Il avait fourni des volailles pour le banquet des chefs d’Etats, à l’Elysée le 11 novembre. Sa vidéo a été vue des dizaines de milliers de fois.
Le 11 novembre, après la célébration du centenaire de l’armistice, Donald Trump, Vladimir Poutine et les 70 chefs d’Etat ayant répondu à l’invitation de la France, ont dégusté du poulet de Bresse lors d’un banquet donné à l’Elysée.
Pour l’événement, Aloïs Gury, un éleveur de l’Ain a contribué à l’approvisionnement de la boucherie de la présidence de la République. L’occasion d’une belle promotion pour l’appellation d’origine contrôlée de la volaille bressane.
Deux semaines plus tard, gilet jaune sur le dos, cet agriculteur de 33 ans a publié sur Facebook une vidéo en forme de témoignage, afin d’alerter l’opinion publique française en général et Emmanuel Macron en particulier.
“Monsieur Macron, vous ne méritez pas de manger mes volailles”, gronde Aloïs Gury, avant de livrer ce qu’il a depuis trop longtemps sur le coeur.
“J’en suis à ma 77e-78e heure de la semaine. C’est quoi ce bordel ? On s’en sort pas, c’est la ‘cata’ de partout. Et vous n’en avez rien à f…”
Pendant huit minutes, l’éleveur de 16 000 volailles raconte son quotidien, ses difficultés à joindre les deux bouts.
“J’essaie de me sortir un salaire de 700 euros. J’ai pris une semaine de vacances en trois ans grâce à l’aide au répit. Notre salaire, c’est les aides, les primes. L’agriculture c’est comme ça. Ça ne peut pas durer.”
Des trémolos dans la voix, il tente de masquer sa peine, sa honte aussi.
“C’est ma mère qui me fait 50 euros de courses tous les mardis. Elle a 70 piges, je ne devrais pas en être là. Je me suis installé il y a trois ans et je m’en sors pas. Faites quelque chose, qu’on vive normalement. Non ? C’est trop demandé ? S’il n’y a pas d’agriculteurs, personne ne mange !”
La vidéo a été abondamment partagée sur Facebook, et visionnée des dizaines de milliers de fois.
Sudouest