Un vendredi chaud attend le préfet de Dakar. Tout le monde se demande comment il va s’y prendre avec les demandes de marche qui sont sur sa table.
Ce vendredi ne va pas être simple pour le Préfet de Dakar. Il risque d’être mouvementé pour l’autorité. Dans son giron, deux manifestations sont prévues à des endroits différents. Parce que Aar li nu bokk a décidé de se joindre au G7 regroupant les syndicalistes. Cette marche avait été annoncée depuis un mois, plus précisément, suite à la déclaration du président de la République, le premier mai dernier. Lors de la remise du Cahier des doléances, Macky Sall avait indiqué clairement que l’Etat n’est pas disposé à augmenter les salaires des travailleurs. Les leaders de cette coalition de syndicats de l’éducation les plus représentatifs, initiateurs de la procession, avaient été auditionnés mardi dernier par la police de Dieuppeul pour connaitre les motivations de cette manifestation. Mais jusqu’à présent le Préfet de Dakar n’a pas encore dit s’il va l’autoriser ou pas. Toutefois, le Secrétaire général du Saemss, Saourou Sène, après cette audition, dit qu’il ne voit pas ce qui peut faire échouer leur procession. «Nous sommes dans le cadre d’un régime déclaratif. De ce fait que le préfet autorise ou pas, la marche aura lieu à l’endroit indiqué», soutient-il.
Cette marche des enseignants intervient dans un contexte tendu et lourd, depuis l’éclatement, par la Bbc, de l’affaire Petro-Tim qui implique le frère du président de la République qui a rendu le tablier à la Direction de la Cdc. La plateforme Aar lu nu bokk a décidé de tenir chaque vendredi une manifestation populaire à la place de l’Obélisque. C’est pourquoi, on se demande si l’autorité préfectorale va laisser les deux groupes aux doléances différentes s’unir pour organiser une manifestation conjointe. Même si, Abdou Faty, membre fondateur du G7 et Secrétaire général du Syndicat des enseignants libres (Sels/Authentique) précise que «la marche n’a rien à voir avec le pétrole et le gaz. Parce qu’elle a été programmée depuis le mois de mai pour répondre aux propos tenus par Macky Sall disant qu’il ne peut rien faire pour les travailleurs».
Pour ne pas céder le terrain à la plateforme Aar lu nu bokk soutenue par l’opposition, la majorité présidentielle par le biais de ses jeunes qui ont mis sur pied la plateforme Samm sunu rew organise le même jour une contre manifestation. «Epris de justice et conscient de la nécessité de nous ériger en bouclier contre les forces obscures dont les agissements sont de nature à saper les fondements de la cohésion nationale, nous membres de Samm sunu rew, comptons organiser une marche pacifique ce vendredi 28 juin à partir de 15 heures», indique le porte-parole de cette plateforme Ansoumana Sané. Qui précise que la marche va démarrer à l’Université Cheikh Anta Diop pour s’achever à la Place de la Nation. Et d’ajouter : «Nous ne comptons attaquer qui que ce soit. Ce n’est pas une provocation. Nous avons la ferme volonté de marcher pacifiquement pour préserver la plus grande ressource naturelle à savoir la paix et la stabilité nationale. Nous avons choisi le vendredi, un jour stratégique, qui symbolise la paix pour organiser ce rassemblement. Ce choix est fait par rapport à un canevas qui est déjà défini. Il appartiendra à l’autorité préfectorale d’apprécier».
La marche du G7 qui se déroulera sur l’avenue Bourguiba commencera à partir de 15h au niveau de l’Ecole normale supérieure (Fastef) pour se terminer au rond point du Jet d’eau.
Devant ces prémisses d’un cocktail explosif, la balle se trouve dans le camp du Préfet. Il est dans un dilemme cornélien. Parce que dans ce cas de figure, il ne peut pas faire deux poids deux mesures. Soit, il autorise toutes les marches ou il les interdit.
Mamadou GACKO