Alors que tout rassemblement public a été interdit à travers tout le territoire national, entrainant d’ailleurs la fermeture des lieux de culte, à Medina Gounass, les populations rament à contre-courant des mesures édictées par l’Etat pour lutter contre la propagation du coronavirus. Outre les prières quotidiennes dans les mosquées, celle du vendredi continue de drainer des foules dans cette ville sainte située dans le département de Vélingara et qui abrite annuellement la retraite spirituelle dénommée «Daaka».
Contrairement aux autres localités du pays, à Médina Gounass, les habitants refusent de se plier aux restrictions et autres mesures de prévention prises par les autorités en cette période de pandémie du covid-19.
Pour cause, une grande partie de cette communauté continue de s’acquitter de la prière du vendredi sous l’autorité du Khalife Thierno Tidiane Ba qui s’avère intransigeant quant au respect strict des principes islamiques.
Selon des témoignages recueillis par le «témoin» auprès de plusieurs sources dans la localité, certains habitants de la ville sainte sont très inquiets de la situation qui y prévaut.
D’autres, par crainte de voir une propagation du coronavirus, avec l’accroissement des « cas communautaires », des habitants auraient même alerté les autorités administratives afin que les rassemblements soient dispersés.
Mais, d’après des sources présentes sur les lieux, des éléments de la gendarmerie dépêchés sur place afin d’interdire aux fidèles l’accès à la grande mosquée ont fait face à deux reprises à une foule déterminée à effectuer la prière dans le lieu de culte. Il s’en était suivi un repli des forces de l’ordre après un bref échange entre leur chef et l’imam qui n’était pas disposé à rebrousser chemin.
« Jusqu’au moment où je parle, la grande prière du vendredi voit une forte affluence des fidèles. Actuellement, avec cette situation, c’est toute la ville qui est en danger. Car même si la majorité des habitants s’accorde à respecter les règles préventives et autres gestes barrières tant qu’il y a d’autres personnes de la même localité qui refusent de faire pareil, personne ne sera à l’abri du coronavirus. Malheureusement, là où les forces de l’ordre n’ont rien pu faire, les civils sont particulièrement impuissants » se désole un habitant de Medina Gounass sous le couvert de l’anonymat par crainte de représailles.
Autre bizarrerie dans cette localité religieuse au sud du pays, la neutralité de l’autorité administrative face au péril sanitaire encouru par les habitants de cette ville. En tout cas, beaucoup pointent du doigt la proximité entre les chefs religieux de ladite ville et le président de la république. Une entente cordiale et spirituelle qui, d’après certains, serait à l’origine de l’embarras du président Macky sall de voir son guide religieux forcé à lâcher du lest. « Aujourd’hui, en plus d’être complices sur ce qui se passe ici, les autorités étatiques seront les premières responsables d’une propagation de la pandémie au sein de notre communauté. Parce qu’on ne peut ne pas comprendre qu’il y ait des éléments de la gendarmerie cantonnés à l’intérieur de la ville tandis que des regroupements continuent », rouspète un intellectuel natif de Gounass.
Le Témoin