Malgré les promesses fermes des autorités, les artisans locaux peinent à bénéficier des 15 % de la commande publique alloués à leur secteur.
Ils l’ont réaffirmé, hier, devant le ministre de la Formation professionnelle, de l’Apprentissage et de l’Artisanat à l’occasion de la 3ème journée d’évaluation de la directive présidentielle portant sur le mobilier national et l’accès des entreprises artisanales à la commande publique.
Même si des performances ont été réalisées dans le cadre de la commande publique allouée aux artisans locaux, il n’en demeure que des parts de marché importants sont en train de filer entre les doigts de ces professionnels. En effet, selon Mamadou Sarr, Directeur de cabinet du ministre de l’Economie, des Finances et du Plan, des commandes échappent encore aux artisans locaux. Ce, en raison, d’un manque de maîtrise des procédures et de la persistance de certaines irrégularités de forme et de fond dans la confection de leurs offres.
Ainsi, pour M. Sarr, il est nécessaire de poursuivre l’accompagnement des entreprises artisanales afin qu’elles soient davantage mieux outillées au plan administratif, technique et professionnel et qu’elles soient beaucoup plus performantes et plus compétitives. Cela, en améliorant surtout la qualité de leurs produits. Parce que, dit-il, la qualité constitue le meilleur gage de compétitivité et de rentabilité car elle confère au travail des artisans une valeur et une caution qui donnent à leurs produits un label prisé et concurrentiel. «Il nous faut relever le défi de la compétitivité en améliorant davantage le design et la finition des produits fabriqués localement. Il s’avère plus que nécessaire de renforcer la part contributive de l’artisanat dans le Produit intérieur brut (Pib)», souligne-t-il.
Pour sa part, Maguette Sène de la Direction du matériel et transit administratif (Dmta) soutient qu’un artisan qui ne se formalise pas n’a aucune chance de gagner un marché. Puisque, selon lui, il faut au préalable être en règle avec l’administration fiscale et sociale. «Il y a beaucoup de réglementations qui s’imposent et il faut absolument que l’artisan les respecte pour postuler et avoir la chance de gagner un marché», fait-il savoir.
Mor Ndiaye, chef d’entreprise menuiserie-ébéniste, estime que même les tables bancs des écoles de notre commune sont fabriquées ailleurs. «Depuis 2014, ce sont les mêmes discours qu’on nous sert. Nous voulons qu’ils nous édifient sur les procédures de formalisation parce que nous ne comprenons rien du tout. Nous sommes des Petites et moyennes entreprises. Quand on nous dit que c’est 60 entreprises qui ont gagné, c’est très faible compte tenu du nombre d’entreprises artisanales qui sont au Sénégal. Ils doivent revoir ces 15 %. C’est insuffisant pour nous. A Rufisque où j’habite, par exemple, aucun artisan ne pourra vous dire qu’il a gagné tel marché. Même les tables bancs des écoles de notre commune sont fabriquées ailleurs. Il y a que les patrons qui gagnent les marchés. Nous, on ne voit rien du tout. Certains ateliers ferment même à cause du manque de clientèle», fustige l’artisan.
Samba BARRY