La matinée d’hier, lundi 22 juin 2020, a été très chaude au niveau du site de Gadaye où, un litige foncier oppose un promoteur du nom de Babacar Fall, de Technologie 2000, à des acquéreurs de terrains, sur une superficie de 6 hectares, pour 253 maisons démolies.
Les Forces de l’ordre ont interdit la tenue de la grève de faim sur le site, usant de grenades lacrymogènes pour disperser les manifestants. Il y a eu des blessées et des interpellations du coté des grévistes de la faim qui n’ont pu démarrer leur diète sur le site, pour réclamer justice.
Venus très tôt, hier, lundi 22 juin, pour installer des bâches sur le site litigieux de Gadaye, en banlieue dakaroise, afin d’y tenir leur grève de la faim, les membres du collectif des victimes des démolitions de Gadaye n’ont pas eu le temps de démarrer leur diète. Des éléments de la Police de Yeumbeul ont vite débarqué pour les sommer de quitter les lieux.
Refusant de se disperser, les grévistes se verront chargés par les forces de l’ordre avec des grenades lacrymogènes. Il s’en suit une intifada entre les membres du collectif et les Policiers qui, en nombre insuffisant, ont demandé du renfort.
Quelques minutes après, des éléments du Commissariat central de Guédiawaye débarquent. Des manifestants sont interpellés. «On a arrêté 11 personnes dont 7 hommes et 4 femmes qu’on a brutalisé avant de les embarquer. C’est inadmissible !», a lancé Cheikh Traoré, SG adjoint du collectif des victimes de démolitions de Gadaye qui revient sur les faits. «On était venus tranquillement faire notre grève de la faim, tout en respectant les mesures barrières et la distanciation physique. Mais, à notre grande surprise, la Police de Yeumbeul est venue en charge pour nous demander de quitter les lieux. On leur a demandé sur quel motif ? Et ils ne nous ont pas donné de raison. Alors, nous avons refusé catégoriquement en leur signifiant que nous n’allons pas quitter ces lieux», a laissé entendre Cheikh Traoré.
DES BLESSES GRAVES DONT 3 FRACTURES PARMI LES GREVISTES
C’est en ces moments que la Police a chargé les membres du collectif, renseigne ce dernier. «La Police a lancé sur nous des grenades lacrymogènes, on a riposté avec des jets de pierres. Les policiers ont blessé, parmi nous, 7 personnes dont 3 fracturées et d’autres des blessées graves», a expliqué le SG adjoint qui revient sur les interpellations. «Il y a eu au moins 11 interpellations dont 4 femmes et 7 hommes qui sont à la Police de Yeumbeul. D’abord, nous nous affairons à évacuer les blessés. Ensuite, nous allons voir la suite à donner à cette affaire», a renseigné ce dernier. Revenant sur le motif de la grève de la faim, Cheikh Traoré d’indiquer : «Nous demandons à l’Etat de respecter ses engagements. L’Etat nous avait assuré qu’une fois que la justice aura tranché, il va nous restituer nos maisons et va nous accompagner jusqu’à ce que nous nous installons sur le site. Cette promesse a été tenue au Palais de la République. Et, la 2e chose, c’est que les décisions de justice doivent être respectées. On ne demande que ça», a soutenu Cheikh Traoré.
LA PLATEFORME «DOYNA» PORTE LE COMBAT DE GADAYE, DES TRAVAILLEURS DE PCCI ,ETC. A LA PLACE DE L’OBELISQUE, CE JEUDI
Venu apporter son soutien aux manifestants, Guy Maruis Sagna n’a pas mis de gangs pour s’indigner. «La justice de ce pays ne peut pas rendre des décisions favorables à ces 253 familles et, au lieu d’appliquer ces décisions de justice, on applique la loi du plus fort», s’est-il offusqué. Et de poursuivre : «nous pensons que c’est scandaleux !
Ces événements de Gadaye, ceux de PCCI, d’ABS, de Kignabo et de Guéréo se produisent à une date anniversaire de ce mythique jour du «23 Juin». Cela veut dire que le président Macky Sall n’a absolument rien changé dans ce pays, il a fait dans la continuité, mais également en pire. C’est pourquoi, nous lançons un appel à toutes les victimes de spoliation foncière, à toutes les victimes de démolitions de maisons, à toutes les victimes d’arriérés de salaires et de licenciements arbitraires à venir rejoindre la lutte des frères et sœurs de Gadaye, celle des membres de la plateforme «Doyna» (ça suffit) pour dire non à cette injustice, non à l’accaparement des terres et des biens de braves et valeureux citoyens sénégalais qui ont collecté pendant toute leur vie, à la sueur de leur front, leur argent», dit-il.
Et l’activiste d’embrayer : «au moins 8 voitures de Police étaient là. Mais dans quel Sénégal sommes-nous ? Nous allons examiner la situation avec nos frères de Gadaye, pour la suite à donner. Nous exigeons, dans les meilleurs délais, la libération des interpelées», a indiqué Guy Marius Sagna qui annonce un rassemblement pour ce jeudi 25 juin à la Place de l’Obélisque (Place de la Nation), dans le cadre des activités de la plateforme «Doyna», pour le respect des décisions de justice dans l’affaire de Gadaye, et exiger que les travailleurs de PCCI à qui, on doit 14 mois de salaire et les travailleurs qui courent derrière 49 mois de salaire soient payés et en fin, l’arrêt des spoliation foncières, avec l’adoption d’un Code foncier.
Sud Quotidien