Plus casse-tête que BEYE en ce moment, tu meurs. La congestion du port décriée depuis plusieurs mois, des opérateurs économiques se voient imposés des hausses de prestations de services. Pis, lâché par certains cadres et syndicats de son navire, Aboubacar Sadikh BEYE a été désavoué publiquement par le chef de l’Etat à Paris en marge du Groupe consultatif de l’Etat du Sénégal. Un cocktail explosif révélateur d’une erreur de casting dans le choix du commandant de bord au Port autonome de Dakar.
Le Port autonome de Dakar en eaux troubles. Après le désaveu du chef de l’Etat à Paris, la colère de cadres et syndicats du Port autonome de Dakar montre que le navire que pilote Aboubacar Sadikh Bèye, tangue dangereusement. Cela, à côté des dégâts considérables de la congestion de l’outil portuaire et des hausses de tarifs fustigées par les agents économiques qui s’activent dans son périmètre. En effet, à la capitainerie, nombre d’agents se posent des questions sur la vision du remplaçant de Cheikh Kanté qui devait faire de l’outil le moteur de l’émergence. Beaucoup estiment en effet qu’avec les nombreux problèmes dont il fait face en ce moment, le directeur général du port ne pourra pas sortir la tête de l’eau après l’élection présidentielle puisque Macky Sall évite de couper des têtes et de se fragiliser à deux mois de cette grande bataille pour un second Cdd au palais Léopold Sédar Senghor.
Mardi dernier, à Paris, le chef de l’Etat a publiquement fait état du désaveu infligé à M. Bèye, présent dans la salle lors du forum avec les investisseurs, organisé au lendemain du Groupe consultatif. Car, devant les investisseurs étrangers et de nombreux capitaines d’industrie sénégalais, il a dit qu’il a fait arrêter un appel d’offres international lancé par la structure de Aboubakry Sadikh Bèye. Ce qui prouve, pour ceux qui savent comment fonctionne un Etat, que le sieur Bèye ne s’est même pas embarrassé d’informer la tutelle sur ce projet phare. Car, si on peut accepter cela dans une entreprise privée, il n’en est pas le cas dans une entreprise publique avec laquelle on doit prendre la précaution d’informer la tutelle. Aboubacar Sadikh Bèye ne peut pas avoir les coudées franches pour faire ce qu’il veut de cet outil stratégique, même si son travail à l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd) a été bien apprécié quelque part.
Pis, en bisbille avec une partie de son personnel, M. Bèye s’est mis à dos un soutien de taille qui avait permis à Kanté de faire toute sa bamboula. Un même personnel qu’un autre de ses prédécesseurs Bara Sady avait pu mobilier autour d’un projet professionnel. Mais, Bèye n’a ni les projets de Bara ni l’argent de Kanté pour mettre ces derniers dans des conforts personnels.
Bâti pour être le port de l’Afrique de l’ouest, il est aujourd’hui catastrophique de constater, comme l’ont souligné ces cadres lors de leur face-à-face avec la presse de mercredi, qu’aujourd’hui, «Dakar est classé 5e derrière Lomé, Lagos, Téma et Abidjan». Car, géographiquement, Dakar a été privilégié par la nature. Mais, on peine à en faire un port attractif. Parce que, si on se gargarise d’être le port le plus proche de l’Europe et que les navires mettent énormément de temps pour débarquer leurs marchandises avec tous les surestaries, il n’est pas surprenant de voir des armateurs rediriger leurs navires vers Lomé en deux jours de mer pour ensuite emprunter la route. Et si ça continue, même Conakry risque de dépasser le Sénégal. Parce que le peu que Dakar a du trafic malien pourrait être perdu au profit d’Abidjan ou même de Conakry qui n’est pas très loin de Bamako.
Seyni DIOP