Décidément, la 3e candidature ne passe pas à l’étranger. Après le Département d’Etat, deux députés français affirment que la France doit œuvrer, dans un cadre multilatéral incluant les instances africaines, à garantir des élections crédibles, c’est-à-dire sans la présence de Macky Sall.
La situation politique du Séné- gal et l’attitude du Président Macky Sall sont scrutées par la France. Dans une lettre adressée à la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères française, André Chassaigne président du groupe de la Gauche Démocrate et républicaine et Jean-Paul Lecoq, vice-président de la Commission des Affaires étrangères, affirment que la France a tout intérêt à s’inquiéter de la présente situation. «Premièrement, Paris doit impérativement vérifier que le Président Macky Sall ne s’ingère pas dans la politique française en finançant un parti politique français», lit-on dans le document. «Deuxièmement, la France doit intégrer dans le dialogue qu’elle a avec le Président sénégalais et les autorités de ce pays, son souhait de voir le Sénégal remplir ses obligations du point de vue du droit international au titre, notamment de son adhésion aux Nations-Unies, mais également du Pacte international relatif aux droits civils et politiques ratifié par le Sénégal en 1978 et de tous les engagements internationaux et nationaux afférents», poursuit le document.
Enfin, d’après eux, dans un contexte où les actions de la France sont scrutées de très près en Afrique francophone, dans ce qui a été autrefois appelé le «pré-carré» français, et qui laisse encore très largement des plaies à vif dans cette sous- région du continent africain, il apparaît fondamental que la France soit attentive au respect de l’opposition et œuvre, dans un cadre multilatéral incluant les instances africaines, «à garantir des élections crédibles, c’est-à- dire sans la présence de l’actuel président Macky Sall».
Que nous le voulions ou non, force est de constater que dans cette zone d’influence, beaucoup voient la main de la France dans le soutien aux dirigeants politiques en place, d’après ces députés. Pour le dire autrement, poursuivent-ils, la France est souvent vue comme préférant la stabilité politique à l’alternance démocratique, quitte à soutenir des autocrates pendant des décennies, comme c’est le cas par exemple au Cameroun ou à Djibouti. Ils affirment que pour beaucoup d’opposants sénégalais, si Macky Sall se représente de manière illégale, c’est qu’il aura eu l’accord de Paris. «Car selon que le pouvoir en place est proche ou non de Paris, beau- coup d’observateurs attentifs constatent que les règles semblent s’appliquer différemment. C’est ainsi que le troisième mandat inconstitutionnel du président ivoirien Alassane Ouattara n’a pas été aussi sévèrement critiqué par Paris que le troisième mandat du président guinéen Alpha Condé, qui a pris fin avec un coup d’Etat en septembre 2021 organisé par un ancien légionnaire français, ce qui, pour certains, pose question», affirment André Chassaigne et Jean-Paul Lecoq. Macron a demandé à Macky Sall de renoncer à briguer un troisième mandat. Dans un entretien au journal français L’Express Macky affirme que ce dernier est libre d’avoir son opinion et d’exprimer des désirs.
Charles Gaïky DIENE