La date choisie pour reporter les locales n’est pas fortuite. Les libéraux accusent Macky Sall de profiter du décès de Tanor Dieng pour espérer dissimuler ses «basses manœuvres» et imposer une décision aussi importante.
La coïncidence entre la décision de reporter les élections locales et l’enterrement du Secrétaire général du Ps prouve, selon le Pds, que le Président Macky Sall n’a aucun respect pour son allié Ousmane Tanor Dieng. Mieux, les libéraux l’accusent de profiter de ce décès pour imposer ce second report. «Cette décision est d’autant plus regrettable qu’elle intervient au moment où le Sénégal est endeuillé par la perte du Secrétaire général du Parti socialiste Ousmane Tanor Dieng. En agissant ainsi, Macky Sall donne, une fois de plus, la mesure de son manque notoire de décence et d’élégance, et espère dissimuler ses basses manœuvres pour imposer une décision aussi importante sur la vie de nos collectivités locales avec la complicité de représentants de partis politiques qui n’ont pour la plupart aucune légitimité politique», lit-on dans un communiqué. «Le Pds prend connaissance avec étonnement de la volonté manifeste de Macky Sall de reporter une deuxième fois la tenue des élections locales, prévues le 1er décembre 2019. Le Pds est farouchement opposé à cette tentative de report, qui n’est sous-tendue par aucun argumentaire recevable. Il semble évident que Macky Sall et ses alliés cherchent par ce biais à échapper au désaveu dont ils feront l’objet à l’occasion de ce scrutin», poursuivent les libéraux qui mettent en garde le Chef de l’Etat contre les «conséquences de cette nouvelle forfaiture». Abdoulaye Wade et ses hommes estiment qu’il sera tenu comme unique responsable des répercussions de cette décision arbitraire dont la seule motivation est d’éviter d’essuyer le mécontentement des sénégalais à l’égard de sa politique marquée par une succession de scandales et la hausse généralisée des prix. Le Pds appelle toutes les forces vives de notre pays, attachées à notre modèle démocratique à rejeter catégoriquement cette nouvelle violation du calendrier électoral et à s’engager dans cette nouvelle bataille pour le respect de notre droit à choisir librement des représentants qui agiront dans l’intérêt premier des collectivités locales et des populations.
Les partis politiques qui prennent part au dialogue politique ont décidé, de «manière consensuelle», de les reporter à une date ultérieure. «A l’issue de sa réunion du mardi 16 juillet, la commission politique du dialogue national, considérant l’importance des thèmes à aborder avant les élections locales prévues le 1e décembre 2019, a, au terme de ses débats, constaté un consensus fort sur la nécessité de reporter lesdites élections. La commission a, en effet souhaité se donner le temps de produire un travail de qualité, de nature à garantir un cadre politique et des élections apaisées», lit-on dans un communiqué signé par le général Mamadou Niang, le Président de la Commission cellulaire du dialogue national.
Mais les libéraux ne sont pas les seuls à s’opposer à un second report de scrutin qui était initialement prévu au juin avant d’être reporté au décembre. En effet, Abdoul Mbaye, Mamadou Lamine Diallo, Thierno Alassane Sall, etc., regroupés autour du Crd exigent la tenue du scrutin à la date du 1e décembre. Ils soutiennent que si on accepte un deuxième report après un premier report unilatéral, rien ne s’opposera plus au report des élections législatives de 2022 et même de la présidentielle de 2024. A l’instar des libéraux, ces leaders de parti appellent à l’intensification et à l’amplification de la mobilisation et à la lutte pour le respect du calendrier républicain. Car ils considèrent qu’il n’y a rien qui s’oppose objectivement à la tenue des ces élections à date échue qui ne soit l’œuvre unilatérale de Macky Sall qui a «violé et tripatouillé» la loi électorale. Selon eux, reporter encore les élections locales n’est ni juste, ni légal et ne peut de toute façon faire l’objet d’aucun consensus.
Charles Gaïky DIENE