Avec la grande publicité qui a été faite sur la concertation nationale sur le pétrole et gaz, cette rencontre a été un grand échec.
Malgré le cérémonial qui a entouré l’événement, il a surtout été question de maquillage et de mascarade. Avec une clientèle politique aux ordres, il a surtout été question de manifester des marques de satisfécit, de reconnaissances et de félicitations à l’endroit du chef de l’Etat. C’est le cas du président du Groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar et du vice président de l’Assemblée nationale Awa Guèye qui n’ont pas tari d’éloges à l’endroit du chef de l’Etat. En terme d’éloges, le président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, pour sa part, est allé beaucoup plus loin en soutenant à l’endroit du Président Sall : «Nous vous accompagnerons jusqu’à la limite de nos moyens». En sus de ces pluies d’éloges, il y avait une forte présence de citoyens «extraordinaires». Installés aux premières places, les chefs religieux et coutumiers (dignitaires lébous) avec les atours et attirails ont donné du folklore à la rencontre en priant pour un second mandat pour le Président Macky Sall, politisant ainsi la séance qui se voulait pourtant technique.
Côté dialogue, non seulement, il n’y a pas eu un débat sur les avis et griefs émis par des leaders de l’opposition sur les accords gaziers et pétroliers mais le Président Macky Sall avec son Cos Petrogaz a déroulé ce qu’il avait défini au préalable sur les axes et paramètres portant sur la gestion de ces ressources. Lesquelles ont tourné sur la répartition des revenus, la création de l’institut du gaz et des pétroles, le respect des normes environnementales, le respect du Sénégal des normes de l’Itie… Comme souligné par les forces de l’opposition, tout semblait être défini à l’avance, avant même la convocation de ces concertations. Les vidéos préparées par la Commission orientation et stratégie sur le pétrole et le gaz diffusaient un peu plutôt en sont d’ailleurs la parfaite illustration. D’ailleurs, les patrons de Petrosen et du Cos Petrogaz qui ont pris la parole ont déroulé sur la politique établie par le Président Macky Sall et ses collaborateurs sur la politique de la gestion des ressources gazières et pétrolières. Il en est de même pour le patron de l’Itie dans la gestion desdites ressources. Mais aussi des experts qui ont pris part à cette rencontre.
La seule intervention qui a capté les attentions, c’est certainement celle du Pr Malick Ndiaye du département de sociologie de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) et également membre de l’opposition. «Une Nation, c’est tout le monde. Cela revient à dire que des partis politiques qui sont au pouvoir, les forces de l’opposition et la société civile doivent discuter». Occasion qu’il saisira pour déplorer l’absence de l’opposition dite significative. «C’est dommage que ceux qui se réclament de l’opposition ne soient pas présents. S’ils étaient là, les questions soulevées par Abdoul Mbaye, Thierno Alassane Sall auraient pu trouver une réponse». Avant d’ajouter : «Aujourd’hui, on ne fait que démarrer la concertation qui ne peut s’achever aujourd’hui. On doit dialoguer constamment pour trouver des plages de convergence». Cette intervention a fait réagir le Président Macky Sall. Il a répondu illico presto soutenant que «l’opposition c’est un droit. Mais un pays dans son fonctionnement dispose de chartes. Pour manifester sa citoyenneté, il faut avant tout respecter toutes les chartes». Le chef de l’Etat d’enchainer en ces termes : «Au Parlement, il n’y a différentes sensibilités mais c’est eux qui votent le budget. C’est également eux qui donnent l’autorisation au Président de ratifier des accords. On ne doit donc pas mélanger ces institutions avec la politique».
Magib GAYE