De sérieuses menaces planent sur le démarrage du Train-express régional (Ter) prévu lundi prochain et devant être lancé par le chef de l’Etat Macky Sall. Dans les communes de Pikine-Ouest, Guinaw-rails Nord et Guinaw-rails Sud, des populations mécontentes du non-respect des promesses de l’Etat comptent perturber la manifestation. Cette colère vient s’ajouter à celle des populations d’autres localités de la banlieue impactées par le projet de l’Etat.
La colère des populations de la banlieue de désenfle pas. Après les habitants de Rufisque qui se plaignent des désagréments causés par le Train express régional (Ter) et les impactés de ce projet de l’Etat, d’autres localités de la banlieue se soulèvent. Cette fois, cela se passe dans les communes de Pikine-Ouest, Guinaw-rails Nord et Guinaw-rails Sud. Au détour d’un sit-in, arborant des brassards rouges, les protestataires expriment leurs complaintes.
A Pikine-Ouest, des commerçants du marché Mame Diarra soutenus par les riverains annoncent la couleur, notamment leur détermination à exprimer leur déception par rapport au projet en question. «Ce lundi 14 janvier, nous allons tous nous mobiliser pour dire au chef de l’Etat que ses directives n’ont pas été exécutées. Il nous avait dit qu’il allait nous octroyer un site de recasement à Diamniadio et régler les indemnisations restantes. Nous allons donc manifester pour qu’il sache que rien n’a été respecté. Que le président de la République comprenne que le marché Mame Diarra est un cercueil qu’on a creusé», menace leur délégué général Balla Mbengue, d’un ton assuré. Mariama Ndiaye, commerçante domiciliée à Guinaw-rails Sud, de lâcher sans détours : «On compte se mobiliser pour manifester contre l’inauguration du Ter qui nous a coupé du reste de la capitale. Nous avons des problèmes pour amener nos enfants l’école car il n’y a pas de passerelles. Les agressions ont recommencé et les camions d’ordures ne passent plus dans notre commune. Nous allons donc manifester notre colère le 14 janvier».
Faisant l’état des lieux sur le Ter, Mariama Ndiaye dénonce : «Il y a beaucoup de commerçants qui n’ont pas été indemnisés. Nous n’avons pas de sites de recasement. Alors qu’il y a des gens qui ont fait ici 30 ans. Mais aujourd’hui, ils sont obligés d’aller à un chômage technique forcé». Et Ass Fall un autre commerçant d’ajouter : «On s’est réunis pour manifester notre amertume. Comment on peut faire un projet de développement et mettre au chômage technique 600 pères de famille ? Le président de la République avec son projet Ter veut mettre à terre 600 pères de famille. Ça, c’est grave pour la stabilité sociale du pays. Puisque depuis qu’on a détruit bon nombre de cantines du marché, la quasi-totalité souffre le martyre».
Ces populations de la banlieue s’en sont pris, par la suite, aux autorités politiques dont plus particulièrement le maire de Pikine-Ouest, Pape Gorgui Ndong, par ailleurs, ministre de la Jeunesse, de la Construction citoyenne et de la Promotion du volontariat, pour son absentéisme notoire dans la prise en charge de leurs difficultés. «Les autorités de la banlieue prennent les populations comme des moutons. Si elles n’ont rien, elles habitent la localité. Mais une fois élues, elles déménagent et fuient les populations. Le cas de Pape Ndong qui rasait les murs de notre marché pour être élu est patent. Car depuis qu’il a été élu maire et ministre, il est devenu subitement invisible», dénonce Ababacar Fall le cœur brisé, commerçant de son état habitant Guinaw-rails. Et Balla Mbengue d’ajouter : «Nous n’avons jamais vu un maire comme Pape Gorgui Ndong depuis que Pikine-Ouest a été érigée comme Commune. C’est un maire qui n’a aucune considération pour les populations et les commerçants que nous sommes. C’est un maire fantôme et inaccessible». Des propos qui rencontrent un assentiment unanime de ses camarades.
Théodore SEMEDO