L’opposition se veut formelle. Elle affirme qu’il n’est pas question d’aller aux élections locales avec l’actuel fichier électoral. Réunie sous la bannière du Front de résistance nationale (Frn), elle se base sur les «irrégularités» du rapport d’audit de la mission des experts pour contester le fichier électoral.
«Quatre cent mille électeurs sont entrés dans le fichier électoral de manière frauduleuse. Les experts ont conclu que le fichier en l’état ne respecte pas certaines prescriptions qui sont définies par la loi. Plus de 214 mille électeurs sont dans le fichier sans empreintes biométriques dont 22 mille absents. C’est-à-dire une personne qui dispose d’une carte électeur mais ne s’est jamais présentée au niveau des commissions administratives pour qu’on puisse prendre ses empreintes biométriques», déclare Aldiouma Sow, plénipotentiaire du pôle de l’opposition. Ce responsable de Pastef qui commentait les griefs et les 33 recommandations des experts, d’ajouter: «En conclusion, ce fichier n’est pas biométrique. Il ne permet pas d’organiser des élections équitables. 47 % des nouveaux majeurs (primo votants) ne figurent pas dans le fichier électoral actuel qui ne reflète pas la démographie du pays», poursuit-il. De ce point de vue, le responsable des élections de Pastef/Les Patriotes, ajoute: «On ne peut pas se targuer d’avoir une légitimité sur une élection organisée sur la base de ce fichier électoral. Ça aurait été plus clair, si l’Ansd avait coopéré à l’audit de ce fichier».
Malgré ces griefs, il a été dit que le fichier est cohérent et fiable. Ce que conteste l’opposition qui s’inscrit en faux par rapport à de telles conclusions. «Nous nous sommes basés sur la méthodologie employée par les experts et d’autre part sur des informations contenues dans ce rapport. Nous avions demandé aux experts que, au-delà de l’audit informatique, que les auditeurs puissent apprécier la mémoire, les supports qui ont aidé à la constitution de ce fichier», poursuit Aldiouma Sow. Chef de file de Aj, Mamadou Diop Decroix soutient que le fichier tel qu’il est conçu ne garantit pas une élection équitable. «Il n’existe plus un fichier fiable, cohérent au Sénégal. L’opposition a le droit de regard et de contrôle du fichier mais depuis qu’ils (Macky et ses alliés: Ndlr) sont au pouvoir l’opposition n’a jamais eu la possibilité de s’approcher du fichier», dit-il.
Par ailleurs, l’opposition affirme que, à l’instar de la Cour de justice de la Cedeao, les experts ont également manifesté leurs hostilités par rapport au parrainage. «Les auditeurs disent que les articles L51 et L116 du Code électoral n’ont pas été respectés au moment du contrôle des listes de parrainage déposées au Conseil constitutionnel. Ce contrôle a été fait sur la base de contrôle électronique. Les experts ont conclu que cela peut conduire à un risque élevé d’erreurs au moment du contrôle des listes de parrainage. Ils en ont conclu qu’il n’y a pas un contrôle équitable des listes», indique ce responsable de Pastef. Reste maintenant à savoir avec quel fichier l’opposition veut aller à ce scrutin avant la fin de l’année.
Magib GAYE