Les coalitions pour les élections locales de 2021 devront se faire essentiellement sur la base de la dernière présidentielle. Ainsi, Benno devrait se renforcer, des leaders quitteront Idy2019, Sonko ira seul.
Le président de la République a fixé les prochaines locales «au plus tard le 28 mars 2021». Mais, d’ores et déjà, on a une idée des formations politiques qui iront seules et des coalitions qui vont se former. La dernière élection présidentielle devrait être un baromètre fiable des regroupements politiques en vue. Selon toute vraisemblance, le président Macky Sall devrait s’appuyer encore sur la coalition Benno Bokk Yaakaar qui a vu le jour dans l’entre-deux tours de l’élection présidentielle de 2012. Cette coalition, qui a gagné pratiquement toutes les élections depuis lors, les deux élections législatives, les locales de 2014 et la dernière présidentielle du 24 février dernier, devrait être le fer de lance du maintien à leur poste des élus locaux de la mouvance présidentielle au lendemain du scrutin du 2021. Et le Président Macky Sall fait tout son possible pour raffermir l’unité et l’équilibre de sa coalition. C’est tout le sens de la nomination d’Aminata Mbengue Ndiaye au poste de présidente du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct) à la place d’Ousmane Tanor Dieng et de la nomination d’Alioune Ndoye au poste de ministre de la Pêche et de l’Economie maritime. Macky Sall a également maintenu le quota de son allié de l’Afp dans le gouvernement et dans des postes de direction. Il a également maintenu tous les alliés qu’il avait casés au Conseil économique, social et environnemental (Cese). Il faut dire que les socialistes, les progressistes ainsi que les autres souteneurs ne montrent pas de signes de vouloir reprendre leur liberté et de quitter le très sécurisant nid apériste. Ils iront contre vents et marées sous la bannière de Benno. Car en dehors de cette coalition, ils n’ont aucune chance de maintenir leurs élus locaux. Voulant absolument s’assurer d’une autre victoire en 2021 en perspective de la future présidentielle de 2024, le chef de l’Etat est dans une logique d’agrandir sa coalition déjà hétéroclite, qui a l’air d’une auberge espagnole.
Néanmoins, Macky Sall pourra compter sur les néo convertis à la religion apériste. Parmi ces derniers on peut citer Aïssata Tall Sall qu’il vient de bombarder Envoyée spéciale. Il pourra aussi s’appuyer sur des petits partis comme Ldr/Yessal de Modou Diagne Fada, l’Ucs du maire de Ziguinchor Abdoulaye Baldé, ainsi que sur d’autres leaders de moindre envergure qui ont transhumé. Last but not least, le chef de la coalition Benno peut également espérer se renforcer avec les dignitaires libéraux qui ont rompu avec le Pds et créé le mouvement Suqqali Sopi. En rupture de banc avec Abdoulaye Wade, Oumar Sarr, Abdoul Aziz Diop, Babacar Gaye, Ahmed Fall Braya ont désormais les mains libres pour soutenir leur ancien ennemi juré.
Face à l’armada de Benno, Idrissa Seck cherchera à maintenir en vie la coalition Idy2019 qui a porté sa candidature à la dernière élection présidentielle. Tout récemment, il a voyagé avec les candidats recalés lors du parrainage citoyen et qui l’avaient soutenu lors de ce scrutin.
Mais il lui sera difficile de maintenir en vie cette coalition jusqu’au scrutin. Car Mamadou Lamine Diallo, Thierno Alassane Sall, Abdoul Mbaye ainsi que d’autres leaders ont claqué la porté de Idy2019 et mis sur pied leur propre coalition dénommée la Convention pour la renaissance démocratique (Crd). Et eu égard à l’entente et à la complicité qui règnent entre ces leaders, tout porte à croire qu’ils iront ensemble en 2021. Ils sont allés ensemble lors du Magal et du Gamou. En outre, si le parrainage est annulé, des leaders comme Pape Diop, Malick Gakou, Mamadou Diop Decroix, Hadjibou Soumaré, et tant d’autres qui avaient été mis hors de course lors de la dernière présidentielle à cause du parrainage, chercheront, à n’en pas douter, à glaner des collectivités locales pour avoir une base élective.
En plus, Idrissa Seck devrait perdre le soutien de Khalifa Sall et de la coalition Taxawu Ndakarou. L’ancien maire de Dakar pourrait mettre sur pied sa propre liste pour maintenir la capitale dans son giron, d’une part, et d’autre part, chercher à conquérir des collectivités locales. Et cela en perspective de la prochaine présidentielle. Car il sait que la conquête de l’Exécutif national passe nécessairement par la conquête des communes et des villes. En outre, pour avoir une stature de chef d’Etat, Khalifa Sall doit prouver à ses détracteurs qu’il a une assise nationale. Et cela passe par le contrôle d’un certain nombre de localités. A moins que Khalifa Sall ne se ligue avec le Pur et son fondateur Moustapha Sy qui a montré, à plusieurs reprises, sa proximité avec lui. Une alliance entre les deux hommes pour ces élections locales devrait être facilitée par la mise à l’écart d’Issa Sall candidat du parti lors de la dernière élection présidentielle. Il est considéré comme le facteur bloquant du rapprochement entre les deux hommes. Ce qui est valable pour Khalifa Sall, l’est également pour Malick Gakou. Le leader du Grand parti a besoin de prouver que sa renommée ne se limite pas seulement dans son fief de Guédiawaye. Et tout comme Khalifa Sall, il doit gagner des communes et des départements en 2021 en dehors de son département pour montrer qu’il est présidentiable. A moins que Idy, Khalifa et Gakou ne forment une large coalition avec la même stratégie qu’ils avaient adoptée lors des dernières élections législatives. Sûr de lui-même et de sa popularité, Ousmane Sonko devrait aller à ces locales sous sa propre bannière. Le leader de Pastef se définit comme un anti système et cherche à envoyer à la retraite l’establishment politique actuel au pouvoir et dans l’opposition. C’est pourquoi il ne devrait pas s’encombrer de dinosaures.
Charles Gaïky DIENE