CONTRIBUTION
Avec toutes mes excuses pour la « verdeur » du mot, je me pose la question et la pose à chacun d’entre nous sénégalais : «Sommes-nous en train de devenir un pays de M…de? » En effet, quand Donald TRUMP éphémère président des USA , sans doute grisé par son élection incroyable, traitait ainsi avec un mépris non dissimilé nos pays d’Afrique pour fustiger certaines de nos pratiques aux antipodes de l’orthodoxie et de la bienséance politique, sociale et économique ; nombre d’africains se sont sentis insultés dans leur chair et leur âme pour des propos aussi irrévérencieux.
A juste raison d’ailleurs. Mais au regard de certains faits qui se passent dans notre pays, ne sommes-nous pas en train de donner « raison » à TRUMP ? Sur ce chapitre, deux faits parmi tant d’autres ont soulevé ma colère, développé ma honte et suscité mon appréhension voire ma peur pour mon pays. Tout d’abord, il nous a été donné d’apprendre par voie de presse que deux de nos éminents professeurs d’Université ont été priés de quitter sans délai, des logements administratifs qu’ils squattaient depuis plus de trente ans.
INCROYABLE. INOUÏE.
Il aura fallu que l’affaire atteigne un tel degré de « je m’en foutisme ou de djaille doolé » pour qu’on en arrive à ces extrêmes. Se faire expulser manu militari et avec fracas, des logements indûment occupés depuis trop longtemps. Comment qualifier une telle attitude de si éminentes personnalités du monde académique et politique. Car l’une des personnes concernées avait affiché et affiche encore des velléités de candidature à la magistrature suprême de notre pays pour nous proposer LENENE. Devant une telle attitude venant de si hautes personnalités qui avaient pour mission d’enseigner le DROIT à nos étudiants, les mots me manquent pour marquer mon indignation. Surtout envers la dame que j’admirais aussi bien pour son érudition jamais prise à défaut que pour sa prestance aussi bien langagière que vestimentaire. Je tombe vraiment des NUES et certainement nombre de mes compatriotes aussi de découvrir que sous ses dehors avenants et doctes, elle cachait une âme de mercenaire qui ne disait pas son nom et le mot n’est pas trop fort.
Ainsi au Sénégal, il arrive que des professeurs d’Université de très haut rang, ayant accumulé tous les diplômes les plus prestigieux et atteint le sommet de la hiérarchie académique avec le titre tant envié de Professeur agrégé titulaire des Universités qui me semble être le grade académique le plus élevé et le plus méritoire que l’on peut obtenir, se comportent en vulgaires squatters de logements administratifs sans aucune vergogne. Et il aura fallu des mesures extrêmes pour les en expulser. Diantre ! Se faire héberger gratuitement et aux frais de l’Etat pendant plus de trente ans dans un quartier aussi huppé que Point E , pour justement vous mettre dans les meilleures conditions de vie afin de vous permettre de dispenser vos connaissances aux générations d’étudiants qui veulent suivre vos traces et vous payer grassement un salaire assez conséquent, n’aura pas suffi à calmer votre vénalité et votre voracité, allant jusqu’à refuser-malgré de multiples sommations dit-on, de céder la place à vos cadets tout aussi méritants que vous et qui souhaitaient être dans les mêmes conditions d’aisance pour distiller leur savoir et inculquer leur savoir-faire aux jeunes générations.il fallait le faire ! Quelle GRANDEUR !
Le plus choquant dans cette affaire, c’est le coté mercantile de la conduite. Un simple petit calcul très édifiant. Trente ans sans payer ni loyer ni eau ni électricité dans l’un des quartiers les plus huppés de la Capitale c’est au bas mot et dans l’hypothèse la plus basse pour être très gentil, au moins un million de francs de cadeaux mensuels offerts (loyer :500.000 ; eau 250.000 ; électricité 250.000) .Trente ans cela donne 360 mois soit près de 360 millions d’économies d’échelle . Qui auront certainement été bien investis dans un immeuble de rapport de bon standing pour garnir un très bon bas de laine. Et malgré tout, ils en veulent « TOUJOURS PLUS ». Pour reprendre l’expression de François de Closets . Et aucune compassion pour leurs cadets professeurs émérites, contraints de jouer au « gorgorlou » pour faire face à toutes ces formes de dépense incompressibles pour survivre.
QUEL ALTRUISME !
