Les paris sont ouverts. Mouhamadou Makhtar Cissé grillé par la hausse du prix de l’électricité, alors qui, au sein de l’Apr, pour porter les couleurs de la mouvance présidentielle?
Mouhamadou Makhtar Cissé, l’ancien directeur général de la Senelec et actuel ministre du Pétrole et des Energies, a été grillé. Considéré jusque-là comme le dauphin, le probable successeur du Président Macky Sall, qui a dit qu’il ne se représentera pas à la prochaine élection présidentielle de 2024, Mouhamadou Makhtar Cissé a été court-circuité, mis hors de course au dauphinat avec la hausse de 10 % du prix de l’électricité. Cette hausse qui a surpris les Sénégalais, remet totalement en cause sa réputation de gestionnaire hors pair et partant sa crédibilité. Alors qui, au sein de l’Apr ou même plus largement au sein de la coalition Benno Bokk Yaakaar, pour porter les couleurs de la mouvance présidentielle.
On ne connaît pas avec exactitude le nombre de prétendants, par contre, il est clair comme l’eau de roche qu’ils ne font pas légion. Ils se comptent sur les doigts d’une seule main. Etant donné que les alliés du Ps, de l’Afp et de la coalition Macky2012 n’ont plus d’ambitions présidentielles, les socialistes se satisfont largement de leur Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct) et les Progressistes de l’Assemblée nationale, par conséquent, le dauphin sortira forcément des rangs du parti présidentiel. Parmi les prétendants les plus sérieux, on peut citer Amadou Ba, actuel ministre des Affaires Etrangères et ancien ministre de l’Economie et des Finances. D’ailleurs, ses partisans au niveau de sa base politique des Parcelles assainies voient dans sa migration aux Affaires Etrangères une volonté du Président Macky Sall de lui tailler une stature internationale en le mettant au contact des chefs d’Etat et de gouvernement du monde entier. Cela, après avoir «amené le taux de croissance à un chiffre jamais égalé et décroché 7 000 milliards» au Groupe consultatif de Paris pour booster le financement du Pse. «Il a redressé l’économie du Sénégal et au plan politique, il a reconquis Dakar. Il reste maintenant la mission de reconquête de la diaspora. C’est juste une suite logique de la mission qui lui a été confiée», avait expliqué Khadim Gadiaga, son bras droit dans la commune.
En effet, certains observateurs le considèrent comme l’artisan de la victoire historique de Macky Sall à Dakar, lors de la présidentielle de février dernier. En effet, Amadou Ba avait été désigné coordonnateur de la coalition Benno Bokk Yaakaar à Dakar, lors de la présidentielle. Cela, après la victoire in extrémis de la mouvance présidentielle lors des législatives. Ce qui a fait de lui le patron de Benno dans la capitale. Cette victoire l’a également propulsé parmi les grands favoris pour succéder à Macky Sall. Tout le contraire de sa principale rivale Aminata Touré. Elle est une très sérieuse candidate à la succession de Macky Sall. Mais sa défaite mémorable face à Khalifa Sall aux élections locales de 2014, dans son fief de Grand Yoff, a brisé son élan. Depuis lors, elle se cherche et elle cherche surtout une base politique pour tenter de redécoller. A l’étroit à Grand Yoff, elle a tenté, à un certain moment, de militer à Kaolack, mais très vite, elle a été «chassée» par Mariama Sarr, le ministre de la Fonction publique et responsable de l’Apr dans cette ville. Mais en battante, Aminata Touré cherche à rebondir et à redonner son blason à travers la presse. Tout récemment elle a été croquée par le journal Jeune Afrique, une manière pour elle de se faire connaître à l’étranger.
Alioune Badara Cissé est également un sérieux prétendant à la succession Macky Sall. Mais son caractère trempé et sa liberté de ton semblent jouer en sa défaveur. C’est pourquoi, il avait été dégradé et chassé sans ménagement de son poste de numéro 2 de l’Apr. Même sa «prison» de médiateur de la République n’a pas entamé son caractère. Même si petit à petit il retrouve grâce aux yeux de Macky Sall qui fait la pluie et le beau temps dans son parti.
Tout récemment, le député Mamadou Lamine Diallo l’a taxé de Premier ministre de son beau-frère. Mais son nom n’a jamais effleuré l’esprit des observateurs jusqu’à la formation du gouvernement post février 2024 et la suppression du poste de Premier ministre. La création du ministère du Développement communautaire, de l’Equité sociale et territoriale a fait d’office de Mansour Faye, le Premier ministre et partant le dauphin caché de Macky Sall. «C’est à travers une préparation dans les fonctions étatiques et une véritable assise politique, que le Président de l’Apr est en train de travailler à faire ‘émerger’ un homme. C’est dire qu’au plan étatique et dans la réalité politique, Mansour est en train d’émerger avec l’appui des programmes phares du Pse», alertait au mois de mai dernier, un haut responsable du parti. Ce dernier ajoutait : «Bizarrement, dans ce ministère sont rattachés plusieurs programmes phares de l’Etat: Programme d’urgence de développement communautaire (Pudc), Programme d’urgence de modernisation des Axes et territoires frontaliers (Puma), Programme d’urgence de modernisation des villes (Promovilles), Délégation générale à la Protection sociale et à la solidarité nationale (Dgpssn) et l’Agence nationale de la couverture maladie universelle (Ancmu). Une manière de permettre à Mansour, dans le cadre du Pudc, d’aller dans les zones rurales en distribuant des moulins à mils aux femmes, en construisant des forages, en participant à la mise en place des pistes de production et éventuellement avoir une bonne assise dans ce milieu. Une manière de permettre à Mansour, par le biais du Puma, de connaître en profondeur, à l’occasion de ses visites de terrain, les axes et territoires frontaliers, de participer à l’implantation des programmes de l’État dans ces zones», ajoutait-il. «Que dire du Promovilles où il aura une très belle occasion de collaborer avec les maires de communes qui souhaiteraient bénéficier dudit programme. Sans compter la Délégation générale à la Protection sociale et à la Solidarité nationale par l’intermédiaire de laquelle Mansour pourra donner beaucoup de bourses sociales jusque dans les villages les plus reculés pour espérer un retour sur investissement. L’Agence nationale de la couverture maladie universelle (Ancmu) est incontestablement un moyen de faire enrôler beaucoup de personnes dans la couverture maladie universelle», concluait notre source.
En dehors de ces favoris, on peut également citer l’argentier de l’Etat, Abdoulaye Daouda Diallo, et dans une certaine mesure un certain Macky Sall. Le chef de l’Etat donne de plus en plus l’impression de vouloir briguer un troisième mandat, même s’il a reconnu qu’il n’y a pas droit.
Charles Gaïky DIENE