Ce n’est pas qu’il n’aime pas qu’on pose la question du troisième mandat. En réalité, Macky Sall aime ceux qui disent qu’il en a droit et détestent ceux qui disent le contraire.
Le Président Macky Sall pratique la politique du deux poids deux mesures. Il sanctionne durement ceux qui lui dénient le droit à un troisième mandat et en même temps, il se tait sur ceux qui pensent que la constitution lui donne le droit de briguer un troisième mandat. Sory Kaba a été limogé de son poste de directeur des Sénégalais de l’extérieur un dimanche soir après avoir dit le matin que la constitution interdisait au chef de l’Etat de briguer un troisième mandat. Une semaine après, c’était au tour de Moustapha Diakhaté d’être défenestré de son poste de ministre conseiller. Son tort, avoir prié le bon Dieu de préserver le Sénégal de la tentation du troisième mandat. Ce qui avait poussé Abdoul Mbaye à dire que parler du mandat était devenu un délit dans les rangs du parti présidentiel. Macky Sall avait justifié ces limogeages par le fait qu’il n’aime pas le débat sur cette question. Mais en vérité, il déteste qu’on lui dise qu’il ne pourra pas briguer le suffrage des Sénégalais. A preuve, l’ancien député Seydina Fall Boughazelli avait théorisé le troisième mandat sans conséquence pour lui. Le week-end dernier, c’était le tour de l’ancien Premier ministre Mahammad Boun Abdallah Dionne de dire que l’histoire du Sénégal avec Macky Sall n’est pas encore terminée. En d’autres termes, Macky Sall a le droit de briguer le suffrage des Sénégalais en 2024. Celui qui avait «prédit» cinq candidats à la présidentielle de 2019 n’a jamais été inquiété. Conscient certainement que les propos de l’ancien Premier ministre ont plu à Macky Sall, le ministre d’Etat Mbaye Ndiaye d’emboucher la même trompette. «Par rapport à la nouvelle constitution, Macky Sall est à son premier mandat. La rétroactivité n’est pas spécifiée dans la loi, constitutionnellement rien n’empêche à Macky Sall de briguer un autre mandat», a-t-il dit.
«Le ministre Mbaye Ndiaye a succédé à l’ancien Premier ministre Mahammad Boun Abdallah Dionne sur les plateaux de télé pour dire presque la même chose sur cette question. L’un, Secrétaire général de la présidence coordonne les activités du Président Macky Sall, en sa qualité de chef de l’Etat, l’autre, directeur des structures de l’Apr, tient l’appareil du parti que dirige Macky Sall. Il se sont succédé en moins d’une semaine d’une télévision à une autre sans que le holà n’ait été tiré de la première intervention pour que la deuxième soit plus conforme aux vœux jusque-là exprimés par le président de la République : travailler et éviter de parler de la question du troisième mandat», note l’ancien député Thierno Bocoum. Qui ajoute : «Pourtant, on pouvait valablement s’attendre à une mise au point de la part du chef de l’État, surtout face au premier de ses exécuteurs pour le Fast Track, qui a osé dire qu’il ne se débinera pas en répondant à la «question qui gêne».
Ch.G.DIENE