Artiste sénégalaise, Fatou Laobé dit tout haut ce qu’il y a de discriminant dans le traitement des artistes par le ministère de la Culture. Elle se joint ainsi aux complaintes de sa cadette, Ramatoulaye Diop qui n’a pas apprécié l’attitude de son ministère de tutelle.
Cette fois-ci, c’est Fatou Laobé, chanteuse sénégalaise qui est montée au créneau pour fustiger la discrimination qui sévit au ministère de la Culture dans le cadre du traitement des artistes. «Au Sénégal, on ne traite pas les artistes sur le même pied. Le contraire aurait été un bienfait pour tout le monde. Les artistes n’ont que la voix, la culture. Les autorités doivent être plus attentives à l’appel de tout le monde, parce que, lorsqu’il y a des besoins politiques, ils sont toujours là. Mieux, on doit être plus près des jeunes artistes, les encourager, les soutenir physiquement, mentalement, financièrement. C’est parce que l’art est indissociable du Sénégal et vice versa», a plaidé Fatou Laobé, à la fin de la soirée de sa cadette Ramatoulaye Diop «Femme noire» qui s’est auparavant, elle aussi, plainte de l’attitude de son ministère de tutelle.
Fatou Laobé soutient que l’absence du ministère est si notoire qu’elle ne connait pas ses occupants, à l’exception d’anciens ministres tels que Safiétou Ndiaye Diop et Mame Birame Diouf… «Je ne vois pas ce qu’ils font de tangible qui aide les novices. S’ils le font, c’est de manière partiale, discriminatoire», dénonce la chanteuse. Qui croit, toutefois, qu’il n’est pas trop tard pour bien faire : mettre tous les artistes sénégalais au même pied.
Les complaintes de Fatou Laobé sont réveillées par celles de Ramatoulaye Diop, qui avait donné rendez-vous à ses fans au Théâtre national Daniel Sorano, ce 24 décembre. «On m’a négligée, je le dis sans en rougir. J’ai fait des pieds et des mains pour ne manquer aucune étape de la préparation, mais elles n’ont pas tenu bon pour le succès de cette soirée. (…) Je suis déçue. Pourtant, nous avons tout fait. Beaucoup d’argent a été dépensé pour les répétitions. Ce que j’ai souhaité, c’est que l’évènement ait de l’ampleur avec la présence des autorités à qui j’ai adressé des invitations. Jusqu’hier (lundi, Ndlr), je voulais annuler la soirée parce que je suis trop stressée. Je suis déçue», dit la chanteuse. Qui poursuit : «Je n’aurais jamais imaginé qu’elles (les autorités) me feraient faux bond, surtout le ministère de la Culture. J’ai tenté en vain, mais c’est niet. Certaines autorités ne prennent même pas vos appels. J’ai fondu en larmes sur scène.».
Au pied de la scène, elle a, quand même, relevé le pari de fêter l’art avec toutes les ethnies sous forme de mise en scène avec des chorégraphies. Cela sous les symboles de la femme africaine. En cela, elle explique : «J’ai choisi le nom de femme noire pour conserver l’originalité, dans l’habillement sénégalais, africain, pour montrer l’africanité dans la parole, les actes. C’est aussi pour défendre les causes noires.» Ramatoulaye Diop a eu l’honneur de chanter à côté de Mada Bâ qui, de son côté, encourage la jeune génération à tenir bon, car l’art est certes difficile, mais reste un métier. Elle conseille aux plus jeunes d’être aussi sérieux dans ce qu’ils font.
Emile DASYLVA