Les propos de Idrissa Seck tenus à Porokhane ne déplaisent pas aux libéraux. Ses louanges à l’endroit du Pape du Sopi ont touché la fibre sensible du Pds.
Maintenant, reste à savoir si cela va se traduire dans les urnes le moment venu.
Idrissa Seck qui était avant-hier, à Porokhane où il s’était rendu en pèlerinage, a loué les qualités de l’ancien Président Abdoulaye Wade et secrétaire général national du Parti démocratique sénégalais (Pds). Il a regretté et dénoncé le traitement que l’actuel chef de l’Etat a réservé à son prédécesseur. «Si vous prenez le cas du Président Abdoulaye Wade, l’Afrique et le Sénégal sont privés de son talent diplomatique, de son envergure et de toute sa flamboyance. Aujourd’hui ni l’Union africaine, ni l’Onu, ni la Cedeao ni l’Uemoa ne font appel à lui du seul fait du traitement que lui réserve Macky Sall. C’est indigne», a martelé le leader du Rewmi.
Le leader du Rewmi fait-il les yeux doux au Pds ? Cherche-t-il à entrer dans les bonnes grâces des libéraux dans la perspective de la prochaine élection présidentielle? En tout cas, ces louanges de l’ancien numéro 2 Pds à l’endroit du Pape du Sopi ne laissent pas indifférent les libéraux. Idrissa Seck semble avoir touché la fibre sensible du Pds. Maintenant, reste à savoir si cela va se traduire dans les urnes le moment venu.
«Franchement, les Sénégalais et le monde entier savent la dimension du Président Abdoulaye Wade, ne serait-ce par le rôle qu’il a joué et qu’il aurait pu continuer à jouer sur la scène africaine et internationale», déclare Babacar Gaye, le porte-parole du Pds, contacté par WalfQuotidien. «Que Idrissa Seck s’en souvienne, ne serait pas pour nous déplaire, si vous estimiez que c’est une reconnaissance de Idrissa Seck à l’endroit du Président Wade», poursuit le porte-parole de l’ancien parti au pouvoir.
Toutefois, Babacar Gaye affirme que leur formation politique n’a «aucune espèce de signification à donner» au propos du chef de parti Rewmi et ancien numéro 2 du Pds. Selon lui, c’est à Idrissa Seck de s’organiser pour, d’une part, se réconcilier avec le Président Abdoulaye Wade et, d’autre part, se donner les moyens politiques de faire un appel au Pds qui est le «principal parti de l’opposition» et qui aura son candidat à l’élection présidentielle de 2019. «Entre Macky et Idy nous votons Karim Président», renchérit sur sa page facebook Mayoro Faye, le chargé de la communication du Pds.
Ainsi, on le voit, les libéraux tiennent à la candidature de Karim Wade. Seulement, le candidat déclaré du Pds est toujours en exil forcé au Qatar. Et à un an, jour pour jour, du premier tour du scrutin fixé au 24 février 2019, il n’a pas encore manifesté sa volonté de mettre fin à son «exil forcé» et de briguer le suffrage universel. En effet, dans sa lettre de condoléances suite au décès du khalife général des mourides, il avoue son impuissance à revenir au bercail. «Je regrette particulièrement d’avoir été empêché d’aller à Touba et d’avoir été expulsé de mon propre pays pour prendre le chemin d’un exil forcé le 24 juin 2016. Après plus de trois ans de prison, ma première intention était d’aller directement à Touba avec l’empressement et la déférence requise, pour témoigner toute ma gratitude à mon défunt Khalife», avoue le candidat déclaré du Pds.
Seulement, ceux qui l’ont expulsé et qui l’ont empêché de se rendre à Touba sont toujours là. Et il est très peu probable qu’ils le laissent retourner au pays pour briguer le suffrage des Sénégalais. Une éventualité qui pourrait profiter au leader de Rewmi. En effet, Idrissa Seck pourrait bénéficier du vote utile des libéraux si leur candidat déclaré est empêché de participer au scrutin. Et pour faire chuter le Président Macky Sall, il ne serait pas surprenant que des libéraux votent Idrissa Seck si et seulement si ce dernier est en bonne posture et en mesure de triompher du candidat de la coalition Benno Bokk Yaakaar. Mais quoi qu’il en soit, Idrissa Seck est en tournée nationale et il occupe l’espace politique et médiatique. Mieux, il s’impose de plus en plus comme l’interlocuteur du Président Macky Sall qui se fait maintenant le devoir de réagir à ses attaques qui secouent le gouvernement.
Charles Gaiky DIENE