C’est devant des chaises vides que le leader de Pastef/Les patriotes, Ousmane Sonko, a démonté les argumentes du ministre des Finances et du budget, Abdoulaye Daouda Diallo, pour justifier la loi de finances rectificative. Selon le candidat malheureux à la dernière Présidentielle, l’Etat ne dit pas la vérité aux Sénégalais sur la situation financière du pays. Il soutient que les arguments annoncés par le gouvernement sont «fallacieux».
Comme chaque année, le gouvernement présente une loi de finances rectificative à l’Assemblée nationale pour répondre aux exigences des finances publiques. Cela, avec des arguments qui doivent être solides pour convaincre les représentants du peuple à adopter ladite loi. Hier, le ministre des finances et du budget, Abdoulaye Daouda Diallo a défendu celle n°10/2019 pour l’année 2019. Selon lui, cette loi poursuit des objectifs dont celui de ne pas répercuter sur les consommateurs et les entreprises la totalité de la hausse des prix du baril. Faux, rétorque le leader du Pastef, Ousmane Sonko. Ce dernier soutient que les arguments avancés par l’Etat pour justifier la présente loi sont fallacieux. A l’en croire, les vraies raisons de la loi de finances sont liées au manque de sincérité budgétaire. Car, raille-t-il, chaque année, la majorité mécanique du pouvoir vote sans savoir ce qu’elle autorise. En plus de ce manquement, le patron du Pastef/ Les patriotes dénonce le fait que le gouvernement actuel ait politisé l’administration fiscale à l’extrême. Ce qui explique, d’après lui, la mauvaise performance de cette régie financière. «Monsieur le ministre, les raisons que vous avez avancées pour justifier votre loi des finances rectificative sont fallacieuses. Vous évoquez d’abord, la conjoncture internationale. Nous avons dit depuis des années que votre croissance est conjoncturelle et non structurelle. Et, qu’il aurait suffi d’une petite hausse du prix du baril pour que vous vous rendiez compte. Et, c’est ce qui vous rattrape», a déclaré Ousmane Sonko. Tout en rappelant au ministre, les 7356 milliards de francs Cfa collectés à Paris lors du second groupe consultatif pour un objectif de 2 850 milliards de francs Cfa.
Poursuivant, il assure que l’Etat a perdu le crédit et la confiance des bailleurs à cause de deux choses. D’abord, insiste-t-il, l’endettement chronique qui était en 2012 à 2741 milliards de francs Cfa, soit 40% du Produit intérieur brut a dépassé de nos jours 6 milliards, soit 62% du Pib. «Aujourd’hui, vous dites que la conjoncture internationale incertaine commande d’observer une certaine prudence dans la mobilisation de l’investissement public pour financer des emprunts. En réalité, vous avez perdu le crédit et la confiance des bailleurs. La performance économique dont vous parlez est surfait», dénonce-t-il.
L’autre argument qu’avance l’ancien Inspecteur des impôts pour justifier la déroute économique du gouvernement est lié aux mauvais choix d’investissement. Dans ce pays, on n’encourage que la tortuosité et la contreperformance. Une administration qui enchaîne deux à trois années de gap de plus de 100 milliards de francs Cfa. Le rapport de Dpe a dit que nous avons la capacité d’avoir 25% de pression fiscale, aujourd’hui, nous sommes à 15%. C’est là où se trouve votre problème. Et vous voulez toujours reporter tout sur les populations. Toujours avec des faux arguments et le blanchiment de fraudes fiscales», cogne le leader du Pastef.
En outre, il soutient que l’Etat a renoncé aux 100 milliards de francs Cfa de la société Adex. Par ailleurs, Ousmane Sonko rappelle aux gouvernants que la loi fiscale est du domaine exclusif de l’Assemblée nationale. Donc, note-t-il, c’est la seule institution habilitée à effacer une dette fiscale. En outre, il accuse le gouvernement d’effacer des dettes fiscales sans consulter le Parlement. «Ayez le courage de dire la vérité aux Sénégalais. C’est votre amateurisme, votre manque de patriotisme, qui a mis le Sénégal dans des difficultés financières. Et, les sénégalais vont souffrir parce que vous êtes incompétents. Les Sénégalais vont souffrir parce que cette frange du peuple prend de l’argent pour voter et elle est la première victime de la mauvaise gestion», fait-il remarquer. Enfin, le leader du Pastef rappelle qu’en 2018, la loi de finances initiale a connu une hausse de 349 milliards de francs Cfa, soit 10%. Au moment où celle de finances rectificative a enregistré une baisse de 66 milliards de francs Cfa sur les recettes fiscales. «2019, hausse de 274 milliards de francs Cfa, 7,5%. Loi de finances rectificative baisse de 83 milliards de francs Cfa. C’est comme ça que vous fonctionnez», a-t-il conclu.
Adama COULIBALY