CONTRIBUTION
Tout citoyen du monde, épris de paix et de justice, ne peut qu’approuver la lutte opiniâtre que les pays du monde libre sont en train de mener contre ce fléau des temps modernes qu’est le terrorisme. Mais il apparaît de plus en plus évident que si l’on ne garde pas la tête froide, le risque est grand de déraper facilement sur les pentes glissantes des amalgames et de faire inconsciemment le jeu des mouvances fondamentalistes, qui manipulent avec adresse une autre forme de violence, qu’est le diktat de la terreur ! La conséquente immédiate serait de compromettre les bases même de la démocratie et de saper les fondamentaux des libertés publiques.
C’est ainsi que la première puissance mondiale, les Usa, bien que cible privilégiée des menaces terroristes, a été amenée, sous le magistère du président Obama, à mettre un bémol aux excès de zèle du Fbi et de la Cia, qui ont valu à de nombreux innocents, victimes du « délit de faciès », d’être jetés en prison, notamment dans le célèbre camp de concentration de Guantanamo, dont des Commissions d’enquêtes parlementaires européennes ne cessent de dénoncer avec véhémence les conditions inhumaines de détention. Et le président américain sortant, joignant l’acte à la parole, avait entamé un processus d’élargissement de ces détenus, dont la plupart avaient été arrêtés (et même torturés) dans des circonstances illégales, aux yeux de la loi américaine. Si bien que sur les 242 prisonniers qu’Obama avait trouvés à Guantanamo, en accédant au pouvoir en 2008, il n’en restait que 61, au moment où le président américain terminait son second mandat à la Maison Blanche, en 2016.
Les 181 ex-prisonniers libérés ont été dispatchés dans des « pays amis ». En Afrique, le Ghana et le Sénégal s’étaient portés volontaires, «pour des raisons humanitaires», pour en héberger sur leur sol. Le gouvernement du Sénégal, sous les félicitations du gouvernement américain, en accueillit deux, des ressortissants libyens qui avaient été détenus 14 ans durant, avant d’être relâchés, aucune charge n’ayant été retenue contre eux. Et Human right Watch, la célèbre organisation droit-de-l’hommiste, rendit publique une déclaration enthousiaste, félicitant le Sénégal d’avoir offert à ces hommes la chance d’entamer une nouvelle vie.
Et pourquoi ne donnerait-on pas également à Imam Alioune Badara Ndao, dont le procès-marathon a accouché d’une souris, l’opportunité de se refaire une nouvelle vie ? Tous les regards se tournent naturellement vers ces juges qui devront solennellement rendre leur verdict le 19 juillet prochain. Ils ont entre leurs mains le destin d’un grand patriote qui a beaucoup fait pour son pays, notamment dans l’éducation des jeunes, dont il a aidé de larges franges à s’imprégner du message coranique et à s’affranchir de comportements déviants, en les ramenant avec bienveillance vers «Siraatal mustakhîm», la voie de la conduite vertueuse. Comment peut-on nourrir le moindre soupçon de connivence de ce grand érudit moderne (qui a offert 10 mille m2 de terrain à l’Etat sénégalais pour les besoins de construction d’une école, dans le quartier de Ngane-Extension, à Kaolack) avec cette secte islamo-fanatique nigérienne, qui justement combat l’Ecole occidentale qu’elle a déclarée « haraam » (illicite) ?
Tous les citoyens qui ont foi en la justice de notre pays nourrissent le légitime espoir de voir nos vaillants juges, en leur âme et conscience, relever le défi de ne pas faire moins que les juges américains, qui ont courageusement dégarni le camp de concentration de Guantanamo, en affranchissant de braves victimes du délit de faciès de l’injustice désastreuse des hommes !
Mame Mactar GUEYE
Secrétaire général du RDS
