Acculé, Aliou Sall a cédé, en partie. Il annoncé sa démission de la Caisse de dépôts et de Consignations. «Fort de la conviction profonde que demain il fera jour, et que la lumière finira d’avoir raison des ténèbres, je prends ici devant vous la décision de donner ma démission de la Cdc et ce à compter de ce jour», déclare Aliou Sall qui par la même occasion «prend date» pour l’avenir, parce qu’il est persuadé que cette épreuve rendra beaucoup de service au peuple dans le futur. «Je tiens donc à répondre cette fois-ci par les actes parce qu’il est aussi de mon devoir, pour le présent comme pour l’avenir, pour ne pas dire pour l’histoire tout court, de laver mon honneur sali, de protéger les miens qui sont aujourd’hui encore plus touchés que moi dans leur chair et dans leur esprit. C’est à la fois un problème de justice, de dignité mais aussi de responsabilité», poursuit-il. Ajoutant qu’il s’agit aujourd’hui d’apporter la seconde réponse et que son frère Macky Sall comprend les actes qu’il pose en ce moment précis.
Aliou Sall soutient en effet que face à une telle «entreprise de déstabilisation» savamment construite, il a choisi de donner une réponse par les actes après la prise de parole publique. Il rappelle en effet qu’il avait, dans un premier temps, décidé de répondre point par point aux accusations «iniques» de la Bbc sur son appartenance à telle ou telle société, sur des éléments de salaire, sur des versements de commissions indues, sur une rente pétrolière ahurissante étalée sur pas loin d’un demi-siècle. Pas moins. Et à l’en croire, certains ont bien saisi la substance du message qu’il a voulu délivrer et y ont souscrit. D’autres, en revanche, ont continué leur «entreprise de destruction» en s’inscrivant bien entendu, toujours dans leur logique préconçue de politique de la terre brûlée. Toutes choses qui ont fini de pousser l’Etat du Sénégal à ouvrir une information judiciaire pour donner corps à sa volonté de rétablir la vérité d’une part, et celle de prendre les mesures idoines, d’autre part, selon lui. Bien évidemment, dit-il, depuis le premier jour, toute cette «malheureuse controverse» n’est entretenue qu’autour d’un «tissu d’amalgames et de contrevérités» destiné à alimenter une autre campagne, plus insidieuse, celle-là, et qui va au-delà de ma modeste personne.
Par ailleurs, Aliou Sall affirme que «cette affaire autour du pétrole, avant de prendre les contours d’un enjeu national voire international, constitue aussi et d’abord un enjeu personnel, une véritable tragédie qui touche un être en chair et en os, un homme qui éprouve des sentiments, qui a été élevé dans certaines valeurs cardinales, qui vit en société, entouré de sa famille, de ses amis et de ses sympathisants. On semble malheureusement l’oublier». En effet, d’après lui, cette «campagne présente l’autre (moi en l’occurrence), comme l’ennemi public numéro un», et elle se donne les moyens de faire mouche parce qu’elle finit, dit-il, de prendre le visage de la vérité à force de travestir les faits les uns après les autres. «Elle joue également de manière indécente sur la corde sensible de populations qui se battent au quotidien pour vivre voire pour survivre; et à ces populations, elle s’emploie à offrir comme provision, des raccourcis cyniques et dangereux du genre : Lii yeen ako moom, ay nitt akiimoo ko, def ko seen yeufi boop, niom ak seeni diabarr, seeni doom, seeni kharitt. En somme, c’est une campagne visant à me ‘déshumaniser’ (le mot n’est pas trop fort), parce que c’est de cela qu’il s’agit, une campagne qui présente l’autre (toujours moi) comme le méchant face aux bons, celui qui s’abreuve du sang et de la sueur du peuple sénégalais, le personnage sans foi, ni loi qui nargue un peuple exsangue», poursuit Aliou Sall.
Ce dernier qui indique que la «caricature est sans pitié», d’ajouter: «Qui ne serait pas indigné, choqué, offensé au plus haut point par une telle tyrannie langagière, un tel déferlement de bavures au propre comme au figuré. C’est donc dire si je peux comprendre dans un certain sens, ceux qui, de bonne foi, ont pu à un moment ou un autre, prêter une oreille attentive et bienveillante aux propos tendancieux déversés à longueur de journée, ou même ceux qui ont choisi de hurler avec les loups parce que tout simplement mus par une haine viscérale», s’insurge Aliou Sall non sans se résigner. «Ainsi va le monde», philosophe-t-il.
Ch.G.DIENE