Si les propos de l’ancien Premier ministre du Sénégal ont fait le tour de la planète, c’est parce qu’il s’en est fortement et fermement insurgé.
Et les excuses du mis en cause n’ont en rien fait fléchir sa position. Pis, il trouve qu’en voulant s’expliquer, Idrissa SECK s’est davantage enfoncé. Invité de l’émission “Sortie” de ce vendredi 1er juin sur WALFTV, Sidy Lamine NIASS persiste et signe : ” Idrissa SECK a offensé tous les musulmans”. Dans cet entretien avec Ndeye Fatou NDIAYE, il explique pourquoi il ne pouvait pas se taire face à de « telles attaques contre l’Islam ». Et contre le journaliste qui a déclaré qu’il aurait été reçu, en catimini, par Macky Sall, le PDG de WALFADJRI brandit une plainte.
Extraits :
Au-devant de la scène depuis l’éclatement de l’affaire Idrissa SECK
C’est normal que je me retrouve au centre de l’actualité. Occuper le devant de la scène est devenu une coutume pour moi. A chaque fois qu’il y’a eu un problème dans notre pays, quelle que soit l’ampleur de l’événement, je me suis levé pour m’acquitter de mon devoir de lanceur d’alerte. Pour être ainsi quitte avec ma conscience. Pour revenir sur la déclaration d’Idrissa Seck de la semaine dernière, je dirai que « kou dé ci marsé, ya tagué sa bopp » (qui meurt au marché, signe le communiqué de son décès). L’essentiel était de le faire dans un contexte bien précis. C’est ce que j’ai fait. Le reste n’est pas important à mon avis.
Défenseur de l’Islam
Depuis l’avènement de Cheikhou Chérifou en 1998, les Sénégalais ont eu l’habitude de me prêter une oreille attentive sur tout événement concernant l’Islam. Et depuis, je n’ai pas trahi ma démarche. Je suis toujours le premier à élever la voix pour m’indigner contre tout individu ayant l’intention de décrédibiliser la religion musulmane. Ma dernière sortie a plus d’ampleur que toutes les précédentes. Diverses opinions sont nées de cette sortie. Et, même si pour l’essentiel, on a conforté ma position concernant la déclaration d’Idrissa Seck. D’autres m’ont injurié. Ma croyance et ma dignité ont été remises en cause par une certaine opinion. À un certain moment, ce sont ces mêmes insulteurs qui reviennent implorer mon pardon. Ce, après avoir tardivement compris de quoi s’agissait. Mais à chaque, je leur fais savoir qu’il s’agissait d’un débat.
Pourquoi Idrissa Seck a péché ?
Idrissa Seck a commis deux péchés. Il a d’abord blasphémé. Parce que l’Islam se fonde sur le Coran. C’est une religion qui s’oriente vers la Kaaba. C’est pourquoi toutes les mosquées ont pris cette direction. L’Islam a des rites et des piliers. Le pèlerinage en fait partie. Remettre en cause le lieu du pèlerinage des musulmans, c’est remettre en cause le Coran et les enseignements du Prophète (PSL) qui nous ont clairement indiqué Kaaba, et ce depuis des siècles. Ce sont des savants qui interprètent les orientations de cette religion en se basant sur le Coran. Et cela, dans tous les sens : étymologique, scientifique, etc. On ne peut pas, un bon jour, se lever pour contredire ces savants ou bien faire des interprétations selon sa convenance personnelle. Parce que, dans toute connaissance scientifique, il y’a l’immuable et le flexible. Vouloir remettre en question une connaissance immuable, revient à vouloir démolir un immeuble avec ses mains, sans outils sophistiqués. Il a blasphémé, c’est indéniable. La deuxième chose, en est qu’il s’est auto-exclu de l’islam. Je le dis et je le maintiens. Il n’est plus musulman.
Quid des excuses d’Idrissa Seck ?
