Les praticiens de la médecine traditionnelle ont profité, hier, de la 20ème Journée africaine de la médecine traditionnelle pour exprimer leurs doléances devant les autorités. Gaoussou Sambou, président de la Fédération nationale des praticiens de la médecine traditionnelle, et ses camarades veulent un accompagnement et un encadrement juridique pour réglementer leur secteur. «Il n’y a aucun cadre juridique qui encadre notre profession. Nous avions interpellé les autorités en 2006 puis en 2019 pour le vote d’une loi sur la médecine traditionnelle. D’ailleurs, nous avions rencontré à deux reprises les députés à l’Assemblée nationale pour la mise en place d’une loi dans ce sens mais depuis lors rien n’avance. L’attente est longue», regrette Gaoussou Sambou. Qui regrette que le Sénégal soit parmi les derniers, en Afrique de l’Ouest, dans la pratique de la médecine traditionnelle, à ne pas disposer de cadre juridique. Il soutient que, dans tous les autres pays africains, le métier est bien encadré. Et cela permet aussi d’éviter les dérives, explique-t-il. «Parmi nous il y a beaucoup de charlatans. On avait beaucoup d’espoir pour la mise en place d’un cadre juridique mais on attend toujours. Avec le cadre juridique, on saura qui est qui et qui fait quoi. Ce qui se passe au Sénégal est intolérable. N’importe qui peut se prévaloir du titre de praticien de la médecine traditionnelle. Quand il n’y a pas de contrôle, c’est la porte ouverte à toutes les dérives et ce sont les populations qui trinquent. Cela ternit même notre image», déclare Gaoussou Sambou.
Directeur de cabinet du ministre de la Santé et de l’Action sociale, Alphonse Ousmane Thiaw soutient pour sa part que le Sénégal a réussi à intégrer les praticiens de la médecine traditionnelle dans le système de santé. Il affirme qu’ils ont été formés aussi bien dans la lutte contre Ebola que contre la Covid-19. «Nous avons un excellent système d’intégration de la médecine traditionnelle et cela à travers tout le système de santé», se réjouit Alphonse Ousmane Thiaw.
Il affirme que le Sénégal continue de travailler sur le cadre réglementaire qui reste un grand défi. Il assure en ce qui concerne le projet de loi relatif à l’exercice de la médecine traditionnelle que toutes les diligences nécessaires ont été prises et ont été déposées à l’Assemblée nationale. A l’en croire, son examen et son adoption ne devraient plus tarder. Pour lui, cela va aider le Sénégal à disposer d’un cadre réglementaire adéquat. Et les aspects de cette loi permettront aux autorités de pouvoir catégoriser qui peut être appelé praticien de la médecine traditionnelle. «Dans la procédure d’autorisation, on ne peut pas se lever de son bon vouloir et installer son cabinet. Dans ce cadre, il faut avoir une autorisation explicite du ministère de la Santé. Et cela se fera dans un cadre intégré avec tous les acteurs du système de santé. Cela nous permettra d’assainir le milieu, parce que parfois nos populations sont confrontées à des problèmes d’identification réelle de qui est praticien de la médecine traditionnelle et qui ne l’est pas», conclut Alphonse Ousmane Thiaw.
Samba BARRY