Il fallait le faire ! Après, ils sont étonnés de se voir tenir en piètre estime par le Président Macky SALL qui, très bien informé de leur posture incroyable, n’aura pas tremblé pour défenestrer la bonne dame de son poste de Ministre-conseiller. Quand on galvaude son pédigrée universitaire pour des positions de pouvoir, il ne faut pas s’étonner d’être « mariné dans la sauce de la M…de ». Cette attitude de nos gros cerveaux est symptomatique du comportement des sénégalais d’en haut qui, malgré toutes sortes de privilèges à eux octroyés, se comportent comme de véritables prédateurs sociaux dans leur logique d’accaparement sans fin des biens et outils matériels mis à leur disposition par l’Etat pour le bon exercice de leurs fonctions. N’a-t-on pas dit ici que parmi beaucoup d’autres frasques, une ex-présidente du CESE garait chez elle plus de six véhicules de fonction à son domicile personnel et pour son usage exclusif ?
Cette philosophie du « Tout pour moi, Rien pour les autres » des privilégiés de ce pays est une des plaies les plus purulentes du Sénégal qu’il importe véritablement de trépaner pour en extirper la gangrène cancéreuse qui ronge notre tissu social. L’autre affaire qui n’a pas fini de nous choquer a trait à ce qu’il est convenu d’appeler « le massage à Sweat beauty » et qui met en cause l’honorable député Ousmane SONKO devant une plainte pour viol par une masseuse. Dans cette affaire de sexe somme toute banale comme il y’en a eu et en aura d’autres de même acabit au Sénégal, il est tout de même remarquable de constater tout le charivari qui s’est emparé du pays. L’affaire ayant déjà fait l’objet d’une plainte qui est en cours d’instruction au niveau de la Justice, la décence la plus élémentaire aurait commandé que tout le monde attende tranquillement les résultats de l’action judiciaire qui est seule apte à démêler les nœuds de cette affaire. Au lieu de cela, l’on entre en transes, on sonne l’hallali, on déclenche la chasse à courre, on lâche la meute et chacun y va qui, de ses accusations et dénégations, qui, de ses explications, extrapolations, inventions, interprétations et j’en passe.
Au Sénégal, nous avons la formidable propension de ne RIEN savoir mais de toujours TOUT connaître. Il suffit de suivre tous les débats, interventions et autres rencontres et jakarloo sur les plateaux de télévision hyper saturés « d’experts » en tous genres pour en être édifiés. Sacré Sénégal où pour toute affaire l’on devient juge, procureur, avocat, sermonneurs, moralisateurs, commentateurs pour des plaidoyers prodomo à charge ou à décharge, c’est selon dans une sorte de fièvre EBOLA de logorrhées interminables jalonnées d’insultes, de philippiques et autres gros mots qui ont fini de déconsidérer complètement toute la « buzzosphère » sénégalaise. On ne comprendra jamais comment un peuple jadis, si pondéré, si calme, si posé, si patient et si cultivé comme le nôtre, en est arrivé à ce stade de vulgarité et de dégénérescence morale qui autorise toutes les formes de licences. Nous pataugeons grave dans les bas-fonds de la fange au point que dans nos rapports, la correction la plus élémentaire passe pour de la faiblesse voire de la pleutrerie et la coprolalie, l’impolitesse, le manque de respect de l’autre seraient les signes distinctifs du courage et de la vérité . TERRIBLE ! .C’est à qui pourra sortir le mot le plus gros, l’insulte la plus sale, la répartie la plus cinglante. Aucune tenue, aucune retenue. On crie, on hurle, on vocifère, on éructe juste pour démolir, salir, ridiculiser et avilir un adversaire. Quelle déchéance!
La perte de nos valeurs cardinales de YAR (bonne éducation), de TEGUINE(réserve), de YAROU (retenue) , de DOYLOU (savoir se contenter de ce que l’on a ), de MANDOU (ne pas avoir les yeux plus gros que le ventre) qui faisaient de nos aînés des personnes respectables ,respectées, adulées et aimées nous conduira si on n’y prend garde vers les abysses de la bêtise humaine, terreau de toutes les formes de violence. Plaise à DIEU que dans un sursaut d’introspection individuelle et collective, nous revenions à nous-mêmes pour redevenir ce que nous n’aurions jamais dû cesser d’être. Des Sénégalais frères et sœurs respectueux, dignes et pondérés en toute chose. DIEU Nous garde, garde le Sénégal et garde l’Afrique. N.B / Les traductions des valeurs cardinales sont « miennes » et ne sont pas certifiées rigoureusement exactes. Avis aux linguistes distingués.
JAJEFF.
Guimba KONATE
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