Premièrement, il s’est prononcé en français. J’ai lu les réactions de beaucoup d’internautes et de penseurs sur la question. Ce qui fait que, dans une telle situation, on n’est pas le seul commentateur. Chacun prend l’angle qui lui convient pour appuyer ses arguments. Je n’ai fait que synthétiser, à haute voix, ce qui a été dit tout bas. Par exemple, le docteur Mouhamed Ahmad Lô a fait remarquer que le discours d’Idrissa Seck était destiné à un public bien déterminé. Donc, en s’excusant, il devait aussi s’exprimer en français pour que le public visé préalablement comprenne qu’il s’est désisté. Maintenant, s’il présente des excuses en wolof, ça reste national alors que son discours était destiné à l’international. Et je trouve cette remarque du Dr Lô très pertinente et je la partage totalement. Ce qui est étrange dans ces excuses, c’est qu’elles ont empiré la situation car ses allégations sont extrêmement graves. Idrissa Seck n’a pas retiré son propos sur les termes « bakkata » et « Makka ». Il n’a fait que confirmer ce qu’on lui reprochait. Il a clairement dit que « Ibrahim (PSL) s’est tenu debout ici (à La Mecque) et ailleurs ». Ce qui montre qu’il donne deux images de ce dernier. Dans ses excuses en wolof, il a encore contredit l’Islam. Cela veut, à son avis, dire que le Coran n’a pas raison. Il doute du raisonnement du Coran sur le lieu de la Mecque.
Idrissa Seck, un récidiviste ?
Ce n’est pas facile de comprendre Idrissa Seck. Il est insaisissable en français. Il s’exprime dans un langage à la fois soutenu et ambigu. C’est ce qui constitue sa dangerosité. Pour le comprendre, il faut avoir un interprète. Prenons l’exemple de ses propos quand il parle de la relation entre Hadiara et le prophète Ibrahim (PSL). Il dit que ce dernier a épousé Hadiara par le biais de Sarata. Il emploie le terme « ensemencer » qu’il tire de l’ancien testament. C’est pourquoi j’estime que beaucoup de ceux qui le défendent ne comprennent rien de ce qu’il insinue. Il n’y a que deux personnes qui peuvent comprendre son discours. Il s’agit de celui qui a fait l’église et le religieux qui a approfondi ses études dans les écoles coraniques. C’est un langage à part, un jargon. Ce qui prouve qu’il n’est pas revenu sur ce qu’il avait dit.
Et ses diatribes envers l’Islam datent de très longtemps. La preuve, il avait écrit une contribution parue le 6 juin 2003 dans le quotidien Le Soleil. À l’époque, il était Premier ministre du Sénégal. Dans ladite contribution, il avait mentionné que « Mohamed (Psl) n’est pas le dernier prophète ». C’est une vieille conviction archi-fausse qu’il a réitérée. Pourtant, les versets du Coran sont explicites. Le Sceau des prophètes, c’est une autre histoire. Il est de ces personnes que Satan emploie. Quand il parle, c’est comme si on lui a donné un pouvoir divin. Ce qui le pousse à déclarer que c’est lui seul qui connait le lieu où on doit effectuer le pèlerinage.
Idrissa Seck confond Alkhourane, « Coran », et le takhuran « chanson ». Il ignore que le Coran vient de Dieu et le « takhouran », ce sont des personnes qui imitaient les chanteurs religieux. Il a confondu « Bakkata» du Coran et « bakkata bakkata Bara Mbaye» une chanson populaire. Oui, le mot « bakkata » existe bien en takhourane. Il invite les juifs et les arabes à venir danser au Sénégal. Il souhaite certainement être lui-même le chanteur.
Idrissa Seck a-t-il rencontré un des imams de la Mecque ?
S’il dit qu’il s’est entretenu avec un des Imams de la Mecque, c’est faux. J’en ai des preuves. Ce sont des paroles qu’il a inventées et montées de toutes pièces. Le Docteur Khadim Mbacké de l’Institut Fondamental d’Afrique Noire (IFAN), qui a fait ses études en Arabie Saoudite, a relevé des contradictions notoires dans les propos d’Idrissa Seck. Il précise que les Imams en Arabie Saoudite ne vivent pas dans les hôtels et ne le fréquentent pas. Ces derniers n’ont pas d’avions et voyage, rarement, comme tout le monde. Ils achètent leurs billets d’avions comme le font tous les passagers. En outre, ils ne débattent pas avec des gens qui contredisent l’Islam ou remettent en cause les enseignements du Prophète (PSL). Ils prêchent des convaincus.
