A la reprise des travaux, le président de l’Assemblée nationale annonce la démission des 14 députés de Taxawu du groupe parlementaire Yewwi. Une décision qui fausse tous les plans de Birame Souleye et Cie. «C’est le bureau de l’Assemblée nationale qui leur a permis d’adopter ce scénario pour que Yewwi perde des postes. Leur démission fait perdre à notre groupe le poste de questeur, un vice-président et deux secrétaires élus», regrette Ismaïla Diallo.
La bonne affaire pour Benno
Le groupe parlementaire Yewwi est désormais scindé en deux partis. La première aile de 42 députés est constituée de Pastef, du Pur et de leurs alliés. La deuxième, au nombre de 24 parlementaires, est composée de Taxawu Seenegal et de leurs alliés. Cette division fait l’affaire de Benno. Elle a aussi chamboulé la composition du bureau de l’institution parlementaire. Ainsi, le nouveau bureau est largement dominé par la coalition Benno qui rafle six sur huit postes de vice-président.
Pour le groupe parlementaire Yewwi, ils sont deux. Le groupe parlementaire « Liberté-Démocratie et Changement» de la coalition Wallu a obtenu le poste de 7e vice-président. A ce niveau, Yewwi a perdu un poste. L’année dernière, la coalition avait trois vice-présidents. En ce qui concerne les six secrétaires élus, Benno a raflé les quatre postes. Les coalitions Yewwi et Wallu ont obtenu chacune un poste. Benno a aussi pris les deux postes de questeurs. A ce niveau également, Yewwi recule. La coalition a perdu deux postes de secrétaires élus et un questeur. Ce qui constitue des pertes énormes de privilèges.
Salif KA