«La classe politique participante au dialogue, de connivence avec le Président Macky Sall, s’inscrit dans une logique de reporter de façon indéfinie, les élections locales en violation de la norme constitutionnelle communautaire».
L’accusation est de Moustapha Diakhaté qui estime, sur sa page facebook, que la mission du dialogue national a «giflé» le Sénégal. L’ancien président du groupe parlementaire de la majorité souligne c’est une incohérence pour notre pays de condamner le putsch du Mali au nom du Protocole de la Cedeao et ne pas respecter sa disposition selon laquelle «les élections à tous les niveaux doivent avoir lieu aux dates ou périodes fixées par la constitution ou les lois électorales.» Pour Moustapha Diakhaté, le Sénégal doit respecter tout le Protocole et pas seulement l’article qui protège les mandats des Présidents des pays. «C’est dommage qu’au moment où dans les démocraties dignes de ce nom, les débats portent sur les voies et moyens pour renforcer les pouvoirs des collectivités locales, au Sénégal les participants du dialogue politique se contentent de proposer à leur pays des réformettes du genre, report d’élections, audit du fichier électoral, élection au suffrage universel direct des maires et des présidents de conseil départemental», martèle-t-il. Pourtant, poursuit l’ancien ministre chef de cabinet du président de la République, «les chantiers ne manquent pas. Les différentes vagues de décentralisation depuis 1972 n’ont pas conduit à donner aux collectivités territoriales une autonomie effective».
«Pilotées par en haut, les premières réformes ont conduit l’État à déterminer à la place des populations vivant dans les collectivités territoriales, quelles devaient être les compétences des communes, départements, régions réduisant ainsi considérablement leur capacité effective pour se gouverner par eux-mêmes», ajoute Moustapha Diakhaté qui estime que pour décentraliser efficacement, le dialogue politique devrait proposer de rompre avec la logique de la réforme imposée «par le haut». «Plutôt que de laisser à l’État le soin de répartir lui-même les compétences des différents échelons territoriaux, il convient d’inverser la logique et de partir du bas pour commencer par donner le choix au plus petit échelon : les Communes, Départements et Régions. Eux-mêmes choisiraient quelles compétences ils exercent et lesquelles ils désirent déléguer à l’échelon plus haut», souligne l’ancien député. Non sans préciser que «c’est ce débat qui devait agiter le dialogue politique pour réformer notre modèle de décentralisation manifestement arrivé à bout de souffle».
Georges Nesta DIOP