Personnellement, je menais mes propres investigations. Je suis allé plus loin que le docteur Mbacké. Le pèlerinage dont il parle, il l’a effectué en 2016. Idrissa Seck était alors avec des financiers parmi lesquels, le Directeur de la Banque centrale de la Mauritanie. Entre pèlerins, il avait suscité ce même débat. Ces derniers lui ont recommandé de ne pas le répéter ailleurs tout en l’invitant à la retenue. Il n’a vu aucun Imam. On m’a donné tous les noms de ceux avec qui il était dans cet hôtel. Mais je m’abstiens de les citer. Il a toujours défendu cette thèse qui est mensongère. J’ai des témoins. Premièrement, l’Imam n’existe pas. Deuxièmement, ses amis l’avaient contredit. Et enfin, les éléments qu’il a brandis ne sont pas valables.
Il n’est plus musulman. Parce qu’être musulman, comme l’a si bien dit Sérigne Mbaye Sy Mansour et tous les savants, c’est croire au coran, accepter le prophète Mohamed (psl). C’est immuable. On ne peut pas faire autrement. Il doit repentir. Cela a des conditions. La première condition, c’est de regretter l’acte. C’est l’une des premières chartes, c’est-à-dire de ne plus y revenir. Il n’a pas regretté en plus, il a confirmé sa position. Il a blasphémé l’islam. Il doit s’agripper devant dieu pour implorer son pardon. Et la seule façon de le faire, c’est de regretter. S’excuser devant les personnes affectées par sa déclaration ne signifie rien. C’est le prophète qu’il a affaire. Il n’a pas cité personne. Il s’approprie lui-même les propos sans s’appuyer sur les écrits d’un savant. Il est pédant. Il est le monsieur connait tout. C’est ce qui explique la gravité de la chose. Parce qu’islam ne considère pas la personne qui cite une source comme fautive.
Répliques d’Idrissa SECK
Serigne Mbaye Sy Mansour a répondu aux noms qu’il nous a attribués, Mamadou Bamba et moi. C’est son image qu’il a voulu nous donner. Ce nom lui colle mieux. Lui, il est « ibliss » qui a supplanté Idriss. Il est identique à Abrahata, qui était un Africain comme lui (originaire d’Ethiopie). Ce dernier avait voulu concurrencer La Mecque. Il construisit une « bakkata » dans son pays pour que les gens viennent y effectuer le pèlerinage. Parce que c’est lui seul qui savait le lieu où devait se rendre les pèlerins. Par la suite, sa « bakkata » a été transformé en toilettes publiques. Fâché, il décida d’aller démolir la Kaaba. S’approchant de la Mecque, il rencontra le grand-père du prophète Mouhamed (PSL). Ce dernier lui réclama ses éléphants qu’il avait enrôlés dans son armée. Abrahata répondit, en lui disant : je suis venu démolir votre Kaaba, et au lieu de t’en préoccuper, tu me demandes seulement tes éléphants. Le grand-père du prophète Mouhamed (PSL) lui rétorqua : les éléphants m’appartiennent, c’est pourquoi je les réclame, pour la Kaaba, son propriétaire va assurer sa protection. Abrahata et ses éléphants furent mis en déroute.
Je ne fais que mon devoir d’alerte parce que c’est Dieu lui-même qui s’occupe de la sauvegarde de Son Coran et de Sa Kaaba. Idrissa SECK m’invite à un débat de bandit, après le Ramadan. Je ne lui répondrai pas. Qu’il aille voir ailleurs. Il a dit qu’on lui a enseigné le banditisme. Ce qui signifie qu’il est « ibliss » et qu’on l’empêche de sortir le mois de Ramadan.
Ce qui m’intéresse dans ce débat, comme tout autre religieux, c’est qu’on se respecte. Que chacun s’occupe de ce qu’il maitrise. Chaque domaine a ses spécialistes. Sérigne Mbaye Sy Mansour représente El’hadji Malick Sy sur terre. On doit lui donner cette image. Il en va de même pour tous les khalifes des foyers religieux.
Idrissa SECK, un mouride ?
