Hier, devant la barre de la chambre criminelle, Samba Sékou Dia alias Bathie, accusé de l’assassinat de Fatoumata Mactar Ndiaye, a éclaboussé des responsables politiques du département de Pikine dont il dit qu’ils sont les commanditaires du meurtre.
Les auteurs de l’assassinat de Fatoumata Mactar Ndiaye, défunte vice-présidente du conseil économique, social et environnemental (Cese) ne sont autres que les responsables politiques du département de Pikine. L’accusation est de Samba Sow alias Bathie. Attrait devant la barre pour répondre de ses actes, l’accusé déballe et convoque un complot politique visant à liquider Fatoumata Mactar Ndiaye. Dans ses accusations, il cite des autorités politiques du département de Pikine tels que Fatoumata Sow, sa tante, Awa Niang, deuxième questeur à l’Assemblée nationale, Seynabou Guèye, Abdoulaye Timbo, maire de la Ville de Pikine, Maïmouna Baldé, etc. Non sans oublier Mouhamed Fall alias Bougazelli actuellement dans les liens de la détention pour une affaire de faux-monnayage présumé. «Je refuse d’être l’agneau du sacrifice dans cette affaire commanditée par des responsables politiques du département», a-t-il répondu, hier, au juge. «J’ai été victime d’un mauvais sort de la part du marabout qui a été envoyé par ma tante et Awa Niang. J’ai agi inconsciemment», ajoute-t-il.
Sous le feu roulant des questions du juge, Samba Sow avoue avoir fait irruption à l’intérieur du domicile de la victime en compagnie du marabout agissant sous les ordres de sa tante et Awa Niang. Puisque, dit-il, la sœur de son père l’avait envoyé, à deux reprises, pour aller rencontrer ce féticheur à la station Shell de Pikine, la veille. «Ma tante, Fatoumata Sow et Awa Niang ont envoyé le marabout pour éliminer Fatoumata Mactar Ndiaye. Elles m’ont, à maintes reprises, remis des gris-gris à mettre dans le véhicule de ma patronne ou à enterrer dans sa maison. Ce que j’ai toujours refusé. Ma tante est allée jusqu’à me faire sortir de notre maison familiale du fait de mon refus», révèle-t-il. «Après m’avoir remis du lait que j’ai bu, j’ai tout de suite perdu la tête. C’est dans cette situation qu’il m’a conduit chez Seynabou Ndiaye, Awa Niang, Abdoulaye Timbo. Puis, nous sommes partis passer la nuit chez lui», dira-t-il du marabout qu’il décrit à sa façon. A l’en croire, le lendemain, le marabout et lui se sont rendu à 07 heures du matin chez leur victime. «Il a laissé son véhicule loin. Il était vêtu de blanc. C’est lui qui a attaqué la dame. Il l’a assénée de plusieurs coups dans son appartement. Adama est venu taper sur la porte. Il me donne du lait encore en me remettant un couteau pour que je l’assène à Adama Ba. C’est le marabout qui m’a poussé à fuir», raconte-t-il.
La police a, elle aussi, reçu sa dose d’accusations de la part de Samba Sow. Selon lui, il a été malmené par les policiers tout au long de sa garde à vue. On lui aurait même proposé une somme d’argent à la police pour ne pas citer des noms. Invité à justifier sa volte-face devant la barre, Samba Sow déclare que ce sont les policiers qui ont donné les six versions auxquelles le tribunal fait allusion. «Awa Niang doit comparaitre. (…) Je n’accepte pas qu’on me sacrifie», déclare-t-il. Avant d’ajouter : «J’ai fait l’objet de retour de parquet à trois reprises. On m’a menotté pendant deux jours. Le commissaire m’avait demandé de déclarer devant le juge d’instruction qu’Adama Ba se bagarrait avec un autre individu. Je suis victime d’accusations infondées. J’ai purgé trois ans de détention préventive basées sur des accusations légères», confie-t-il.
Fatoumata Sow se lave à grande eau
Accusée d’être l’instigatrice de ce complot auquel ne survivra pas l’ancien membre du Cese, Fatoumata Sow, tante de Samba Sow, bat en brèche. Elle soutient ne l’avoir pas mis en contact avec personne d’autant plus qu’elle ne connait pas de féticheurs. «Il n’a qu’à assumer son fait. Je suis la petite sœur de son père. C’est en 2012 que Fatoumata Mactar Ndiaye m’avait remis le billet pour la Mecque que le président de la République lui avait offert. On était tout le temps ensemble. On a partagé beaucoup de choses dans la vie. Je jure sur le Coran que je n’ai jamais eu de problème avec elle», se défend-elle. «Je suis responsable politique dans le département et présidente des femmes de l’Apr de la commune de Pikine-Est. Elle était la présidente des femmes de l’Apr du département de Pikine. Il n’y a jamais eu de rivalité entre nous. Nous n’avions jamais disputé des postes», ajoute-elle.
Treize personnes appelées à la barre
Entre 12 heures et 18 heures, outre l’accusé, Samba Sow, 13 personnes ont été entendues par la Chambre criminelle. Certaines ont été convoquées à titre de simple renseignement comme sa tante, sa petite amie. Tandis que d’autres ont été attraites devant la barre pour servir de témoins. «Ses déclarations sont fausses. Il n’a qu’à assumer ses actes. Il n’a pas été possédé. Le marabout auquel il fait allusion, c’est moi. J’étais vêtu de jellaba blanc. C’est le médecin militaire, Babacar Samb, étudiant en sixième année, qui m’a sauvé», confie Adama Ba, fils de la victime. Interrogé en tant que témoin et partie civile dans cette affaire, ce dernier déclare : «Il n’a pas dit la vérité. La seule somme dont il est question tourne autour de 12 millions et quelques. Cette somme devrait être partagée entre les 12 communes du département de Pikine.». Puis, il fond en larmes.
La fiancée de l’accusé était aussi de la partie. Mbenda Fall a confirmé la date de leur mariage qui était prévu pour le 26 décembre. «Il avait promis que l’argent serait disponible à partir du 20 novembre. Il me rendait visite tous les jours après ses heures de travail. Il m’avait dit que ce n’est pas sûr qu’il aille à Touba pour la célébration du grand Magal. Nous nous sommes fréquentés pendant trois ans», confie-t-elle.