En Algérie, Gaïd Salah fait tout pour piloter la transition, même s’il ne s’est pas autoproclamé président d’un Conseil de transition. Au Soudan, Awad Ahmed Benawf n’a pas pris de gants pour se désigner successeur d’El Béchir. Dans les deux cas, l’armée cherche à voler au peuple sa révolution.
Alors que les peuples algérien et soudanais sont sortis massivement dans la rue pour faire “dégager” des systèmes qui perdurent dans leur pays depuis l’indépendance, ce sont finalement les officiers des armées de leur pays qui semblent en récolter les fruits.
Au Soudan, hier, jeudi 11 avril, les militaires ont été on ne peut plus clairs.
Alors qu’ils avaient été appelés à la rescousse par les manifestants, ils ont décidé d’arrêter le président Omar El Béchir. Dans la foulée, Awad Ahmed Benawf, ministre de la Défense, a été nommé à la tête du Conseil militaire de transition. Quel que soit le nom qu’on donnera à sa nouvelle fonction, il aura les prérogatives d’un chef d’Etat, nommant et limogeant, décrétant et décidant de tout.
Il devient ainsi calife à la place du calife Omar, à la manière d’un Iznogood. Sauf que l’allusion à la célèbre bande-dessinée belge s’arrête là: entre Awad Ahmed Benawf et Omar El Béchir, c’est blanc bonnet et bonnet blanc, il n’est nul question de Haroun El Poussah.
En effet, Benawf, 62 ans, qui prend la tête du Conseil militaire de transition, est un homme du sérail, un pilier du parti du Congrès, qui dirige le Soudan depuis 1989.
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Formé en Egypte en tant qu’officier, il connaît une ascension fulgurante. Après avoir débuté comme enseignant à l’Ecole militaire de Khartoum, il finit par être bombardé chef des renseignements soudanais. Il est alors nommé ministre de la Défense en 2015, après avoir été ambassadeur en Erythrée, puis en Egypte, à Oman et surtout ministre des Affaires étrangères.
Il y a deux mois, El Béchir lui a même octroyé une promotion, en le nommant vice-président, et en lui confiant le Haut comité de sécurité, justement créé pour faire face aux manifestants.
Finalement, c’est le bras droit du chef de l’Etat Soudanais, comptable de son bilan, qui le remplace.
C’est pourquoi les manifestants ont unanimement réjeté le conseil de transition mis en place par lui et l’armée.
Et plus à l’Est du continent, en Algérie, Ahmed Gaïd Salah, le vice-ministre de la Défense et chef de l’armée, a, lui, une démarche un peu moins directe, puisqu’il affirme inscrire sa démarche dans les règles constitutionnelles. Mais nul n’ignore que son intention est identique à celle de son homologue Soudanais Benawf.
Ahmed Gaïd Salah veut, lui aussi, confisquer le pouvoir au peuple.
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Ainsi, il a commencé par brandir la menace de l’article 102 de la Constitution, avant d’affirmer qu’il ne reconnaissait plus l’autorité de la présidence qui était entre les mains d’une “bande” ayant usurpé le pouvoir.
Ce durcissement de langage a poussé Abdelaziz Bouteflika à la démission. Il lui restait le plus dur, soit de faire oublier à la rue sa principale revendication: “faire dégager le système”.
Son implication permanente dans le processus, ses déclarations intempestives, et sa nervosité vis-à-vis des manifestants montrent que Ahmed Gaïd Salah est très agacé par l’évolution des évènements.
Une question se pose: celle de savoir s’il en arrivera à affronter le peuple algérien, déterminé à ne pas se faire voler sa “Révolution du Sourire”.
Le360afrique