e président du Cameroun Paul Biya s’est exprimé mardi soir à la télévision pour la première fois depuis le début de l’épidémie du Coronavirus dans ce pays rompant ainsi un silence médiatique de plus de deux mois très critiqué par l’opposition.
“Comme la plupart des pays du monde, le Cameroun est atteint par le Covid-19”, a déclaré M. Biya dans une allocution diffusée sur la télévision nationale, la CRTV. “Le nombre de personnes infectées augmente de jour en jour, apportant la preuve que la lutte contre cette pandémie est complexe et difficile”, a ajouté le chef de l’Etat.
M. Biya a appelé au respect “des mesures prises par le gouvernement”, comme le port obligatoire du masque. Il a également demandé aux Camerounais à “ne pas céder à la panique et ne pas croire les fausses informations relayées sur les réseaux sociaux”.
La plupart d’entre vous ont bien compris que devant le danger sournois que représente le covid-19, il convenait de mettre de côté les querelles politiciennes et de présenter un front commun
Paul Biya, 87 ans dont 37 à la tête du Cameroun, ne s‘était pas adressé à la nation depuis l’annonce le 5 mars du premier cas de coronavirus, alors même que son pays est l’un des plus touchés en Afrique subsaharienne.
Selon un dernier décompte rendu public lundi, le Cameroun compte plus de 3500 cas, dont 140 décès.
Le mutisme du président avait affolé la toile fin avril, des internaute affirmant même que le chef de l’Etat était mort. Ces fausses informations avaient alors été démenties par le gouvernement dans un communiqué.
Hormis deux photographies du président, l’une avec l’ambassadeur américain et l’autre avec l’ambassadeur français, publiées sur les réseaux sociaux, le président n’avait alors fait aucune apparition publique ou télévisuelle.
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Une partie de l’opposition avait critiqué ce silence en temps de coronavirus, jugé irresponsable et dangereux.
Mi-avril, Maurice Kamto, candidat malheureux à la présidentielle de 2018, avait dit avoir initié une procédure afin que le Conseil constitutionnel constate la vacance du pouvoir.
C’est finalement mardi soir, veille de la célébration de la fête nationale du Cameroun, que M. Biya s’est adressé à ses concitoyens.
“La plupart d’entre vous ont bien compris que devant le danger sournois que représente le covid-19, il convenait de mettre de côté les querelles politiciennes et de présenter un front commun”, a-t-il déclaré.
Nouvelle passe d’armes
L‘épidémie de coronavirus est l’occasion d’une nouvelle passe d’armes entre la majorité et l’opposant Maurice Kamto, qui avait passé en 2019 huit mois en prison, avant d‘être libéré en octobre.
Mi-mai, six personnes avaient été arrêtées parce qu’elles distribuaient masques et gel hydroalcoolique à Yaoundé dans le cadre d’une initiative lancée par M. Kamto, avant d‘être relâchées cinq jours plus tard.
Le pouvoir a également empêché une collecte de fonds pour lutter contre le coronavirus lancée par l’opposant et jugée “illégale”.
AFP