Le cas Khadim Bousso est encore là, frais dans nos mémoires. On l’a trouvé à Touba où il s’était retranché pour l’assassiner. On l’a tué pour enseuite revenir pour faire croire à l’opinion qu’il s’est suicidé. Je me rappelle, Serigne Saliou, à l’époque, est intervenu mais on ne l’avait pas écouté. Cela donne une mauvaise image à notre pays. L’homme religieux doit être respecté. Tout est négociable dans cette vie. C’est l’Etat qui avait orchestré cet attentat. On doit se taire quand on ne sait pas. Il y’a des critères de bonnes et de mauvaises foi.
Tout musulman qui ne respecte pas feu Serigne Saliou Mbacké, n’est pas Mouride. Les talibés mourides doivent questionner (Idrissa Seck) son acte d’allégeance. Il était Premier ministre quand le Marabout (feu Serigne Saliou Mbacké) lui demandait de pardonner à Khadim Bousso. Il avait la latitude de répondre favorablement à la requête de ce dernier ou à défaut de ne pas lancer les forces de l’ordre à Touba. C’est un événement connu de tous qui avait occasionné la mort d’un homme. Sa « mouridité » laisse à désirer. Cette polémique ne va pas embraser les confréries dans notre pays.
On doit d’abord faire la lumière sur la mort de Khadim Bousso. On n’a pas le temps de s’attarder sur qui est mouride et qui ne l’est pas. Alors que la mort de khadim Bousso n’est pas éclairée. C’est le premier cas. Qu’il nous explique les conditions dans lesquelles il a été tué. On ne peut pas si facilement briser les confréries dans notre pays. Quiconque le pense, il n’a qu’à se détromper. On des croyances de toute obédience et l’étape de la guerre inter- religieux est dépassée.
Une affaire nuisible pour un potentiel président de la République
Aucun candidat n’est un potentiel vainqueur de la prochaine élection présidentielle. Attendons le 24 février 2019 pour voir. Ils montent et chutent à tout moment. Actuellement, c’est Ousmane Sonko qui occupe le devant de la scène. Des fois, c’est Malick Gackou où Khalifa Sall. Parfois, c’est Karim Wade, ainsi de suite. Qui avait cru une seule fois qu’Emanuel Macron allait devenir président de la France. Qui avait pensé que Macky Sall allait remporter l’élection présidentielle de 2012.
Idrissa Seck est de la classe politique. Il monte et chute comme tout autre homme politique. C’est la loi de la politique. Il doit soigner son image sinon personne ne le fera à sa place. Seuls les juifs profitent des dérapages d’Idrissa Seck parce qu’ils prônent le renversement de l’islam. Son crime ne profite qu’à ces juifs. Mon discours avec lui, c’est le même que j’avais servi à Macky Sall, Sidiki Kaba, etc., quand ils ont dérivé.
Plainte contre le journaliste Adama Gaye
J’ai porté plainte contre le journaliste Adama Gaye. Il a employé le conditionnel pensant qu’il peut se permettre d’accuser les gens sans fondement. C’est un récidiviste. Il l’a déjà fait. Dernièrement, il est venu dans les locaux de Walfadjri, à l’émission « Opinion », pour se disculper après un tollé qu’il avait suscité. Aujourd’hui, il s’attaque à ma personne en usant du conditionnel. Ce qu’il a fait, c’est de la diffamation. J’en ai parlé à mes avocats qui se trouvent à Paris comme à Dakar. Je leur ai demandé de porter directement plainte afin qu’il vienne devant la barre prouver ma présence, en catimini, au Palais. Je vais tirer cette affaire au clair.
Depuis que Macky Sall est élu, je ne l’ai rencontré qu’à deux reprises. Et à chaque fois, c’était devant les caméras de WALFTV. Ma dernière rencontre avec lui remonte au 1er mai 2017. C’était dans le cadre de la préparation de la journée de présentation des œuvres de mon père. L’autre rencontre, c’était à la veille du sommet de la Francophonie, au centre international de conférence d’Abdou Diouf (CICAD). C’est l’interdiction de la marche de l’opposition qui était à l’origine de notre tête-à-tête. Je lui avais clairement signifié qu’il n’a pas le droit de refuser aux citoyens de tenir des meetings, des marches pacifiques, etc., d’autant plus qu’on est dans un pays qui se dit démocratique. C’est ainsi que j’ai entamé un dialogue entre lui et l’opposition. Par la même occasion, je suis allé voir maitre Abdoulaye Wade.
Propos recueillis par Mame Birame WATHIE et Salif KA (Stagiaire)