Les muezzins retombent dans l’anonymat dès qu’ils finissent d’appeler à la prière.
Au point que, réunis dans le Mouvement pour la renaissance de la voix islamique (Morevi), ils ont soutenu qu’il faudra leur accorder davantage de place vu le rôle qu’ils jouent. Le plaidoyer a été lancé, hier, lors de l’ouverture, à l’institut islamique, d’un colloque dédié au premier muezzin de l’Islam, Seydina Bilal.
«On parle des imams, des maîtres coraniques, des chefs religieux mais on ne parle jamais des bilals (muezzins, Ndlr)», s’indigne Abdou Rahmane Mbengue, président du Mouvement pour la renaissance de la voix islamique (Morevi). C’était, hier, lors de l’ouverture du colloque sur Seydina Hazrat Bilal, premier muezzin désigné par le Prophète Mouhamed (Psl). «Nous sommes un pays islamique. Parler de Bilal au 21ème siècle, au moment où la communication est sur internet, c’est nous rendre hommage à nous-mêmes», dit M. Mbengue. Qui estime que, dans les 120 mille mosquées du Sénégal, on a recensé 360 mille muezzins. Lesquels, selon lui, méritent un meilleur traitement dans la société. Parce que, ce sont eux qui se lèvent à 4 heures du matin pour appeler les fidèles et sont les derniers à quitter les mosquées. «Des malfaiteurs avaient attaqué une banque à Khombole. C’est le muezzin qui a crié avec la radio de la mosquée pour ameuter la population jusqu’à faire échouer le dessein des malfrats», raconte-t-il pour justifier de leur autre utilité sociale. De l’avis de M. Mbengue, on doit les réhabiliter, leur donner leurs droits. L’Etat doit les prendre en charge. «Tout se fait au niveau de la mosquée. La mosquée est le seul lieu de rendez-vous qu’on a. La mosquée devient notre point focal. Ceux qui gèrent cet espace, on doit leur donner tous leurs droits», établit-il.
- Mbengue et ses collègues, venus en masse à l’ouverture du colloque, se sont aussi plaints du non-respect des règles de recueillement quand le muezzin appelle à la prière. «C’est Dieu qui nous a donné ce pouvoir d’appeler les musulmans à la prière. C’est notre hymne national. A chaque fois qu’il y a l’appel du muezzin, toutes les activités doivent cesser jusqu’à la fin de l’appel», rappelle M. Mbengue.
Sur l’intérêt de célébrer le compagnon du Prophète (Psl), Abdou Rahmane Mbengue soutient que «c’est par devoir de mémoire, de conscience pour rendre hommage à un homme à qui le prophète de l’islam (Psl) a rendu hommage de son vivant». En effet, «c’est la seule personne à qui le Prophète a assuré le paradis sur terre de son vivant». Donc, «rendre hommage à Bilal, c’est réhabiliter la race noire. Il a été le dernier à mettre sous terre le Prophète (Psl)».
L’ouverture du colloque a enregistré la participation de Cheikh Omar Seck du Comiac, une des organisations rattachées à l’Oci. Dans son discours officiel, l’ancien journaliste de la Rts a laissé entendre que le hasard n’existe pas. Pour lui, le choix de Bilal est le fruit du destin. «Dieu trace le destin», prêche-t-il. Pour lui, cette rencontre est aussi une manière de rappeler les objectifs des organisations de défense des valeurs de l’Islam. Parce que, laisse entendre M. Seck, «notre belle religion est en train d’être trainée dans la boue à cause de l’islamophobie».
Emile DASYLVA