Les bus Tata sont devenus telles les brebis galeuses du trafic urbain à Dakar. Bien des raisons expliquent ce phénomène, selon les professionnels du secteur.
Accueillis comme une bouffée d’oxygène dans le déplacement des Dakarois, les bus Tata sont vite devenus un casse-tête. Pour beaucoup d’usagers, ils sont devenus pire que les «cars rapides». Ils se disputent la chaussée, ne respectant plus les arrêts. «Le pourquoi du comportement de certains chauffeurs qui font que les bus sont comme les +cars rapides+ et s’arrêtent au coin des rues pour attendre des clients, est que l’opérateur, le propriétaire du car exige à son équipage un versement supérieur à la normale. En retour, l’équipage reçoit une prime qui peut varier entre 2 000 et 2 500 francs Cfa. Cela fait qu’on ne peut pas avoir le confort au niveau des bus. L’équipage est obligé de remplir, à chaque fois que de besoin, le bus. Conséquence : les gens s’entassent à l’intérieur. Cela, pour avoir plus de versements et recevoir la prime le soir», explique Ibrahima Nachirou, chargé de la communication du Syndicat autonome des travailleurs du transport du Sénégal (Satts) qui était de passage dans les locaux du groupe WalFadjri pour exposer leurs complaintes.
Les travailleurs n’avaient pas exclu d’aller en grève pour exiger de meilleures conditions de travail et la prise en compte de leurs droits de travailleurs. «Il est temps de régler le problème des travailleurs de l’Association de financement des professionnels du transport urbain (Aftu)», réclament les syndicalistes. Pour eux, cela fait déjà près de 14 ans qu’ils roulent sans contrat. Ils disent travailler comme des journaliers avec des versements quotidiens, exigés de la part des propriétaires de bus.
Réitérant leurs doléances, les chauffeurs laissent entendre : «Ce que nous demandons est simple, nous sommes régis par le code du travail. Nous exigeons que tous les travailleurs aient un contrat de travail. Depuis qu’Aftu est là, il n’y a pas un travailleur qui a signé un contrat de travail». Cela en martelant : «Nous ne sommes pas pris comme des travailleurs normaux parce que, pas pris en compte dans le code du travail qui, pourtant, régit tous les travailleurs du Sénégal. Le pouvoir en place n’a pas fait une action allant dans le sens d’améliorer les conditions des travailleurs.» Ces derniers se disent déterminés à lutter jusqu’à la satisfaction de leurs préoccupations, car ils ne peuvent pas accepter que des chauffeurs travaillent plus de 40 heures par semaine sans sécurité sociale.
Par la voix d’Amadou Samb, Secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs du transport du Sénégal/Section Aftu, les conducteurs confient que «chaque transporteur gère son véhicule. Alors que le projet, c’était d’avoir un système de transport formel avec un chauffeur, un receveur régulateur, un contrôleur comme c’est le cas à Dakar Dem Dikk». D’après M. Samb, si les choses ne bougent pas, c’est parce qu’«il y a un lobby au niveau des autorités qui ont des bus Tata». A l’en croire, les patrons font travailler leurs agents de 5 heures à 23 heures pour ne payer que 2 500 francs au receveur et 5 000 francs au conducteur par jour. Soit près de 150 mille francs Cfa le mois. Poursuivant, Amadou Samb estime qu’il y a 8 000 travailleurs.
Emile DASYLVA