Voilà une baisse sans effet, un coup d’épée dans le vent. En effet, les commerçants assurent que les denrées concernées par cette baisse ne sont pas très demandées par les consommateurs, que ce soit le riz brisé non parfumé ou l’huile en fût vendu au détail.
Si ce n’est pas une ruse, ça lui ressemble fort, très fort. Les produits alimentaires concernés par la baisse des prix sont très rarement consommés. A Derklé, un jeune boutiquier, qui se dit être mis devant le fait accompli, souligne qu’il ne voit pas de mal à cette baisse annoncée de «manière surprenante». Il ne lui reste pas une grande quantité des denrées concernées par cette baisse. «Cela aurait été une perte. C’est ce que risque ceux qui ont déjà acheté de grandes quantités d’une de ces denrées», considère-t-il en assurant qu’il vend aux nouveaux prix.
Toujours à Derklé, dans une autre boutique, située à l’angle, le commerçant est à la tâche, sous sa barbichette, tee-shirt bleu, front marqué par la prière. Hormis le sucre en poudre, il ne vend ni riz brisé non parfumé, ni huile. Il se donne la peine de confirmer tout ce qu’il avance. A l’en croire, les articles et denrées concernées par la baisse ne sont pas très demandés par sa clientèle, que ce soit le riz brisé non parfumé, l’huile en fût vendu au détail. A cause de la rare demande en riz brisé non parfumé, il n’en vend pas. Le discours du vendeur sur le sucre est ambigu. Il considère que la baisse du prix du sucre en poudre, qui passe de 625 à 600 francs Cfa le kilo, n’a pas de réels impacts. A l’en croire, il y a le non-respect de la masse du sac de 50 kilogrammes, vendu à 31 mille francs.
Seulement trois denrées
Poursuivant, il confie que le non-respect de la masse se perpétue dans le pesage au détail. Visiblement impassible, notre interlocuteur, pris entre l’échange, la vente et le nettoyage de la boutique, trouve qu’on peut faire mieux. «Trois denrées (riz, huile, sucre) sur plus de 2 000 articles demandés par les Sénégalais, il y a encore beaucoup d’attentes», laisse-t-il entendre.
Derrière son comptoir, haut perché, la voix plus posée, ce boutiquier dit n’avoir pas reçu de notification, il espère que les agents assermentés seront sur le terrain à distribuer des flyers. Le sucre reste une denrée, qui demande un calcul d’épicier pour s’en sortir. En vendant le sucre, l’emballage est donné gratuitement. Le boutiquier fait remarquer que le sucre est un produit qui accompagne toujours un produit.
Par contre, certains commerçants rechignent encore à appliquer les nouveaux prix, malgré la précision du gouvernement indiquant que cette baisse est d’application immédiate. En effet, à l’angle d’une des ruelles de Derklé, ce boutiquier est catégorique. Il n’est pas question de vendre tant qu’il n’a pas eu confirmation, non pas des autorités, mais de ses fournisseurs, les grossistes. Selon lui, les prix de vente dépendent des prix d’achat dans les magasins. Selon lui, les boutiquiers ne font que répercuter la réalité des magasins grossistes.
Emile DASYLVA