Pour la première fois, un ministre français de l’Economie s’est déplacé au Groupe consultatif du Sénégal. Et c’était pour commettre une grosse boulette. Car, en souhaitant revenir voir Macky Sall au Sénégal au printemps prochain, en fin mars, Bruno Lemaire s’est immiscé dans la vie politique sénégalaise. Cela, en montrant, sciemment ou maladroitement, le choix de nos cousins Gaulois à qui l’actuel locataire du palais à tout presque donné.
La France vole au secours Macky. Non content de promettre 1,5 milliard de francs Cfa dans le cadre du Groupe consultatif de l’Etat du Sénégal, hier, à Paris, Bruno Lemaire, ministre français de l’Economie et des Finances, a fait une grosse boulette. Il a lâché une phrase intrigante en perspective de l’élection présidentielle du 24 février prochain. «1,5 milliard d’euros (soit 983 milliards de francs Cfa : Ndlr), c’est beaucoup mais c’est un choix politique clair du président de la République Emmanuel Macron vis-à-vis de son ami et partenaire le Président Macky Sall. Et je crois que lorsque le choix est au rendez-vous et que l’on voit que les investissements, la politique économique et la stratégie économique sont les bonnes, il est nécessaire et légitime que la France soit à vos côtés. (…) Les choses sont très simples, le soutien financier est clair et massif, nous croyons à votre stratégie économique et nous soutenons la stabilité économique du Sénégal. (..) J’ai eu beaucoup de bonheur de faire cette annonce au nom du gouvernement français, au nom du président de la République. Et le deuxième bonheur pour moi sera de vous rendre visite au printemps prochain au Sénégal». Cette déclaration choc de M. Lemaire, qui est le premier ministre français des Finances à participer à un groupe consultatif du Sénégal, sonne comme un choix clair et assumé de la France en perspective de la prochaine élection présidentielle sénégalaise. Une immixtion très grave pour un ministre de la République française. Car, sachant que le Printemps français démarre à la fin du mois de mars 2019, M. Lemaire semblerait dire que la France qu’il représente aimerait voir Macky Sall rempiler après la prochaine élection présidentielle dont le premier tour est prévu le 24 février 2019 et l’éventuel second tour en mars. Une ingérence manifeste de la France dans la politique sénégalaise, d’autant plus déplorable que des candidats déclarés promettent de sortir le pays du Franc Cfa une fois élu à la Magistrature Suprême. Et M. Lemaire ne peut pas dire qu’il ne connaissait pas cela puisqu’il a quitté le Sénégal il y a moins d’un mois et qu’il avait l’ambassadeur de France au pays de la Téranga, Christophe bigot à ses côtés.
Seyni DIOP