L’actuel Président ivoirien a annoncé ce jeudi 6 août sa candidature à un troisième mandat lors de l’élection du mois d’octobre prochain. Il avait d’abord dit qu’il ne se représenterait pas, laissant son dauphin Amadou Gon Coulibaly porter les couleurs du parti au pouvoir, Rhdp. Mais la mort de ce dernier a changé la donne. En Guinée, Alpha Condé a presque dit «Oui» à ses partisans qui roulent pour un troisième mandat de leur leader.
«Je suis candidat à l’élection présidentielle du 31 octobre», a annoncé Alassane Ouattara dans son discours à la Nation, à la veille de l’anniversaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire. Le chef de l’Etat a donné deux raisons principales à sa candidature : un cas de force majeure, après la mort du candidat de son parti, Amadou Gon Coulibaly, début juillet, et un devoir citoyen.
Comme pour anticiper les critiques de l’opposition, Alassane Ouattara a rappelé qu’il s’était engagé à ne pas briguer un nouveau mandat dans son discours du 5 mars. Devant le Parlement, il avait dit souhaiter céder la place à une nouvelle génération. Tout en précisant bien que la nouvelle Constitution l’autorisait à se présenter, ce qui va aussi être un angle d’attaque de ses adversaires.
«L’homme propose, Dieu dispose»
«J’avais commencé à organiser mon départ. Ma vie après la Présidence. J’avais commencé à relancer l’activité de mon institut et la création d’une fondation», a-t-il expliqué à la Nation ce soir. Mais «l’homme propose, Dieu dispose», a déclaré Alassane Ouattara en évoquant le décès de Amadou Gon Coulibaly, ajoutant que cette disparition avait «laissé un vide dans l’équipe mise en place pour poursuivre» son programme.
Le chef de l’Etat ivoirien a ensuite listé les points qui, selon lui, nécessiteraient une continuité à la tête du pays : les défis pour maintenir la paix et la sécurité en Côte d’Ivoire, le besoin de juguler la pandémie du coronavirus, les risques que tous les acquis de ses neuf ans de pouvoir soient compromis. Des points auxquels s’ajoute le calendrier très serré, avec des élections dans trois mois. Alassane Ouattara a donc voulu montrer qu’il se lançait non pas pour s’éterniser au pouvoir, mais plutôt par la force des choses.
En Guinée, ce devait être la fin du suspense. Mais finalement, Alpha Condé a réservé sa réponse. «Pour le moment je prends acte», a-t-il répondu aux cadres de son parti qui, à l’issue de deux journées de convention au Palais du Peuple, à Conakry, lui ont demandé d’être le candidat du Rassemblement pour la Guinée (Rpg, au pouvoir).
Arrivé en début d’après-midi sous un tonnerre d’applaudissements, le Président guinéen a pris place sur un siège installé face à la scène. Le cérémonial avait été scénarisé dans les moindres détails. Hadja Diakhagbè Camara, une militante du parti, a d’abord pris la parole pour présenter le «rapport final de la convention». «Nous exprimons notre soutien indéfectible au président de la République», a-t-elle assuré, avant de lancer : «Nous vous choisissons comme l’unique candidat du Rpg !»
Condé : «Pour le moment, je prends acte»
Dans la salle, c’est l’explosion. Alpha Condé, lui, reste serein. Hadja Nantou Chérif, coordinatrice nationale du Rpg, vient lui apporter le texte de la résolution finale en mains propres. Et l’interpelle, à nouveau, dans toutes les langues du pays : «Notre choix s’appelle Alpha Condé : accepte notre choix !» Le chef de l’Etat se lève enfin, les bras levés, monte sur l’estrade, avec l’hymne national en fond sonore. Il adresse quelques remerciements aux partis alliés du Rpg, au Premier ministre, aux militants «sans lesquels je ne serai pas à cette place».
Mais bientôt, l’enthousiasme des militants se tempère. Dans son discours, Alpha Condé indexe, sans les nommer, les cadres de son parti. «Il faut que le Rpg revienne à sa tradition de solidarité», lance-t-il devant ses partisans. «Les forces intermédiaires entre le Peuple et moi ne jouent pas leur rôle», accuse-t-il ensuite, avant de poser une série de conditions.
«Si vous voulez que j’accepte votre proposition, il faudra faire en sorte que le Rpg soit comme avant : un parti pour tous», déclare Alpha Condé. «Si vous voulez que je continue, faites en sorte que ceux qui se sont battus pour le parti vivent dignement.» «Pour le moment, je prends acte», ajoute-t-il. «Si vous faites tout ce que je viens de dire, je vous donnerai ma réponse.»
Avec RFI et JeuneAfrique