La politisation des questions liées à l’éducation n’est pas du goût des enseignants. Au lendemain des négociations entre Etat et syndicats, les acteurs du système éducatif restent dubitatifs sur la méthode du gouvernement pour la satisfaction de leurs revendications.
Les autorités publiques sont en phase de politiser le protocole d’accords que l’Etat du Sénégal avait signé avec les syndicats d’enseignants les plus représentatifs, (G6), au mois d’avril dernier. Elles sont en train de faire la course avec la montre dans l’exécution desdits accords, avant décembre. Ce, pour verser cela dans leur bilan permettant au président de la République, Macky Sall, candidat à sa propre succession, de passer facilement au premier tour de l’élection présidentielle de 2019. C’est, en tout cas, l’avis de certains acteurs du système éducatif sénégalais. Pour eux, le fait de vouloir présenter un bilan positif dans tous les secteurs, les ministres en charge de ce dossier versent dans la précipitation en brandissant des chiffres. Ayant compris leurs stratégies, ces derniers contournent ce piège. «Nous allons vers une année hautement spéciale pour le Sénégal. Nous ne voulons pas qu’on nous fasse verser dans la politique. Nous ne sommes pas des acteurs politiques. La forte sollicitation que nous adressons au gouvernement, c’est de nous permettre d’aller en classe pendant qu’ils font leur politique. On leur laisse avec leurs taux d’exécution de 50, 60, 70 %. Le gouvernement doit se le tenir pour dit que ces accords sont d’une importance capitale pour l’éducation nationale», met en garde Saourou Sène, secrétaire général du Syndicat autonome des enseignants du moyen secondaire du Sénégal (Saems).
Une position exprimée au lendemain de la deuxième réunion de monitoring d’évaluation du protocole des accords signés. Selon lui, l’ouverture des classes n’a jamais été un problème pour les enseignements. Ils seront sur place à la date indiquée par le ministre. «Le déroulement des enseignements-apprentissages dépendra de la suite que va donner le gouvernement aux accords signés. Si nous sentons une réelle volonté du gouvernement, un processus sérieux et bien encadré, nous allons démarrer les enseignements», dit-il.
Pour lui, les autorités ont leur habitude de faire de la politique. Et qu’on ne peut pas quantifier des accords qui ont été signés. Si c’est pour embellir une communication, ça n’engage qu’eux, selon lui. «L’opinion publique a intérêt à écouter aussi la partie syndicale pour se faire une idée sur ce qui est en train d’être fait. Le gouvernement communique beaucoup et dès fois en nous mettant en mal avec les populations. Nous avons fait la revue des accords. Il en est sorti qu’il y a des couacs notés dans leur exécution. Des réorientations sont promises», informe-t-il. Dans cet ordre d’idées, Abdourahmane Gueye, secrétaire général de l’Union démocratique des enseignants et enseignantes du Sénégal (Uden), affirme qu’il y a une volonté manifeste de politisation de ce protocole. «Parce que le gouvernement a attendu le dernier moment pour accélérer les rencontres. J’ai senti qu’il y a eu des menaces. Les autorités ont voulu convoquer, dans une même semaine, des rencontres. Nous avons été convoqués le vendredi dernier. Les 24 et 25, nous serons à Mbour», informe-t-il.
En à croire ce syndicaliste, l’Etat a senti qu’il y a eu une sortie de bon nombre de syndicalistes qui n’acceptent pas que des engagements ne soient pas respectés. «Ce qui intéresse la partie syndicale, c’est le respect de ces accords. Nous avons constaté qu’il y a des avancées dans certains points et des couacs dans d’autres. Le Premier ministre, lui-même, a reconnu un retard sur la tenue des monitorings. La prochaine réunion est maintenue pour le 22 novembre prochain. C’est un écart de deux au lieu de trois», soutient-il.
Salif KA