Au moment où la chanson des dirigeants politiques est à plus d’ouverture du continent et de son économie, un pays comme la Côte d’Ivoire se ferme à de nombreux ressortissants de pays de la sous-région qui ne seraient pas en possession de passeport.
Les chefs d’Etat de l’Afrique de l’Ouest sont en train d’étudier, pour certains, de l’œil le plus favorable, l’adhésion du Maroc au sein de la CEDEAO. Portés par une ambition qui va parfois au-delà de la sous-région ouest-africaine, la plupart d’entre eux ont embrassé avec empressement le projet de Zone de libre-échange continentale africaine (Zleca) qui a été proposé par l’Union africaine. C’est en ce moment où tout semble indiquer le sens d’une plus grande intégration de nos pays et de nos économies que la Côte d’Ivoire, pays de Félix Houphouët-Boigny, décide de se fermer à certains ressortissants ouest-africains.
Le Quotidien est en possession de documents officiels du gouvernement ivoirien qui indiquent que dorénavant, ne sont admis sur le territoire de ce pays que les personnes détentrices, soit d’un passeport biométrique, soit d’un laisser-passer, ou à la rigueur d’un sauf-conduit. Pour les passagers entrant dans le pays par voie aérienne, le défaut de respect de cette disposition entraîne une expulsion sans délai du territoire national. Et ce, aux frais du transporteur. Ce qui a conduit toutes les compagnies aériennes passant par Abidjan, en commençant par la compagnie Air Côte d’Ivoire, à refuser de transporter tout ressortissant de la Cedeao qui ne serait en possession que de sa carte d’identité nationale. Interrogées sur les raisons de ce qui est perçu comme un recul, certaines autorités ivoiriennes ont invoqué le prétexte de mieux sécuriser leur territoire national, surtout en cette période où les frontières de l’Afrique de l’Ouest n’offrent plus d’assurance face aux manœuvres terroristes multiformes. L’une des personnes contactées par a indiqué qu’il était «loisible à n’importe quel quidam de se procurer une carte d’identité dans nos pays. Alors que pour un passeport biométrique, il y a des normes de sécurité qui ne sont pas à la portée de n’importe quel malfaiteur». Ce qui, soit dit en passant, fait peu de cas des cartes d’identité d’un pays comme le Sénégal qui sont à des normes de sécurité plus élevées que celles de bon nombre de pays.
La même personne a souligné par ailleurs qu’il n’y avait pas lieu de faire un procès à son pays à ce sujet. «La Côte d’Ivoire n’est pas le premier pays à appliquer une pareille mesure. Depuis bien longtemps, on ne peut entrer à l’aéroport d’Accra, au Ghana, si on n’a qu’une carte d’identité, fusse-t-elle de la CEDEAO. Nous n’avons fait que suivre.»
A se demander alors pourquoi un pays comme la Sénégal a jugé bon de dépouiller son Trésor public de 50 milliards de francs Cfa pour passer commande de cartes biométriques dites de la CEDEAO, si cette instance ne parvient pas à imposer à tous ses Etats membres le respect de cet instrument d’intégration sous-régionale.
Tetxte Le Quotidien