La position du Pds aux législatives prochaines ne sera pas facile. Les libéraux auront la lourde responsabilité de relever le défi de garder leur groupe parlementaire. Malgré la remobilisation des troupes, le parti n’est maintenant que l’ombre de lui-même avec le départ de pratiquement tous ses responsables.
Pari improbable. Aux dernières élections locales, les libéraux avec leur coalition Wallù Sénégal sont arrivés en troisième position, loin derrière la coalition présidentielle et surtout celle de Yewwi Askan Wi qui incarne désormais l’opposition au régime du président Macky Sall. Malgré cela, les libéraux ne s’avouent pas vaincus. Ils prennent des initiatives en perspective des élections législatives qui sont prévues le 31 juillet prochain, dans trois mois exactement. En plus de la nomination d’une task force par Wade suivie de son installation en grande pompe, la formation libérale multiplie les actions pour maintenir son groupe parlementaire.
Mais l’entreprise ne semble pas facile surtout avec les départs et la léthargie qui minent le parti. L’enjeu sera de réussir à obtenir un groupe parlementaire très conséquent face à leurs rivaux de l’opposition, Yewwi Askan Wi qui ont pris des galons et face à la coalition présidentielle Benno Bokk Yakaar. Spécialiste de la sociologie politique, Dr Abdou Khadre Sanoko souligne que le Pds est dans une «sorte d’impasse». Ses principaux leaders sont absents et son leader charismatique, Abdoulaye Wade est vieillissant. «Le Pds a un défi à relever, c’est de pouvoir tourner sa machine mobilisatrice et déferlante», explique-t-il. Selon lui, le parti qui a dirigé le Sénégal de 2000 à 2012, joue sa survie avec ces élections législatives. D’après lui, si le Pds n’arrive pas à décrocher un groupe parlementaire, ce sera difficile de se faire une santé politique même si Karim est «élargi».
Toutefois l’enseignant chercheur souligne qu’en politique, les départs ne posent pas de problèmes. A l’en croire, le problème du Pds, c’est son incapacité à recruter et à rajeunir son personnel politique. «C’est également son incapacité à procéder à des retouches de son organigramme par rapport aux mouvements de ses femmes et de ses jeunes», indique le sociologue.
«Si les libéraux arrivent à faire cela en un temps record, avant juillet avec les missions qui vont séjourner dans les différentes zones pour remobiliser les troupes, ils peuvent aussi recréer cet élan de sympathie qui dort toujours sur un libéral de souche», explique l’enseignant. Qui s’empresse néanmoins d’ajouter: «Malheureusement, avec ces départs, on n’a pas encore noté une vague déferlante d’adhésion de grands et hauts cadres. Vous ne pouvez pas enregistrer beaucoup de départs dans vos flancs alors qu’en retour il n’y a pas d’adhérents remarquables et remarqués au sein de votre troupe. C’est là où le bât blesse», explicite, Dr Sanoko, ajoutant qu’on a comme l’impression que le parti est en léthargie.
«De temps à autre, certains de ses cadres se font remarquer pour dire aux uns et autres que nous existons toujours. Mais sur le terrain politique, on ne sent pas le Pds. On n’entend plus leur communiqué sur l’action du gouvernement ni leurs positions par rapport aux réalités politiques. Comment alors, en un temps record, peut-on souhaiter revenir au devant du landerneau politique et vouloir triompher. Je ne dis pas que c’est utopique, mais ce sera un véritable travail décisif à abattre», indique Dr Sanoko. Ce dernier qui se demande si les libéraux seront à la hauteur, préfère néanmoins donner sa langue au chat. D’après lui, les résultats de ces élections législatives nous en diront davantage. Selon lui, si jamais les libéraux n’arrivent pas à décrocher un groupe parlementaire, ce sera un coup dur pour la formation politique libérale.
Magib GAYE