L’agression du journaliste Mamadou Sakiné par un gendarme officiant au palais de justice de Dakar, lundi dernier, repose le débat sur la sécurité des journalistes au Sénégal.
Ils sont souvent brutalisés dans l’exercice de leur profession. L’Association nationale des chroniqueurs judiciaires (Ancj) s’en offusque et promet de réagir.
Les journalistes chroniqueurs judicaires sont sortis de leur mutisme pour déplorer l’agression dont a été victime leur confrère, Mamadou Sakiné, du journal Le Quotidien, par les forces de l’ordre. C’était lundi 3 septembre dernier. Par le biais de l’Association nationale des chroniqueurs judiciaires (Ancj), ils condamnent avec fermeté ce qu’ils qualifient d’«agression barbare, perpétrée par un gendarme en faction au Palais de justice Lat-Dior». «Le reporter ne faisait que son travail», dénonce le président de l’Ancj, Makhaly Ndiack Ndoye, dans un communiqué rendu public hier.
A l’origine de sa torture, renseigne toujours le document, ce journaliste avait voulu immortaliser, en images, l’évacuation d’un groupe de justiciables qui semaient le désordre au tribunal, sur ordre du président du tribunal. Il s’agit notamment des victimes du scandale foncier de Gadaye, venus assiéger le bureau du procureur de la République de Dakar, Serigne Bassirou Guèye, pour, disent-ils, refus de signer le mandat d’arrêt décerné contre le promoteur immobilier déjà condamné par la justice pour avoir roulé dans la farine plus de 200 responsables de familles. Mais il n’est toujours pas arrêté, ce qui a provoqué le mouvement d’humeur des victimes, lundi dernier, au siège des juridictions de la capitale sénégalaise. Mais leur exaspération a surtout été due par le fait que le procureur n’ait pas accepté de les recevoir pour avoir des explications. «L’un des gendarmes s’en prenait à une dame en dehors du Tribunal et le journaliste en question, connu pour son sérieux et son professionnalisme, a voulu immortaliser cet acte barbare. Le gendarme s’en prend alors physiquement au journaliste en lui administrant un coup de tête. Ce qui lui a occasionné des blessures. Une attitude détestable à laquelle les gendarmes commencent à nous habituer», déplorent les «faits-diversiers» dans le communiqué. Et de rappeler que les journalistes sont envoyés en mission au Palais de justice, tout comme le sont les gendarmes. Cette agression encore perpétrée contre un journaliste ne restera pas impunie, du moins si l’on en croit l’Ancj qui précise avoir déjà saisi les autorités compétentes. «Le haut commandement est saisi pour que de telles pratiques d’un autre âge cessent. L’Ancj compte accompagner le confrère pour toute action judiciaire qu’il voudra donner à cette affaire aux relents d’abus de pouvoir», promettent Makhaly Ndiack Ndoye et ses confrères.
En fait, l’auteur de l’agression formellement identifié n’est personne d’autre que le gendarme en faction au bureau du procureur.
Les journalistes continuent de payer un lourd tribut au nom du devoir d’informer car ceci est la énième bavure, étant l’œuvre des hommes en uniforme, perpétrée contre des journalistes. Lors du procès Imam Ndao, des journalistes de Dakaractu avaient été pris à partie par un policier qui avait confisqué leurs matériels de travail.
Salif KA