Auteur du livre «Macky Sall : De l’autoritarisme flamboyant, aux premiers signes de faiblesse» Serigne Mbacké Ndiaye explique les dessous du tiraillement du dialogue national, de même que le départ du Pds de Front de résistance national.
La polémique dès l’ouverture du dialogue national était-elle prévisible ? En tout cas, selon Serigne Mbacké Ndiaye, auteur du livre, titré «Macky Sall : De l’autoritarisme flamboyant, aux premiers signes de faiblesse», la controverse tient de la personnalité de Famara Ibrahima Sagna, président du Comité de pilotage du Dialogue national. «Au début, on disait que c’était une figure consensuelle, mais on se rend qu’il ne l’est pas tel qu’on le disait. C’est un gars extrêmement dirigiste, très procédurier. Il a toujours refusé de prendre fonction tant qu’on ne l’aura pas installé dans ses dites fonctions. Cela a pris sept mois au lieu de trois. Il refusait de répondre aux courriers du Général Niang, de la commission cellulaire du dialogue politique, parce qu’on ne l’a pas encore installé. Il a fait consensus au début, mais il est en train de bruler le capital sympathie dont il bénéficie», laisse entendre Serigne Mbacké Ndiaye, dans un entretien accordé à WalfQuotidien. De l’avis de M. Ndiaye, non seulement les deux commissions sont en bisbilles mais Famara Ibrahima Sagna veut impacter sur les décisions consensuelles du dialogue politique. Alors que lui, ne peut servir que de courroie de transmission. Puisque les partis politiques se sont entendus sur une décision, Famara Sagna n’a pas à impacter sur cela en la changeant ou en la modifiant. Ce qui fait que le dialogue politique et celui national ne s’entendent pas. .
Interpelé par ailleurs sur la décision du Pds de quitter le Frn, l’écrivain laisse entendre que «le plus important pour Abdoulaye n’est pas le Frn, sa priorité est de sortir son fils Karim Wade du bourbier judiciaire. Tout acte qu’il pose est à analyser dans ce sens par rapport à l’affaire Karim Wade». Poursuivant Serigne Mbacké Ndiaye révèle que ce que veut le Pape du Sopi, c’est saborder le dialogue national et porter un coup à Macky Sall, parce que c’est ce qui préoccupe ce dernier. «Le Frn n’est qu’une arme. Ce n’est pas ce qui l’intéresse», affirme-t-il. Non sans souligner que Karim Wade est une pièce maitresse dans la réussite du dialogue. «S’il veut intégrer le Pds dans le dialogue national, il lui faut régler, coûte que coûte, le cas Karim Wade», martèle-t-il. «Il reste à savoir si Macky Sall est prêt pour une révision du procès. Parce que quand on révise un procès, on reconnaît qu’on a tord. C’est un aveu d’échec. Cela veut dire que Macky Sall reconnaît que le processus juridique qui a conduit au procès de Karim Wade, n’a pas respecté ses droits. Ce serait la victoire de Karim sur Macky Sall.»
Sur une dernière note, Serigne Mbacké Ndiaye qui donne une bonne place à l’opposition dans son ouvrage, s’est prononcé également sur la quasi absence de l’opposition et la société civile dans les manifestations contre la hausse de l’électricité. A son avis, le Sénégal est dans un moment de recomposition politique. «Nio Lank est dans une position radicale. Ces absences sont révélatrices des jeux qui se déroulent en dessous et dont nous n’en avons pas la primeur. Actuellement, il y a des tractations qui se déroulent en sommet et qui font que certains préfèrent se taire ou mettre un bémol dans leur opposition. Si vous lisez le communiqué d’Abdoulaye Wade tout est clair. Il y a des suspicions de connivences entre certains responsables et Macky Sall. C’est sûr, parce que Macky Sall va mettre le paquet pour que son planning, son dialogue national réussisse», explique-t-il. Le scenario serait donc, selon l’auteur, de former à l’avenir un gouvernement de large coalition dans lequel des responsables politiques pourraient faire leur entrée.
Emile DASYLVA